Les éditos du Curé

Temps de la germination

Après les 50 jours du temps pascal, conclu par la Pentecôte, les fêtes de la Sainte Trinité puis du Saint-Sacrement, avant celle de saint Jean-Baptiste dimanche prochain, nous voici pour la 1ère fois depuis longtemps dans un dimanche ‘ordinaire’.

Ouf, serait-on tenté de dire, enfin un peu de calme ! Non pas pour nous plaindre bien sûr des célébrations plus festives, mais pour nous réjouir aussi de ce temps ‘normal’ que l’Eglise aime aussi vivre dans la simplicité des jours ‘habituels’.

Non pas que ce temps soit triste ou sans fruit, l’Evangile de ce jour est clair à ce sujet : le règne de Dieu est ainsi présenté comme d’un homme qui jette du grain dans son champ : « qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4,27).

Nous savons tout de même un peu comment le Seigneur nous fait grandir : la puissance de son Esprit nous travaille comme un jardinier son jardin. Mais il est vrai que ce n’est pas pour planter ou arracher en permanence ; c’est aussi en ‘laissant faire’, en laissant grandir au cours du temps.

Puissions-nous communier à cette patience de Dieu en nos vies, pour que nous germions et grandissions comme il l’entend, comme il l’attend. « Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai » (Ez 17,24).

+Père Jean-Brice Callery

Cœur eucharistique de Jésus… j’ai confiance en toi !

Ouh là, quelle expression ! ‘Cœur eucharistique de Jésus’ ?… Qu’est-ce à dire ? C’est déjà unir en une seule phrase les deux solennités de cette semaine, celle du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, ce dimanche ; et celle du Sacré-Cœur, vendredi prochain.

C’est prendre conscience à cette occasion que le Christ a un Cœur, qui est l’essentiel de sa personne, son intimité même. Et que ce Cœur est Amour Pur, que ce cœur est ouvert et offert. C’est bien ce qui se passe à chaque messe, c’est bien le sens du ‘Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ’.

Voilà qui pourrait nous aider aussi à retrouver le sens de l’adoration eucharistique : ces moments où nous  nous retrouvons face au Christ Jésus réellement présent dans l’Hostie consacrée, au tabernacle. Ces moments doivent donc être des moments de cœur à Cœur avec le Seigneur : des moments que la célébration de la messe appelle ; des moments qui appellent à mieux vivre la célébration de la messe. Cette union inséparable entre la célébration de la messe et l’adoration eucharistique, le pape Benoît XVI la souligne fortement cette année : « l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie s’est faite aux dépends de l’adoration, en tant qu’acte de foi et de prière adressée au Seigneur Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel », rappelle-t-il. « En réalité, c’est une erreur que d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie bien et en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur », a expliqué le pape. Puissent nos cœurs entendre cet appel du Cœur du Christ à nous rejoindre dans l’eucharistie, célébrée et adorée.

+Père Jean-Brice Callery

Je crois !

C’est ce que nous affirmons au jour du baptême,  et que des « professions de foi » viennent redire publiquement en ces jours.

Jésus s’affirmant Chemin, Vérité et Vie, la foi elle-même est du coup ‘chemin’, et peut-être devrions-nous plutôt dire « je suis en train de croire ».

D’autant plus que nous croyons en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Nous reconnaissons ainsi combien Dieu n’est pas une réalité statique, mais un Mystère d’Amour dynamique, inépuisable, au nom duquel nous pouvons sans cesse progresser en foi et espérance.

La fête de la Sainte-Trinité en ce jour empêche notre foi d’être repliée sur elle-même, de réduire Dieu à nos conceptions étriquées. Elle nous oblige à entrer dans une dynamique de relations, d’accueil, de don, de communion.

Ce jour renouvelle pour nous l’accueil d’un Dieu Unique qui n’est pas solitaire, mais Mystère de Communion.

