Les éditos du Curé

Je vais ouvrir vos tombeaux… »

Cette promesse du Seigneur par la bouche du prophète Ezéchiel s’accomplit d’abord dans la résurrection de Jésus. C’est l’amour qui l’a fait tenir en croix pour nous sauver, c’est encore l’amour qui le fait passer de la mort à la résurrection. C’est donc dans l’amour et dans l’amour seul que chacun de nous peut à son tour donner sens à sa mort, et passer de la mort à la vie éternelle.

Quelles que soient les circonstances de notre mort, accidentelles, criminelles, ‘naturelles’, nous nous retrouvons tous à égalité devant elle et ne pouvons pas nous en sortir tout seuls.

Jésus a voulu nous prouver sa puissance dès la résurrection de son ami Lazare, même s’il s’est agi pour lui d’un ‘simple’ retour à la vie naturelle.

Il veut bien davantage pour chacun de nous aujourd’hui, et il n’en tient qu’à nous de pouvoir déjà expérimenter cet amour qui un jour provoquera notre propre résurrection, éternelle.

Ne négligeons donc pas les moyens de prière, de jeûne et d’attention aux autres, en ces 15 jours qui nous séparent encore de Pâques. Le Carême est un vrai temps de grâces qui passe vite, profitons-en. La façon dont nous allons vivre ensuite le temps de Pâques, et ressusciter à notre tour un jour,  en dépend grandement.

+Père Jean-Brice Callery

19 mars – Fête de Saint Joseph

Je désire aujourd’hui invoquer la protection céleste de saint Joseph sur tous les papas et sur les tâches dans le cadre de la famille. Je lui confie également les évêques et les prêtres, auxquels revient dans la famille ecclésiale le service de la paternité spirituelle et pastorale. (Jean Paul II)

Saint Joseph, époux de la Mère de Dieu, chaste gardien de la Vierge, protecteur du Fils de Dieu, Chef de la sainte Famille,

priez pour les pères et les mères de famille, « afin qu’ils sachent toujours apprécier la beauté d’une vie simple, de travail, en cultivant avec tendresse la relation conjugale et en accomplissant avec enthousiasme la grande et difficile mission éducative ».

Saint Joseph, homme de silence, ouvert à la Parole de Dieu, disponible à la volonté divine, très prudent et très courageux,

priez pour les jeunes qui se préparent à répondre à une vocation religieuse ou sacerdotale, et ceux qui se posent la question.

Saint Joseph très juste, très chaste, très prudent, très obéissant, très fidèle, amant de la pauvreté,

priez pour les religieux et consacrés et aidez-les à « observer, dans la joie et la fidélité, les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance ».

Saint Joseph, soutien des familles, consolateur des malheureux, protecteur de la Sainte Eglise,

priez pour les « prêtres, qui exercent la paternité vis-à-vis des communautés ecclésiales, et obtenez-leur d’aimer l’Eglise avec affection et dévouement total ».

Inspiré des litanies de Saint Joseph, et de Benoit XVI (19 mars 2006)

On ne marchande pas avec le Seigneur

Je me souviens d’une grande tante qui invoquait souvent saint Joseph (le mois de mars lui est consacré, rappel !), et qui quand il ne l’exauçait pas, retournait vers le mur la statue qu’elle en avait. Cela peut prêter à sourire, bien sûr, et nous ne nous en privions pas. Ce comportement n’était pas bien méchant, mais il peut tout de même nous faire réfléchir sur notre façon de prier. Et en particulier en ce jour où Jésus chasse des marchands du Temple. Car au-delà du trafic et de l’argent circulant au milieu d’un lieu dédié à la prière et aux sacrifices, cet événement peut désigner quelque chose de plus profond : notre ‘marchandage’ spirituel avec Dieu, dans une logique peut-être trop souvent de ‘donnant-donnant’.

Aussi l’occasion nous est donnée de renoncer pendant ce Carême à cette mauvaise logique. Et d’entrer dans la seule logique de la prière et de l’Amour qui puisse réellement tenir et porter du fruit : la logique du ‘confiant-confiant’.

Certes, Dieu est si Bon qu’il peut entendre même nos prières un peu ‘marchandées’ ; mais quel bonheur nous lui donnons quand nous entrons dans une prière plus gratuite, confiante, en amont de la plupart de nos demandes. Ce n’est rien de moins que la prière qu’il nous a lui-même enseignée : Notre Père, que ta Volonté soit faite…

+Père Jean-Brice Callery

Un Carême articulé…

« La grâce de Jésus notre Seigneur,  l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’EspritSaint, soient toujours avec vous ».

Ce verset final de la seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens est aussi ce qui introduit chaque début de messe.

C’est à une vie trinitaire en effet que nous sommes appelés : c’est-à-dire une vie d’Amour, une vie de Relations.

