Les éditos du Curé

Par amour…

Ce jeune homme riche qui s’approche de Jésus porte en lui une question fondamentale, LA question qui habite le cœur de tout homme : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ». Bien sûr, tous les hommes ne savent pas que cette vie éternelle leur est offerte, mais tous ont soif d’un bonheur véritable, plein, entier, sans fin, qui les comble vraiment. Un bonheur qui dépasse leurs faiblesses et les limites de ce monde.

La réponse de Jésus est éclairante. Comme première étape, il offre les commandements : en renonçant à ce qui nous abîme, nous retrouvons notre liberté intérieure. Mais éviter le mal ne suffira pas à nous combler. La deuxième étape est un appel à aimer : « Si tu le veux, viens…suis-moi ! ». Jésus, touché par la soif de ce jeune, lui propose de devenir un second St Jean ! Cet appel à entrer dans une amitié réelle avec le Christ nous est lancé à tous. Notre Bonheur véritable est là, dans cette suite du Christ. Car cette amitié avec le Christ donne du sens à notre observance, et la rend possible. Par amour, nous sommes capables du meilleur !

La morale ne peut être déconnectée de la foi comme nous le disions la semaine dernière. Elle ne peut être déconnectée non plus de l’amour. L’amour est la maturité de l’obéissance : la contrainte ou la peur de la sanction laisse la place au choix d’aimer, le découragement laisse la place au choix de se laisser aimer…

Si ce jeune homme avait gardé les yeux fixés sur Jésus, il aurait vu de quel Amour il était aimé, et à quel amour il était appelé ! Au dessus de ses forces, cela lui aurait été donné. Ne détournons jamais les yeux du Crucifié : nous y puiserons le désir et la capacité de le suivre. Pour notre plus grand Bonheur.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Année de la Foi : Le Pape veut nous réveiller !

« Le préjudice pour l’Église ne vient pas de ses adversaires mais des chrétiens attiédis » Ces  paroles de Benoît XVI, prononcées en Allemagne, éclairent les motivations de cette « Année de la Foi ». Voulue par le Pape, elle s’ouvre ce 11 octobre, 50 ans après l’ouverture du Concile Vatican II.

Est–ce une nouvelle stratégie que le Pape veut promouvoir ? Des nouvelles techniques de communication ? Des nouvelles structures ? Non. Même si ces moyens ont leur place, Benoît XVI veut surtout raviver la ferveur et la foi des chrétiens. Il faut des « saints ardents » disait le Pape aux jeunes allemands. Il faut des priants : «Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu pour pouvoir parler de Dieu » et des chrétiens qui ne le soient pas à moitié. Il s’agit de les rendre plus missionnaires en les rendant plus croyants eux-mêmes. « Nous souhaitons que le témoignage de vie des croyants grandisse en crédibilité. Redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée, et réfléchir sur l’acte lui-même par lequel on croit, est un engagement que chaque croyant doit faire sien, surtout en cette Année ».

Voilà au fond l’objectif de cette « Année de la Foi » pour nous catholiques : « redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi ». C’est une vraie réforme spirituelle, un travail de conversion profond et collectif auquel nous convie le Pape en 2012 : « L’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde. » Il n’en fallait pas moins pour nous réveiller !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Je ne peux  rester silencieux »

« Je ne peux rester silencieux » : ces mots vous les découvrirez dans la déclaration de notre évêque, Mgr Aumonier, qui est transmise aujourd’hui dans toutes les paroisses du diocèse. Ces mots sont prononcés face à une injustice, qui sera faite à des enfants à qui on volera les mots pourtant sacrés de « père » et « mère », devenus « parent 1 » et « parent 2 » ( Vous ne rêvez pas, c’est ainsi mentionné dans le projet de loi ouvrant l’adoption aux couples de même sexe ).

Ces mots sont comme un écho des paroles fortes, prononcées par un autre évêque, St Jacques, il y a près de 2000 ans. Dans sa lettre, l’Apôtre s’insurge contre l’injustice sociale et l’indifférence de certains riches face aux drames de la pauvreté.