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit de Dieu, comme nous y invite saint Paul aujourd’hui, cet Esprit qui nous fait rentrer de l’intérieur dans le Cœur de Dieu. Puissions-nous alors porter sur nous-mêmes et sur tous ce regard ‘débordé’ qui ne voit chacun que dans cette lumière : celle d’un plus grand Amour en amont, en aval, et au cœur de chaque personne.

+Père Jean-Brice Callery

Epiclèse !

Littéralement, « invocation-sur ».

Voilà ce que nous demandons au Saint-Esprit en ce jour de Pentecôte.
Nous l’invoquons sur nous, pour nous.

La liturgie de l’Eglise souligne deux opérations spéciales du Saint-Esprit au cours de la messe :

– une 1ère épiclèse sur les dons (le pain et le vin), pour qu’ils soient changés par le Saint-Esprit et les paroles de Jésus, en Corps et Sang du Christ.

– une seconde épiclèse sur l’assemblée, pour que les personnes présentes deviennent elles-mêmes une vivante offrande à Dieu.

Saint Jean Damascène explique ainsi la 1ère épiclèse : « Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ, le vin Sang du Christ ? Moi je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée. Qu’il te suffise d’entendre que c’est par le Saint-Esprit, de même que c’est de la Sainte Vierge et par le Saint-Esprit que le Seigneur, par Lui-même et en Lui-même, assuma la chair »

Mais si l’Esprit-Saint vient rendre présent le Seigneur Jésus dans son Corps et son Sang, c’est pour que nous-mêmes devenions ce que nous recevons, le Corps du Christ, offert au Père et aux frères. Voici comment le catéchisme de l’Eglise explique cette seconde épiclèse de la messe : « L’épiclèse est aussi la prière pour le plein effet de la communion de l’assemblée au mystère du Christ… L’Eglise prie donc le Père d’envoyer l’Esprit-Saint pour qu’il fasse de la vie des fidèles une vivante offrande à Dieu par la transformation spirituelle à l’image du Christ, le souci de l’unité de l’Eglise et la participation à sa mission par le témoignage et le service de la charité. » (n°1109).

Viens, Esprit-Saint !

+Père Jean-Brice Callery

Viens Esprit-Saint !

La tradition de prier pendant 9 jours (une « neuvaine » de jours) trouve son origine dans les jours où nous nous trouvons. Neuf jours séparent en effet l’Ascension de la Pentecôte, et l’Eglise a pris l’heureuse habitude d’y voir le temps privilégié par excellence pour fonder toute prière, en union avec la Vierge Marie au Cénacle.
A savoir,  quelle que soit la ‘couleur’ particulière de la neuvaine (Neuvaine au Sacré Cœur, à la Vierge Marie, à tel ou tel saint..), la demande d’un renouvellement dans l’Esprit-Saint.

L’Esprit-Saint n’est pas avare de dons pour renouveler et approfondir en nous les vertus de foi, d’espérance et de charité. Pour cela en effet, il est prêt à nous prodiguer crainte, piété, science, conseil, force, intelligence et sagesse (Is 11,1-2). Prêt à nous partager les fruits de sa présence : amour, joie, paix, largeur d’esprit, générosité, bonté, foi, douceur, maîtrise de soi (Ga 5,22). Prêt à nous partager aussi ses charismes : telle ou telle vocation particulière, prophétie, parler en langues, chant en langues, guérison, miracles… et d’autres encore sans doute !

N’ayons pas peur de demander ces dons et ces charismes, même les plus étonnants, saint Paul en personne nous y encourage : « Poursuivez l’amour et ambitionnez les dons spirituels » (1 Co 14).

Mais « que tout soit constructif » (1 Co 14,26).

+Père Jean-Brice Callery

« Dieu ne fait pas de différence entre les hommes »

C’est dit et c’est fait pour Dieu. C’est franchement moins évident pour nous les hommes. Et pourtant notre salut dépend de notre accueil de cette parole.

C’est la mission du Saint-Esprit de s’emparer de nous pour réaliser cela.