Pour cela, Dieu fait grandir en nous dès ici-bas trois vertus théologales,  divines pourrait-on dire, qui nous mettent en relation directe avec Lui : la Foi, en lien plus direct avec le Fils ; l’Espérance, en lien plus direct avec le Père ; et la Charité, l’Amour, en lien plus direct avec l’Esprit-Saint.

Pour cela aussi, Dieu nous a dotés d’une intelligence, pour croire ; d’une mémoire, pour espérer ; d’une volonté, pour aimer.

Pour cela enfin, Dieu nous offre le jeûne, pour aider à faire grandir notre espérance, et notre chasteté. Il nous offre aussi la prière, pour faire grandir en nous la foi et l’obéissance. Il nous propose enfin l’aumône (le partage), pour faire grandir en nous l’amour et la pauvreté.

C’est tout le sens d’un nouveau Carême de nous faire ainsi progresser dans la vie divine, au moyen des ces efforts de prière, de jeûne et de partage.

Bon Carême trinitaire !

+Père Jean-Brice Callery

« Je le veux, sois purifié ».

C’est clair. Si nous demandons à Jésus s’il veut ou non nous purifier, la réponse est oui.

Mais comme Jésus voit toujours plus loin et plus profond que nous, sa purification va elle aussi d’abord viser le plus profond : le cœur de l’homme, « compliqué et malade ».

L’onction des malades que nous pouvons recevoir en ces jours de prière pour les malades vise aussi d’abord notre cœur. C’est parce que notre cœur, notre âme, peut être malmené(e) par nos souffrances physiques ou/et morales, que ce sacrement a été inventé par Jésus.

Nous lui confions nos épreuves, nos maladies, pour qu’il les porte de l’intérieur avec nous. Jusqu’à l’extérieur parfois, quand il vient aussi soulager voire guérir certaines de nos infirmités physiques ou psychiques.

« Dans l’onction des malades, Dieu nous assure de sa bonté, nous offre force et consolation », « les sources de sa force jaillissant vraiment au cœur de la faiblesse humaine », rappelle le pape Benoît XVI.

Qui plus est, « si l’attention et le soin pastoral des malades est le signe de la tendresse de Dieu pour celui qui souffre, elle constitue également un bien spirituel pour les prêtres et la communauté chrétienne tout entière », ajoute-t-il. Car en rendant visite aux personnes malades et en leur proposant ce sacrement, nous prenons conscience que ce qui est fait au plus petit est fait à Jésus lui-même, nous nous ‘christianisons’ donc au passage…

+Père Jean-Brice Callery

Une journée pour nous faire du bien…

Aujourd’hui l’Evangile nous présente une journée ‘ordinaire’ de Jésus.

A faire le bien. Et à ne faire que ça.

Les deux lectures de ce dimanche nous donnent le choix pour orienter nos propres journées :

Soit maugréer comme Job et nous plaindre tout du long : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée ».

Soit rendre grâce comme saint Paul et servir: « Je me suis fait le serviteur de tous… j’ai partagé la faiblesse des plus faibles… je me suis fait tout à tous… à cause de l’Evangile ».

Pour nous aider à choisir le bien et à ne choisir ‘que ça’, Jésus nous invite chaque jour à nous lever avec lui, à aller dans un endroit désert, et à prier.

C’est sa démarche quotidienne qui sous-tend toutes ses bonnes actions.

Chacun d’entre nous, quel qu’il soit et quel que soit son état de vie peut en faire autant. Pour certains, c’est 1/4h de prière silencieuse le matin avant de partir travailler, d’autres vont rejoindre l’oraison-adoration paroissiale à 8h ; d’autres encore s’arrêteront dans un lieu tranquille entre midi et deux, d’autres enfin déposeront leur vie en Dieu le soir…

Peu importent les façons de faire, en fait. Mais importe beaucoup en revanche le fait de le faire.

+Père Jean-Brice Callery

« Qu’est-ce que cela veut dire ? »

Cette question des contemporains de Jésus devant ses agissements spectaculaires, elle peut être aussi la nôtre aujourd’hui. Mais peut-être pour des raisons inverses !

Ainsi, voir Jésus expulser un esprit mauvais d’un homme possédé a pu légitimement « saisir de frayeur » les témoins de cette scène.

A l’inverse peut-être, voir que depuis 1982 ans [d’après les calculs, le vendredi saint était le 7 avril de l’année 30], le Seigneur agit la plupart du temps de manière beaucoup moins spectaculaire contre le mal peut nous rendre à nouveau perplexes et interrogatifs : qu’est-ce que cela veut dire en effet ? Pourquoi Dieu apparemment n’agit plus de manière aussi directe contre le mal ?

Sans doute que Jésus a reconnu le besoin que nous avions de voir des signes forts manifestant sans contestation possible son autorité, sa divinité.

Et sans doute aussi désire-t-il maintenant agir contre le mal non pas tout seul, directement, mais avec nous, plus indirectement donc.

