Les éditos du Curé

Les lectures de ce dimanche sont toutes centrées sur le baptême. La lettre de Saint Paul à Tite nous offre en particulier un magnifique résumé de la théologie du baptême, comme instrument de notre salut.

Saint Paul nous explique ainsi les effets du baptême : la grâce de Dieu nous est donnée à la fois pour vivre notre vocation d’homme ou de femme et de chrétien en ce monde : la grâce de Dieu nous rend capable de vivre « en hommes raisonnables, justes et religieux».  Mais l’Esprit Saint est aussi répandu en nous pour que nous puissions connaître le bonheur de voir Dieu. Le baptême est fait pour cette vie et pour le Ciel. Il nous donne « l’espérance de l’héritage de la vie éternelle ». Par le baptême, ma vie prend une nouvelle orientation : elle devient un pèlerinage vers le Ciel.

Au delà de cette dimension personnelle, il y a une dimension communautaire : par le baptême, nous sommes agrégés au Peuple de Dieu, qui est l’Eglise. On n’est jamais chrétien tout seul.

Saint Paul insiste enfin sur la gratuité du Don de Dieu qui se manifeste à travers ce sacrement. Voilà pourquoi l’Eglise a toujours voulu baptiser les tout-petits, montrant ainsi que Dieu n’attend pas qu’on le mérite pour se donner à nous.

Voici, en quelques mots, expliqué ce grand sacrement. Prenons le temps de méditer ce que nous avons reçu, et faisons de notre vie un immense « merci », une action de grâce au Seigneur. Il a fait de nous ses fils, ses filles… Il n’y a pas de plus beau titre que celui que nous portons : « Enfants de Dieu » !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

 

Saint et Joyeux Noël

Dans quelques heures, nous célèbrerons la naissance du Sauveur. Cette fête de Noël a, plus que toute autre fête, une connotation familiale. Autour de la Sainte Famille, viennent prier toutes les générations. Beaucoup d’entre nous ont la grâce de voir leur famille se réunir à l’occasion de Noël. Occasion précieuse de retrouvailles, parfois de réconciliation, souvent de moments de paix vécus ensemble.

Notre paroisse est aussi, d’une certaine façon, comme une autre famille pour nous. Pour certains, c’est la seule famille qu’il reste. Aussi, comme on le fait à Noël, je voudrais vous inviter à penser aux membres de notre famille paroissiale qui nous ont quitté, qui fêteront pour la première fois Noël en présence de l’Enfant Roi au Ciel, comme nous l’espérons, mais qui nous manqueront quand même ici bas.

Nous penserons aussi plus spécialement aux paroissiens qui traversent une épreuve, quelle qu’elle soit : solitude, maladie, chômage, souffrance psychologique, séparation, deuil à vivre, doutes, combats intérieurs, précarité… Quand un membre de la famille souffre, c’est toute la famille qui le porte. Qu’ils sachent, ces paroissiens dans l’épreuve, que nous prions pour eux et avec eux.

Que la joie douce et paisible de Noël vienne vous éclairer chacun. Qu’elle vous permette peut-être de vivre en famille des réconciliations qui tardent. Qu’elle apaise les craintes. Qu’elle vienne aussi toucher les cœurs endurcis. Qu’elle nous donne à tous, au seuil de cette nouvelle année 2013,  la certitude d’être aimés par ce Dieu qui pour nous s’est fait proche.

Saint et Joyeux Noël, et belle année 2013 !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

 » Non possumus ! « 

Il est très rare que des évêques, des prêtres, des paroisses encouragent les fidèles à manifester. A vrai dire, ce n’est pas vraiment dans notre culture… Voilà pourquoi nous avons été très nombreux à écrire à nos élus pour réclamer ce grand débat national autour du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Nous aurions en effet préféré que se tiennent des Etats Généraux de la famille et du mariage, qui nous auraient tous forcés à travailler la question de la famille sur le fond et dans la durée. Mais ce débat nous a été refusé. Pire : alors qu’on nous le promettait au moins à l’Assemblée, les auditions y ont été insupportables de suffisance et d’agressivité vis à vis des dignitaires religieux en particulier. Elles ont été bâclées, parfois même sans donner de place aux opposants au projet de loi ou en réduisant au minimum leur nombre ou leur temps de parole. Bref, un déni de démocratie.

Alors il ne nous reste plus effectivement que la rue. Il faut que le peuple de France fasse entendre son bon sens. Il ne s’agit pas de manifester contre des personnes, mais pour ce que nous croyons essentiel : le prix et la grâce que représente pour un enfant la complémentarité père-mère. Ce trésor que les évènements de la vie parfois enlèvent à certains, il serait profondément injuste que la loi le vole à d’autres en amont. Nous, catholiques, serons parmi tant d’autres. Parce que nous sommes aussi citoyens. Parce que l’évangile nous a donné un critère simple pour discerner le bien-fondé d’une loi : sert-elle le bien du plus fragile ? Et qu’à la lumière de cela, reprenant le cri des premiers chrétiens face aux ordres iniques de l’empereur, nous ne pouvons que redire aux gouvernants d’aujourd’hui : « non possumus » – « Nous ne pouvons pas vous suivre».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jean Baptiste, un saint pour aujourd’hui.

