La liturgie nous invite à voir la vie en rose en cette semaine. Nous, nous la voyons plutôt grise, et tendant vers le noir. Le rose nous semble naïf, déraisonnable, peu au fait des réalités de notre monde. Et pourtant…
« Le monde attend de nous que nous vivions pour l’éternité, que nous vivions pour ce qui compte vraiment et ne passera jamais » nous dit Adrien Candiard, dans son livre Veilleur, où en est la nuit ? Cette phrase nous renvoie à ce que nous sommes : non des êtres définis par nos actions, notre métier, voire notre identité sexuelle. En tant que chrétiens, nous nous définissons par notre mission, reçue au baptême, cette mission qui est celle d’être témoins du Christ, de chercher à faire connaître celui qui est la pierre angulaire de notre vie. Et cela nous comble profondément.
Nous ne sommes pas en effet des êtres qui cherchent leur accomplissement personnel, comme si nous avions à découvrir enfin notre place dans ce monde. Nous ne pouvons pas simplement nous référer au monde comme la valeur absolue de notre vie. Ne cherchons pas à nous conformer ou à nous installer, comme s’il fallait demeurer dans ce monde, comme si le but de notre vie était de réaliser le rêve matériel de la réussite. Attachons-nous à ce qui demeure, à l’amour qui seul vaincra toutes nos turpitudes.
Le rose est le signe prophétique qu’une autre vie est possible, que la vie humaine n’a de sens non pour elle-même mais reliée au Christ, vainqueur de la mort.
Père Antoine