Les éditos du Curé

« Je ne peux  rester silencieux »

« Je ne peux rester silencieux » : ces mots vous les découvrirez dans la déclaration de notre évêque, Mgr Aumonier, qui est transmise aujourd’hui dans toutes les paroisses du diocèse. Ces mots sont prononcés face à une injustice, qui sera faite à des enfants à qui on volera les mots pourtant sacrés de « père » et « mère », devenus « parent 1 » et « parent 2 » ( Vous ne rêvez pas, c’est ainsi mentionné dans le projet de loi ouvrant l’adoption aux couples de même sexe ).

Ces mots sont comme un écho des paroles fortes, prononcées par un autre évêque, St Jacques, il y a près de 2000 ans. Dans sa lettre, l’Apôtre s’insurge contre l’injustice sociale et l’indifférence de certains riches face aux drames de la pauvreté.

Deux exemples de prise de parole d’évêque, hier et aujourd’hui. Deux interpellations des consciences, face à deux formes d’injustice. Le sujet n’est pas strictement « spirituel ». L’Eglise ne s’est jamais réduite au cultuel. L’Eglise s’est toujours faite la gardienne de la dignité de l’homme, des plus petits et des plus fragiles en particulier. Elle se veut servante du bien de l’homme, dans toutes ses dimensions, sans en négliger aucune.

Aujourd’hui, à travers la voix de notre évêque, l’Eglise ne reste pas silencieuse.  Avec un immense respect pour les personnes, avec une bienveillance qui appelle au dialogue, avec intelligence et confiance, avec une douce mais vraie fermeté, elle se fait la voix des sans voix, de ces petits dont parle l’Evangile, de ces enfants victimes de l’idéologie de ceux qui hurlent, et de la faiblesse de ceux qui se taisent.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une Paroisse qui prie pour les vocations.

Le 1er Vendredi du mois a déjà une place particulière dans notre paroisse. Après en avoir parlé avec plusieurs d’entre vous, je voudrais qu’on en fasse un vrai rendez-vous paroissial, offert pour demander les vocations sacerdotales et religieuses dont nous avons tant besoin.  Pourquoi ?

Ces 1er Vendredi du mois, nous contemplons tout spécialement  le Cœur de Jésus, auquel a été consacré notre paroisse en 2008.  A Sainte Marguerite Marie, Jésus apparaît en 1675 à Paray le Monial et lui dit, en montrant son Cœur : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes… ». Nous trouvons là le sens premier de l’effort que nous allons tous essayer de faire pour nous retrouver ensemble pour la messe du soir et/ou l’adoration ces 1er Vendredis du mois : consoler Jésus, réparer l’indifférence  des hommes (dont la nôtre !), lui témoigner notre reconnaissance. L’Amour appelle l’amour !

« Le sacerdoce, c’est l’Amour du Cœur de Jésus » s’écriait le Curé d’Ars. Ce cœur qui a tant aimé les hommes, il faut des prêtres, des religieux, des religieuses pour le faire connaître et aimer. Il faut des jeunes qui entendent l’appel à aimer Jésus au point de le suivre, et à sa suite, d’aimer comme Il aime : jusqu’au don total de leur vie.  Je voudrais que cette prière pour les vocations s’incarne désormais concrètement chaque 1er Vendredi du mois. Le Seigneur se laissera toucher par une paroisse ainsi rassemblée pour lui demander « d’envoyer des ouvriers pour la moisson ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une promesse.

Cette semaine, la mise en œuvre de la promesse électorale d’ouvrir le mariage et l’adoption aux couples homosexuels a été confirmée. Elle est déjà en préparation. On découvre ainsi qu’il faut toujours se méfier des promesses faites pour plaire. On risque ensuite d’en être prisonnier. Pour ne pas décevoir un petit nombre, on va nous imposer un bouleversement culturel, humain, sociétal inouï dont le prix sera payé par les plus fragiles : les enfants, à qui sera volé ce repère essentiel de la complémentarité père/mère. Parfois les évènements de la vie font qu’il manque un papa ou une maman. C’est toujours une épreuve, affrontée avec courage par beaucoup de parents seuls. Institutionnaliser cette épreuve et l’imposer à des enfants, c’est profondément injuste.