La figure de Saint Jean-Baptiste est d’actualité à double titre aujourd’hui.

D’une part, nous sommes invités à marcher à sa suite, pendant ce temps de l’Avent, pour nous préparer avec la même ferveur à la venue du Christ. C’était un « saint ardent »  qui savait partager et transmettre son espérance et son désir de la venue du Sauveur.  Aujourd’hui, plus que jamais, il nous faut cette même ferveur non seulement pour nous convertir nous mêmes, mais aussi pour transmettre à ceux qui nous entourent le désir de Dieu. Noël restera toujours une occasion particulièrement favorable de parler de Dieu autour de nous, en expliquant notre façon de vivre cette fête, et le sens qu’elle peut avoir dans notre vie.

D’autre part, Saint Jean-Baptiste est un bel exemple de témoignage rendu à la Vérité face au pouvoir politique. N’oublions pas qu’il a été assassiné pour avoir dit à temps et à contretemps ce qui était bien, et ce qui était mal.  Encore plus étonnant, dans le contexte actuel : Saint Jean-Baptiste est mort pour avoir défendu tout simplement la vérité du mariage. Il dénonçait en effet les « petits arrangements » d’Hérode à ce sujet. La persécution aujourd’hui n’est pas la même. Plus insidieuse, plus sous-jacente, elle peut aussi amener au « martyre médiatique ». La violence des attaques, au sein même de l’Assemblée Nationale, contre le Cardinal Archevêque de Paris entre autres – violence dénoncée par le Grand Rabbin de France – et dans les médias, nous rappelle  que de tout temps, le témoignage rendu à la Vérité peut coûter cher. Y sommes-nous prêts dans notre cercle d’amis, de collègues de travail ? Prions-nous pour ceux qui y seront appelés ?

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Les trois avènements

Nous entrons dans ce temps de l’Avent, qui nous fait préparer non pas seulement la venue de Jésus à Noël, mais bien ses trois avènements.

Nous allons célébrer à Noël le premier avènement : le Fils de Dieu, le Verbe fait chair, entre dans notre monde, dans notre histoire. L’Avent nous fait replonger dans l’attente ardente des prophètes, du peuple élu, pour revivre dans la foi cette venue, pour en rendre grâce. «  Combien auraient aimé voir ce que vous voyez ! » La crèche nous révèlera le mystère de l’amour de Dieu : un Dieu tout puissant qui vient se faire petit enfant pour nous sauver.

A l’autre extrémité de l’histoire : nous préparons, nous attendons le retour du Christ dans sa gloire. Il est venu dans le silence, il  reviendra en gloire, triomphant, pour établir son règne de paix, d’amour. A chaque messe, nous le disons dans le Credo, ou juste après la consécration : « nous attendons ton retour dans ta gloire. » Les textes de ce dimanche nous encouragent à veiller pour être prêts.

Mais entre ces deux avènements vient s’en cacher un troisième. Avènement silencieux, mystérieux : Le Seigneur veut venir nous visiter, veut faire de notre âme sa demeure, la demeure de Dieu parmi les hommes !!! Dieu se rend présent dans chaque instant, Dieu descend à nous dans les sacrements : « Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Que ce temps de l’Avent soit aussi l’occasion de raviver notre désir de recevoir le Christ dans les sacrements, de nous ouvrir au désir du Christ de venir nous visiter.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Un Roi si particulier

Nous célébrons ce dimanche le Christ Roi de l’Univers. Belle occasion de méditer sur la façon dont son autorité s’exerce, pour mieux suivre son exemple.

Un Roi Berger : Le Seigneur Jésus est le Bon Pasteur, celui que ses brebis écoutent. Il les connaît, chacune par leur nom. Ce n’est pas un Roi inaccessible, lointain. Au contraire, il est venu marcher à nos côtés, pour nous montrer le Chemin. C’est un premier de cordée, qui a daigné partager ma condition humaine, mes limites et mes souffrances, pour me rendre victorieux dans cette grande ascension qu’est ma vie.

Un Roi Serviteur : Le Seigneur Jésus « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » selon ses propres mots. Un Roi qui s’agenouille devant ses sujets, pour leur laver les pieds, et leur donner l’exemple d’une autorité vécue comme un service du plus petit, et de ceux qui nous sont confiés. Un Roi qui me fait découvrir qu’on grandit en faisant grandir les autres, qu’on est heureux quand on se fait serviteur de la joie de ceux qui nous sont confiés.