Deux exemples de prise de parole d’évêque, hier et aujourd’hui. Deux interpellations des consciences, face à deux formes d’injustice. Le sujet n’est pas strictement « spirituel ». L’Eglise ne s’est jamais réduite au cultuel. L’Eglise s’est toujours faite la gardienne de la dignité de l’homme, des plus petits et des plus fragiles en particulier. Elle se veut servante du bien de l’homme, dans toutes ses dimensions, sans en négliger aucune.

Aujourd’hui, à travers la voix de notre évêque, l’Eglise ne reste pas silencieuse.  Avec un immense respect pour les personnes, avec une bienveillance qui appelle au dialogue, avec intelligence et confiance, avec une douce mais vraie fermeté, elle se fait la voix des sans voix, de ces petits dont parle l’Evangile, de ces enfants victimes de l’idéologie de ceux qui hurlent, et de la faiblesse de ceux qui se taisent.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une Paroisse qui prie pour les vocations.

Le 1er Vendredi du mois a déjà une place particulière dans notre paroisse. Après en avoir parlé avec plusieurs d’entre vous, je voudrais qu’on en fasse un vrai rendez-vous paroissial, offert pour demander les vocations sacerdotales et religieuses dont nous avons tant besoin.  Pourquoi ?

Ces 1er Vendredi du mois, nous contemplons tout spécialement  le Cœur de Jésus, auquel a été consacré notre paroisse en 2008.  A Sainte Marguerite Marie, Jésus apparaît en 1675 à Paray le Monial et lui dit, en montrant son Cœur : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes… ». Nous trouvons là le sens premier de l’effort que nous allons tous essayer de faire pour nous retrouver ensemble pour la messe du soir et/ou l’adoration ces 1er Vendredis du mois : consoler Jésus, réparer l’indifférence  des hommes (dont la nôtre !), lui témoigner notre reconnaissance. L’Amour appelle l’amour !

« Le sacerdoce, c’est l’Amour du Cœur de Jésus » s’écriait le Curé d’Ars. Ce cœur qui a tant aimé les hommes, il faut des prêtres, des religieux, des religieuses pour le faire connaître et aimer. Il faut des jeunes qui entendent l’appel à aimer Jésus au point de le suivre, et à sa suite, d’aimer comme Il aime : jusqu’au don total de leur vie.  Je voudrais que cette prière pour les vocations s’incarne désormais concrètement chaque 1er Vendredi du mois. Le Seigneur se laissera toucher par une paroisse ainsi rassemblée pour lui demander « d’envoyer des ouvriers pour la moisson ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une promesse.

Cette semaine, la mise en œuvre de la promesse électorale d’ouvrir le mariage et l’adoption aux couples homosexuels a été confirmée. Elle est déjà en préparation. On découvre ainsi qu’il faut toujours se méfier des promesses faites pour plaire. On risque ensuite d’en être prisonnier. Pour ne pas décevoir un petit nombre, on va nous imposer un bouleversement culturel, humain, sociétal inouï dont le prix sera payé par les plus fragiles : les enfants, à qui sera volé ce repère essentiel de la complémentarité père/mère. Parfois les évènements de la vie font qu’il manque un papa ou une maman. C’est toujours une épreuve, affrontée avec courage par beaucoup de parents seuls. Institutionnaliser cette épreuve et l’imposer à des enfants, c’est profondément injuste.

A mon petit niveau, je ne vous ferai, au jour de mon installation, qu’une seule promesse, simple et vraie : ni celle de vous plaire, ni de chercher à vous plaire. Je vous promets simplement de faire de mon mieux. Je vous promets de me donner entièrement, avec tout ce que je suis, avec les talents que Dieu m’a donnés et les défauts que je traîne, à cette mission qui m’est aujourd’hui confiée. Car je sais qu’au soir de ma vie j’aurai à rendre compte du salut de chacun des habitants de cette ville.