Non pas gommer ici-bas les différences de races, de milieu, d’éducation, de culture, ou encore d’opinion, de caractère… Mais désormais en faire, dans le Saint-Esprit, des motifs d’enrichissement, de communion élargie, et non de séparation.

Encore une fois, plus facile à dire (et encore !) qu’à faire.

Et encore une fois, seul le Saint-Esprit envoyé par Jésus à la Pentecôte, qu’il part ‘chercher au Ciel’ par son Ascension, peut nous donner d’entrer dans l’intelligence et l’amour de cet appel.

Cette égale dignité de chaque être humain, elle est fondée dans l’Amour, et c’est seulement dans l’Amour qu’elle prend sens et envol.

Là encore, il ne s’agit pas de ‘bons sentiments’ seulement… ceux-ci peuvent ne jamais être ressentis ! Il s’agit d’aimer en y engageant toute sa volonté, son être profond, de ‘commander’ à son âme de se porter au bien, qu’elle ‘le sente ou pas’.

Puisse le Seigneur en ces jours de neuvaine entre Ascension et Pentecôte nous renouveler dans cet engagement.

+Père Jean-Brice Callery

Prières pour la France

En ce jour où notre pays choisit un Président pour les 5 ans à venir, je vous propose d’unir nos prières à l’intention du candidat élu, et de notre pays tout entier.

Voici l’oraison du Missel pour le pays : « Dieu qui veilles sur notre monde, regarde le pays où tu nous as donné de vivre ; accorde à tous ses habitants de rechercher le bien commun, à ceux qui nous gouvernent de le faire avec sagesse, afin qu’il y ait parmi nous plus de justice et dans le monde entier plus de bonheur et de paix ».

Et pour nos responsables et dirigeants : « Dieu éternel et tout-puissant, toi qui tiens en ta main le cœur des hommes, et garantis le droit des peuples, viens en aide à ceux qui exercent un pouvoir : que partout sur la terre s’affermissent avec ta grâce la sécurité et la paix, la prospérité des nations et la liberté religieuse ».

Enfin, toujours sans mélanger les genres, sans confondre ni séparer César et Dieu, voici des extraits d’une prière à la Vierge Marie du défunt pape Jean-Paul II, béatifié il y a un an : « Ô Vierge très sainte, nous te présentons tes fils et tes filles de France. Garde l’Eglise sur cette terre dans la fidélité à l’Evangile de ton Fils, dans l’unité de la foi et le dynamisme de l’Espérance. Fais des baptisés de ce peuple des témoins courageux de la Vérité et des bâtisseurs de Paix [comme les deux candidats à l’élection présidentielle sont baptisés, cette prière concerne bien chacun d’eux !]. Aide les fils de l’Eglise en France à faire face aux difficultés de cette époque dans une loyale collaboration avec leurs compatriotes qui appartiennent à d’autres traditions religieuses ou à d’autres familles d’esprit. Ô Notre-Dame, Patronne de la France, nous te bénissons car tu es celle qui as cru en l’accomplissement de la Parole de Dieu et en son Amour qui s’étend d’âge en âge ».

Ainsi soit-il !                                                          

       +Père Jean-Brice Callery

« 8 JOURS PLUS TARD… »

Nous avons dans l’Evangile de ce second dimanche de Pâques le démarrage de toutes les messes dominicales. C’est Jésus lui-même qui a inauguré ce rythme hebdomadaire des célébrations de sa mort et de sa résurrection, dont chaque messe nous rend participants.

Le 8ème jour, c’est aussi l’indication d’une ‘sortie du temps’, au-delà donc des 7 jours que chaque semaine comporte.

Si la Providence donne à un grand nombre de pays de ne pas travailler le samedi et le dimanche, le repos de ce deux jours n’a pas le même sens pour un chrétien.

Le repos du samedi est toujours celui du shabbat juif : le repos de la création qui se reconnaît dépendante de son Créateur, qui ne fait pas de son travail un absolu, une fin, mais un moyen d’union à Dieu
et de coopération à son œuvre.