A mon petit niveau, je ne vous ferai, au jour de mon installation, qu’une seule promesse, simple et vraie : ni celle de vous plaire, ni de chercher à vous plaire. Je vous promets simplement de faire de mon mieux. Je vous promets de me donner entièrement, avec tout ce que je suis, avec les talents que Dieu m’a donnés et les défauts que je traîne, à cette mission qui m’est aujourd’hui confiée. Car je sais qu’au soir de ma vie j’aurai à rendre compte du salut de chacun des habitants de cette ville.

C’est donc dans une « grave allégresse » que je reçois cette mission, tout à la joie de vous servir et de vous entraîner, et en même temps conscient de la grande et  grave responsabilité qu’est la mienne désormais. J’ose simplement vous demander votre prière… que Dieu me donne toujours plus un cœur de Père !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il l’est pour vous » Curé d’Ars

Dans la perspective de mon installation le 16 septembre comme votre curé, je voudrais continuer de méditer avec vous le rôle du prêtre, et plus particulièrement d’un curé. Collaborateur de l’évêque, recevant sa charge de lui, le curé exerce une véritable paternité spirituelle vis à vis de ses paroissiens.

Père, il l’est en exerçant l’autorité. Il est le chef de la communauté, à la façon de l’évangile : « non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » à la suite du Bon Pasteur. Cette autorité est un service, elle permet une véritable unité dans la diversité.

Père, il l’est en enseignant les vérités de la foi de l’Eglise. Ce n’est pas son opinion que les paroissiens réclament, mais la Vérité qui sauve, et dont le curé tâche de se faire le « coopérateur » pour reprendre la belle devise de Benoît XVI.

Père, il l’est en faisant grandir ceux qui lui sont confiés. Père, il donne la Vie à travers les sacrements ; il relève, encourage, exhorte, console et entraîne… Père, il l’est par son ordination, qui le rend à la fois témoin et canal de la Miséricorde du Père. Il voudrait en être comme une icône. Qu’en le voyant vivre, se donner et servir, ses paroissiens puissent comprendre quelque chose de la façon dont leur Père du Ciel les aime…

Tout cela en étant un homme, un pauvre pécheur… Mystère immense du prêtre, Mystère si grand d’un Dieu qui sauve à travers ces mains consacrées et si fragiles à la fois.  Merci de prier pour votre curé : qu’il soit pour vous un père, selon le cœur de Dieu.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Changer, occasion de grandir »

 

Chaque rentrée apporte son lot de changements. Cette année, notre paroisse est aussi concernée puisque lui est donné un nouveau curé.

Comme tous les changements, celui-ci nous bousculera forcément dans nos habitudes et nos attachements. Ce n’est pas évident de changer ! Ni pour une communauté, qui s’était attachée à son curé – et on la comprend, au vu de tout ce qu’aura fait le Père Callery avec vous et pour vous – ni pour un prêtre, qui s’était attaché à son peuple, qui doit le quitter et en recevoir un autre à servir et à aimer.

Nous ne nous sommes pas choisis. Nous nous recevons mutuellement du Christ. Le prêtre ne choisit pas sa mission, il la reçoit du Christ, par son évêque. Les fidèles ne choisissent pas leur curé, ils le reçoivent de l’Eglise.

Voilà pourquoi ce changement est une belle occasion de grandir dans la foi. Au delà des hommes si différents qui se succèdent, vous êtes appelés à vous attacher au Christ qui agit à travers ses prêtres, tels qu’ils sont. Au delà des particularités de chaque communauté paroissiale, je suis appelé comme curé à vous recevoir du Christ, à vous aimer et vous servir à sa suite, à vous contempler comme Il vous voit : fils et filles de Dieu, appelés à la Sainteté, en pèlerinage sur la terre, dans l’attente du face à face !