C’est donc dans une « grave allégresse » que je reçois cette mission, tout à la joie de vous servir et de vous entraîner, et en même temps conscient de la grande et  grave responsabilité qu’est la mienne désormais. J’ose simplement vous demander votre prière… que Dieu me donne toujours plus un cœur de Père !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il l’est pour vous » Curé d’Ars

Dans la perspective de mon installation le 16 septembre comme votre curé, je voudrais continuer de méditer avec vous le rôle du prêtre, et plus particulièrement d’un curé. Collaborateur de l’évêque, recevant sa charge de lui, le curé exerce une véritable paternité spirituelle vis à vis de ses paroissiens.

Père, il l’est en exerçant l’autorité. Il est le chef de la communauté, à la façon de l’évangile : « non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » à la suite du Bon Pasteur. Cette autorité est un service, elle permet une véritable unité dans la diversité.

Père, il l’est en enseignant les vérités de la foi de l’Eglise. Ce n’est pas son opinion que les paroissiens réclament, mais la Vérité qui sauve, et dont le curé tâche de se faire le « coopérateur » pour reprendre la belle devise de Benoît XVI.

Père, il l’est en faisant grandir ceux qui lui sont confiés. Père, il donne la Vie à travers les sacrements ; il relève, encourage, exhorte, console et entraîne… Père, il l’est par son ordination, qui le rend à la fois témoin et canal de la Miséricorde du Père. Il voudrait en être comme une icône. Qu’en le voyant vivre, se donner et servir, ses paroissiens puissent comprendre quelque chose de la façon dont leur Père du Ciel les aime…

Tout cela en étant un homme, un pauvre pécheur… Mystère immense du prêtre, Mystère si grand d’un Dieu qui sauve à travers ces mains consacrées et si fragiles à la fois.  Merci de prier pour votre curé : qu’il soit pour vous un père, selon le cœur de Dieu.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Changer, occasion de grandir »

 

Chaque rentrée apporte son lot de changements. Cette année, notre paroisse est aussi concernée puisque lui est donné un nouveau curé.

Comme tous les changements, celui-ci nous bousculera forcément dans nos habitudes et nos attachements. Ce n’est pas évident de changer ! Ni pour une communauté, qui s’était attachée à son curé – et on la comprend, au vu de tout ce qu’aura fait le Père Callery avec vous et pour vous – ni pour un prêtre, qui s’était attaché à son peuple, qui doit le quitter et en recevoir un autre à servir et à aimer.

Nous ne nous sommes pas choisis. Nous nous recevons mutuellement du Christ. Le prêtre ne choisit pas sa mission, il la reçoit du Christ, par son évêque. Les fidèles ne choisissent pas leur curé, ils le reçoivent de l’Eglise.

Voilà pourquoi ce changement est une belle occasion de grandir dans la foi. Au delà des hommes si différents qui se succèdent, vous êtes appelés à vous attacher au Christ qui agit à travers ses prêtres, tels qu’ils sont. Au delà des particularités de chaque communauté paroissiale, je suis appelé comme curé à vous recevoir du Christ, à vous aimer et vous servir à sa suite, à vous contempler comme Il vous voit : fils et filles de Dieu, appelés à la Sainteté, en pèlerinage sur la terre, dans l’attente du face à face !

Je n’arrive donc qu’avec un seul « programme », celui que le curé d’Ars promettait au jeune qui lui avait montré le chemin de sa nouvelle paroisse : « vous montrer le chemin du Ciel ». Et tant qu’à faire, essayer de le prendre avec vous !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Ma grâce te suffit »

Jésus a offert cette parole à saint Paul pour le réconforter au milieu des « faiblesses, insultes, contraintes, persécutions, et situations angoissantes » (2 Co 12).

Nous la recevons au début de ce nouvel été pour le vivre en Dieu.

Si la puissance de Dieu peut se déployer dans nos faiblesses, elle n’est pas pour autant exaltation de nos limites et de nos imperfections, ou encore mépris de nos qualités et de nos forces. Dieu nous invite plutôt à reconnaître en toute situation qu’il est vraiment Dieu, plus grand que nous, en amont, en aval et au cœur de toutes nos pensées et actions.