Le repos du dimanche, le 8ème jour,  est celui, anticipé, du Ciel ! De la recréation, de la transfiguration en Dieu de toutes choses, de la résurrection. Un nouveau mode de vie y est inauguré.

C’est enfin en ce second dimanche après Pâques la fête de la Divine Miséricorde, voulue expressément par le Christ, à travers la médiation de sainte Faustine. C’est effectivement un repos, et non des moindres, que donne l’expérience du pardon, notamment à travers le sacrement de confession.

Si on y ajoute cette année un temps de vacances scolaires pour beaucoup, que de façons offertes ainsi de nous reposer… en Dieu :)

+Père Jean-Brice Callery

Le Christ, mon espérance, est ressuscité !

Si la mort de Jésus est déjà salut pour nos âmes, c’est la résurrection de son corps
le dimanche de Pâques qui inaugure une nouvelle ère pour l’espèce humaine :
une ère divine, éternelle !

Dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, le Christ empêche nos âmes et
nos corps de sombrer dans le mal et dans la mort.

Désormais, depuis le dimanche 9 avril de l’année 30 (d’après les meilleurs calculs ;-),
l’humanité toute entière est en train de muter, d’entrer dans un nouvel espace,
un nouveau temps, une nouvelle matière ; l’espace, le temps et la matière de la
résurrection de Jésus.

La logique de cette mutation est celle de l’Amour, reçu et donné. Plus nous aimons,
plus nous mourons et ressuscitons. Plus nous nous servons les uns les autres, plus
nous traversons déjà la mort avec le Christ Ressuscité.

Les 40 jours du temps de Pâques jusqu’à l’Ascension sont, après les 40 jours du
temps du Carême, le deuxième versant d’un même Amour. Amour qui fait mourir
le mal et la mort en les endossant (au sens strict..). Amour qui fait ressusciter
en recréant à neuf.

« Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde,
qu’éclate dans l’Eglise la joie des fils de Dieu ! La lumière éclaire l’Eglise, la lumière
éclaire la terre, peuples chantez ! Nous te louons, Splendeur du Père,
Jésus Fils de Dieu ! »

+Père Jean-Brice Callery

Entrons en Semaine Sainte avec le prophète Zacharie.

Plus de 300 ans avant Jésus, quelques versets du livre de Zacharie annoncent très explicitement la venue du Messie que nous reconnaissons en Jésus.

Je vous en partage 3 caractéristiques qui pourraient nous accompagner tout au long de cette sainte semaine : un roi humble, un roi bon berger, un roi au cœur transpercé.

-Un roi humble d’abord, que ce jour des Rameaux nous donne à acclamer : « Réjouis-toi, fille de Sion, lance des cris joyeux, fille de Jérusalem, car voici que ton roi vient à toi. Il t’apporte justice et victoire, il est humble, monté sur un âne, sur un ânon, petit d’une ânesse. Il détruira les chars d’Ephraïm et les chevaux de Jérusalem » (Za 9, 9-10).

-un roi bon berger ensuite : « Voici ce que dit le Seigneur mon Dieu : prends soin de ces brebis qu’on égorge … leurs pasteurs ne s’occupent pas d’elles… Alors je me fais pasteur de ces brebis » (Za 11,4 et Za 13,7).

-un roi transpercé : « Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit d’amour et de confiance ; ils regarderont vers celui qu’on a transpercé, et se lamenteront sur lui comme on fait pour un fils unique » (Za 12,9-14).

Les derniers versets de ce livre extraordinairement ‘messianique’ nous conduisent à une sainte source, le Cœur de Jésus en personne :

« En ce jour-là  [c’est-à-dire en cette sainte semaine], une source jaillira ; la maison de David et les habitants de Jérusalem y laveront leurs péchés et leurs impuretés … tout sera consacré au Seigneur Dieu … il n’y aura plus de marchands dans le Temple du Seigneur » (Za 14).

Béni soit le Seigneur !

+Père Jean-Brice Callery