Je n’arrive donc qu’avec un seul « programme », celui que le curé d’Ars promettait au jeune qui lui avait montré le chemin de sa nouvelle paroisse : « vous montrer le chemin du Ciel ». Et tant qu’à faire, essayer de le prendre avec vous !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Ma grâce te suffit »

Jésus a offert cette parole à saint Paul pour le réconforter au milieu des « faiblesses, insultes, contraintes, persécutions, et situations angoissantes » (2 Co 12).

Nous la recevons au début de ce nouvel été pour le vivre en Dieu.

Si la puissance de Dieu peut se déployer dans nos faiblesses, elle n’est pas pour autant exaltation de nos limites et de nos imperfections, ou encore mépris de nos qualités et de nos forces. Dieu nous invite plutôt à reconnaître en toute situation qu’il est vraiment Dieu, plus grand que nous, en amont, en aval et au cœur de toutes nos pensées et actions.

Il est fort probable que le Seigneur nous invite cet été à en prendre davantage conscience – et à nous en réjouir – en donnant du temps à la prière. En ‘perdant’ volontairement du temps pour le Créateur et maître du temps. A trouver ainsi l’éternité déjà cachée au cœur du ‘temps qui passe’.

D’autres occasions vont nous être offertes pour ainsi perdre du temps cet été et gagner de l’éternité en échange : des rencontres familiales, des camps, des découvertes de paysages reposants, des marches, des passages dans des églises…

Au travers de ce temps particulier de l’été et des vacances pour beaucoup, réjouissons-nous de la révélation reposante que Dieu pourra y faire de lui-même.

Oui, « venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » (Mt 11)

+Père Jean-Brice Callery

« Ne crains pas, crois seulement »

Cette petite phrase de Jésus aujourd’hui devrait nous habiter comme un refrain intérieur au milieu de toute pensée, de tout sentiment, de toute chose, de toute activité. Croire, au-delà de toute peur possible, de toute appréhension, que Dieu est là. Plus intime et plus grand que nous à la fois.

« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu », dira Jésus à Marthe incrédule devant la mort de son frère Lazare.

Et pour Lazare comme pour la fille de Jaïre, la foi obtient le miracle : la résurrection, sinon définitive, du moins déjà prophétique dans sa version provisoire.

Des « agitations et des pleurs » peuvent évidemment survenir dans la vie de chacun d’entre nous. Devant cela, Jésus continue de demander la même chose : la foi, au-delà du visible, au-delà du seul possible à vue humaine ; la folle espérance en un Dieu qui « ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants » (Sg 1,13) ; l’amour qui s’inspire de  « la générosité de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Co 8,9).

Cherchons donc à avancer ensemble dans une même foi, une même espérance, un même amour. Et pour y grandir, imitons la femme souffrante dont l’Evangile nous parle aussi aujourd’hui, qui a été guérie en touchant simplement le vêtement de Jésus et en posant un acte de foi. A notre tour, venons toucher Jésus dans la prière, dans les sacrements, dans sa Parole, et dans nos attentions mutuelles les uns pour les autres.

+Père Jean-Brice Callery

« Il faut qu’il grandisse et que je diminue » (Jn 3,30)

Voilà la réponse donnée par Jean-Baptiste lui-même, adulte, à la question de son entourage, lors de sa naissance : « que sera donc cet enfant ? » (Lc 1,66). Cet enfant sera l’ami de l’Epoux, celui qui est envoyé devant Lui, qui entend sa voix, qui en est tout joyeux, qui sait qu’il ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du Ciel.

Voilà aussi le verset qu’avec 3 amis nous avions choisi d’inscrire sur une image souvenir de notre ordination comme diacres, il y a 11 ans jour pour jour.

Voilà peut-être encore le sens profond des changements de curés dans les paroisses. Manifester qu’au centre d’une vie chrétienne, paroissiale, il n’y a pas tel ou tel prêtre, mais le Christ en personne, qui choisit certes de passer par ses prêtres, mais qui les déborde tous.