Oui, c’est nous désormais que Jésus veut revêtir de Sa puissance pour que le mal ne l’emporte pas en ce monde et au-delà.

Cela devrait nous impressionner au moins autant que les contemporains de Jésus et nous pourrions dire après eux : Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu nous prend au sérieux à ce point qu’il ne veut pas nous sauver sans nous ?

+Père Jean-Brice Callery

« Le temps est limité. »

Par définition. Sans quoi ce ne serait pas du temps, ce serait de l’éternité.

Or nous sommes faits pour l’éternité. La beauté du monde, notre conscience et la
Révélation biblique crient notre désir d’éternité.

C’est pourquoi saint Paul nous invite à user des choses du temps au regard de
l’éternité.

Et donc de garder une distance intérieure (infinie !) entre les choses, les événements,
les personnes, et cet appel à du ‘toujours’ auquel précisément les choses,
les événements et les personnes ne peuvent apporter de réponse satisfaisante.

Non pas pour sombrer dans l’indifférence égoïste vis-à-vis des choses de ce monde.
Bien au contraire, pour les aborder dans la seule perspective qui leur permettra de
durer : la perspective divine.

Oui, pour garder nos amis, nos maris, nos femmes, nos enfants, nos parents, et même
les réalités physiques et construites dans ce monde, Jésus nous appelle à « laisser
nos filets et à le suivre ». Bref, pour tout garder, à tout donner. Pas trop de la brève
durée d’une vie sur terre pour nous apprivoiser à cette éternité divine.

                                                                                     +Père Jean-Brice Callery

« Tu m’as appelé, me voici »

Je ne suis pas sûr que ces paroles du jeune Samuel interpellé par le Seigneur dans son sommeil nous viennent spontanément à l’esprit quand nous nous réveillons le matin.

Elles nous seraient sans doute pourtant profitables !

Même si nous n’entendons pas le Seigneur chaque matin nous appeler par notre prénom, le simple fait de nous réveiller vivants est un signal d’appel de sa part.

Chaque jour en effet le Seigneur, comme pour Samuel, vient se placer près de nous, et nous appelle « comme les autres fois ».

Rachetés très cher par la mort et la résurrection de Jésus, nous avons encore plus de raisons que Samuel de dire chaque matin au Seigneur « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». En effet, nous dit saint Paul en ce jour, nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, notre corps est le Temple de l’Esprit-Saint. C’est en nous désormais que le Seigneur veut établir sa demeure habituelle, y transposer d’une certaine façon toute son intimité trinitaire, nous  faire communier de l’intérieur à sa propre Vie.

Le Seigneur vient se placer près de nous, plaçons-nous et restons près de lui.

+Père Jean-Brice Callery

« Ton cœur frémira et se dilatera »

C’est la prophétie d’Isaïe en cette solennité de l’Epiphanie.  La venue des Rois Mages à Bethléem vient le manifester publiquement. Non, le Christ n’est pas réservé au petit peuple juif, il est vraiment donné à tous.

C’est dans cet esprit de gratuité que je veux aussi rendre grâce aujourd’hui pour mon ordination comme prêtre il y a dix ans. Prêtre non pour moi, mais pour vous, par vous aussi. Gratuitement, sans mérite au préalable. Une amie religieuse évoque en ces mots cet anniversaire ‘épiphanique’ :

« Le mage arriva, avec un peu de retard –il faut bien le dire- à Bethléem… Pourtant, il connaissait le chemin ! Chaque année, depuis dix ans, il venait déposer aux pieds d’un ENFANT un cadeau, fruit de labeurs et de sacrifices répétés… Drôle de cadeau : des personnes !… toutes si différentes et aussi des choses que seul l’Enfant voyait… Cette année-là, il avait –pensait-il- particulièrement atteint son but – dix ans, vous pensez, cela compte dans une vie… Le sourire de l’Enfant – un rien malicieux- qui l’enveloppait tout entier, lui semblait plus lumineux, plus intense… Tout étonné, il entendit, dans le silence de son cœur : « Fidèlement tu viens à moi depuis dix ans, mais c’est Moi qui suis VENU pour toi, pour tous… et tu n’aurais pu faire ce chemin si je ne t’avais attiré à Moi. Tu cherches à M’aimer, à me prouver ton amour depuis dix ans… mais Moi, je t’ai aimé, choisi depuis… avant la fondation du monde ».  Le mage leva les yeux et se perdit dans le REGARD de l’ENFANT. En repartant de Bethléem, il ne songeait plus guère à ce qu’il pourrait Lui apporter une autre fois, qu’à la Plénitude et la Vérité qui l’avaient envahi : celle d’être AIME, immensément aimé par Celui dont il se disait le serviteur… »

Puisse mon cœur de prêtre continuer de frémir et de se dilater… Pour vous, pour tous, pour Lui 

                          
+Père Jean-Brice Callery