Il est fort probable que le Seigneur nous invite cet été à en prendre davantage conscience – et à nous en réjouir – en donnant du temps à la prière. En ‘perdant’ volontairement du temps pour le Créateur et maître du temps. A trouver ainsi l’éternité déjà cachée au cœur du ‘temps qui passe’.

D’autres occasions vont nous être offertes pour ainsi perdre du temps cet été et gagner de l’éternité en échange : des rencontres familiales, des camps, des découvertes de paysages reposants, des marches, des passages dans des églises…

Au travers de ce temps particulier de l’été et des vacances pour beaucoup, réjouissons-nous de la révélation reposante que Dieu pourra y faire de lui-même.

Oui, « venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » (Mt 11)

+Père Jean-Brice Callery

« Ne crains pas, crois seulement »

Cette petite phrase de Jésus aujourd’hui devrait nous habiter comme un refrain intérieur au milieu de toute pensée, de tout sentiment, de toute chose, de toute activité. Croire, au-delà de toute peur possible, de toute appréhension, que Dieu est là. Plus intime et plus grand que nous à la fois.

« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu », dira Jésus à Marthe incrédule devant la mort de son frère Lazare.

Et pour Lazare comme pour la fille de Jaïre, la foi obtient le miracle : la résurrection, sinon définitive, du moins déjà prophétique dans sa version provisoire.

Des « agitations et des pleurs » peuvent évidemment survenir dans la vie de chacun d’entre nous. Devant cela, Jésus continue de demander la même chose : la foi, au-delà du visible, au-delà du seul possible à vue humaine ; la folle espérance en un Dieu qui « ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants » (Sg 1,13) ; l’amour qui s’inspire de  « la générosité de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Co 8,9).

Cherchons donc à avancer ensemble dans une même foi, une même espérance, un même amour. Et pour y grandir, imitons la femme souffrante dont l’Evangile nous parle aussi aujourd’hui, qui a été guérie en touchant simplement le vêtement de Jésus et en posant un acte de foi. A notre tour, venons toucher Jésus dans la prière, dans les sacrements, dans sa Parole, et dans nos attentions mutuelles les uns pour les autres.

+Père Jean-Brice Callery

« Il faut qu’il grandisse et que je diminue » (Jn 3,30)

Voilà la réponse donnée par Jean-Baptiste lui-même, adulte, à la question de son entourage, lors de sa naissance : « que sera donc cet enfant ? » (Lc 1,66). Cet enfant sera l’ami de l’Epoux, celui qui est envoyé devant Lui, qui entend sa voix, qui en est tout joyeux, qui sait qu’il ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du Ciel.

Voilà aussi le verset qu’avec 3 amis nous avions choisi d’inscrire sur une image souvenir de notre ordination comme diacres, il y a 11 ans jour pour jour.

Voilà peut-être encore le sens profond des changements de curés dans les paroisses. Manifester qu’au centre d’une vie chrétienne, paroissiale, il n’y a pas tel ou tel prêtre, mais le Christ en personne, qui choisit certes de passer par ses prêtres, mais qui les déborde tous.

Voilà donc mon sentiment profond au bout de ces 6 années à votre service comme curé à Saint-Cyr. Immense action de grâce pour les grâces vécues et célébrées ensemble. Immense miséricorde demandée pour ce qui n’a pas été « selon le cœur » de Dieu, pour reprendre l’expression de saint Paul dans les Actes des apôtres aujourd’hui (Ac 13,22). Immense désir d’en vivre et aimer « davantage » avec vous tous, pour reprendre cette fois l’expression d’un saint Vincent de Paul à la fin de sa vie.

Par ces lignes je ne vous laisse pas déjà mon testament ! Même si bien entendu, comme pour vous tous je ne sais ni le jour ni l’heure de ma fin terrestre, je sais que la mission va a priori continuer pour moi dès septembre prochain : dans les paroisses de la vallée de Chevreuse, où je me rends riche de toutes ces expériences saint-cyriennes au long de ces 6 années. Merci à vous tous, pardon à vous tous, et qu’à travers ces changements notre union en Dieu grandisse !

+Père Jean-Brice Callery