Voilà donc mon sentiment profond au bout de ces 6 années à votre service comme curé à Saint-Cyr. Immense action de grâce pour les grâces vécues et célébrées ensemble. Immense miséricorde demandée pour ce qui n’a pas été « selon le cœur » de Dieu, pour reprendre l’expression de saint Paul dans les Actes des apôtres aujourd’hui (Ac 13,22). Immense désir d’en vivre et aimer « davantage » avec vous tous, pour reprendre cette fois l’expression d’un saint Vincent de Paul à la fin de sa vie.

Par ces lignes je ne vous laisse pas déjà mon testament ! Même si bien entendu, comme pour vous tous je ne sais ni le jour ni l’heure de ma fin terrestre, je sais que la mission va a priori continuer pour moi dès septembre prochain : dans les paroisses de la vallée de Chevreuse, où je me rends riche de toutes ces expériences saint-cyriennes au long de ces 6 années. Merci à vous tous, pardon à vous tous, et qu’à travers ces changements notre union en Dieu grandisse !

+Père Jean-Brice Callery

Temps de la germination

Après les 50 jours du temps pascal, conclu par la Pentecôte, les fêtes de la Sainte Trinité puis du Saint-Sacrement, avant celle de saint Jean-Baptiste dimanche prochain, nous voici pour la 1ère fois depuis longtemps dans un dimanche ‘ordinaire’.

Ouf, serait-on tenté de dire, enfin un peu de calme ! Non pas pour nous plaindre bien sûr des célébrations plus festives, mais pour nous réjouir aussi de ce temps ‘normal’ que l’Eglise aime aussi vivre dans la simplicité des jours ‘habituels’.

Non pas que ce temps soit triste ou sans fruit, l’Evangile de ce jour est clair à ce sujet : le règne de Dieu est ainsi présenté comme d’un homme qui jette du grain dans son champ : « qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4,27).

Nous savons tout de même un peu comment le Seigneur nous fait grandir : la puissance de son Esprit nous travaille comme un jardinier son jardin. Mais il est vrai que ce n’est pas pour planter ou arracher en permanence ; c’est aussi en ‘laissant faire’, en laissant grandir au cours du temps.

Puissions-nous communier à cette patience de Dieu en nos vies, pour que nous germions et grandissions comme il l’entend, comme il l’attend. « Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai » (Ez 17,24).

+Père Jean-Brice Callery

Cœur eucharistique de Jésus… j’ai confiance en toi !

Ouh là, quelle expression ! ‘Cœur eucharistique de Jésus’ ?… Qu’est-ce à dire ? C’est déjà unir en une seule phrase les deux solennités de cette semaine, celle du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, ce dimanche ; et celle du Sacré-Cœur, vendredi prochain.

C’est prendre conscience à cette occasion que le Christ a un Cœur, qui est l’essentiel de sa personne, son intimité même. Et que ce Cœur est Amour Pur, que ce cœur est ouvert et offert. C’est bien ce qui se passe à chaque messe, c’est bien le sens du ‘Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ’.

Voilà qui pourrait nous aider aussi à retrouver le sens de l’adoration eucharistique : ces moments où nous  nous retrouvons face au Christ Jésus réellement présent dans l’Hostie consacrée, au tabernacle. Ces moments doivent donc être des moments de cœur à Cœur avec le Seigneur : des moments que la célébration de la messe appelle ; des moments qui appellent à mieux vivre la célébration de la messe. Cette union inséparable entre la célébration de la messe et l’adoration eucharistique, le pape Benoît XVI la souligne fortement cette année : « l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie s’est faite aux dépends de l’adoration, en tant qu’acte de foi et de prière adressée au Seigneur Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel », rappelle-t-il. « En réalité, c’est une erreur que d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie bien et en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur », a expliqué le pape. Puissent nos cœurs entendre cet appel du Cœur du Christ à nous rejoindre dans l’eucharistie, célébrée et adorée.

+Père Jean-Brice Callery