Un Roi Crucifié : le Seigneur Jésus révèle sa puissance non pas en écrasant ses bourreaux, mais en leur pardonnant. C’est un Roi aux mains vides, mais grandes ouvertes, capable de bénir, de pardonner, et de sauver. C’est un Roi qui donne sa vie pour ses sujets, un Roi qui m’apprend qu’on ne peut conduire ceux qui nous sont confiés qu’en les aimant, et qu’aimer veut dire se donner, et se donner totalement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Sentinelles du matin »

Nous l’oublions peut-être, mais chaque messe est célébrée « jusqu’à ce qu’Il revienne », dans cette attente du retour du Christ dont parlent les lectures aujourd’hui.

L’Eglise nous enseigne en effet qu’à la fin des temps, le Christ reviendra dans la gloire. Auront lieu d’abord la résurrection des morts, puis le jugement dernier : celui-ci « révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre » (CEC n°1039) Après le jugement universel, « les justes régneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même sera renouvelé » ( CEC n°1042 ). Le Royaume de Dieu sera arrivé à sa plénitude. Le projet de Dieu sera réalisé, pleinement achevé : l’humanité réconciliée sera pour toujours unie à Dieu : « Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé  » (Ap 21, 4)

On ne peut comprendre le monde, ni l’histoire sans avoir cet horizon. Notre terre est encore « dans les douleurs de l’enfantement », nous vivons dans un monde qui passe. La mort, l’injustice, la souffrance ne sont pas définitives, n’auront pas le dernier mot, ni de notre histoire, ni de l’Histoire des hommes. Voilà la « bienheureuse espérance » qui anime l’Eglise en pèlerinage sur cette terre !

Ce retour, nous n’en connaissons ni le jour ni l’heure. Cela ne doit pas nous mettre dans l’inquiétude mais nous garder en éveil. C’est ce que Jean-Paul II nous demandait en 2002 : « Laissez de côté toute crainte et incertitude : rappelez-vous que vous devez être les « sentinelles du matin », toujours prêtes à annoncer l’événement du jour nouveau, qui est le Christ ressuscité »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Mère voici vos fils qui se sont tant battus… »

En ce 11 novembre, nous prions tout spécialement pour ceux qui sont morts pour la France, lors des différents conflits dans lesquels notre pays a été engagé.

Ils n’étaient pas tous chrétiens. Ils n’étaient pas tous des saints. Ces guerres n’étaient pas « belles » ni « bonnes » même si certaines étaient sans doute « justes ». Mais ils ont donné leur vie pour nous. Encore aujourd’hui – en Afghanistan en particulier – des soldats, souvent jeunes, payent de leur vie l’accomplissement de leur mission. Ils le font sans bruit, sans se plaindre, sans faire grève ni chercher les honneurs. Uniquement pour remplir la mission confiée. Pour mériter la confiance du chef. Pour protéger le camarade blessé. Pour que l’épouse et les enfants restés au pays puissent vivre en paix.

La première des reconnaissances est de ne pas oublier ce que nous leur devons. La deuxième est d’éduquer notre jeunesse d’aujourd’hui à la grandeur du don et du sacrifice, quelles qu’en soient les modalités : on peut aussi donner sa vie jour après jour, dans l’accomplissement fidèle et caché de son devoir d’état. La troisième est de prier pour le salut de l’âme de ces fils et filles de France, comme le faisait Péguy :

« Mère voici vos fils qui se sont tant battus (…) Mère voici vos fils et leur immense armée. Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère. Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée. »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Que je voie ! »

Le cri du cœur de l’aveugle de Jéricho en réponse à la question de Jésus : « Que veux tu que je fasse pour toi ? » prend un relief particulier à l’approche de la Toussaint et du 2 novembre.

En effet, nous pourrions entendre à travers ce cri celui de tout homme, qui depuis le premier péché des origines, ne voit plus Dieu. La faute originelle nous a privé de la vision de Dieu, de ce face à face avec notre Créateur. L’homme se cache, il ne peut plus se tenir en présence de Dieu. Dieu ne lui est plus évident.

Par le baptême, nous sommes guéris et retrouvons notre vocation à voir Dieu. « Je veux voir Dieu, le voir de mes yeux, joie sans fin des bienheureux… » chantons-nous souvent. Désirons-nous cette rencontre ? On peut ne pas vouloir y penser. Pourtant, il ne s’agit pas de se faire peur, mais de permettre que ce but puisse éclairer toute ma vie. Ma vie est belle parce qu’elle me prépare à ce face à face. Elle m’est donnée pour cela. Je ne peux pas la gâcher !

A la Toussaint, nous célébrons ceux qui connaissent la joie de se tenir en présence de Dieu. Nous communions à leur bonheur. Nous sommes faits nous aussi pour ce bonheur ! Le 2 novembre, nous prions pour ceux qui, au Purgatoire, ont encore besoin d’être apprêtés et purifiés pour entrer dans ce face à face. Nos prières participent à leur préparation ultime. « Qu’ils puissent te voir, Seigneur, après t’avoir cherché, aimé et servi ! ». Par delà la mort, entre ceux qui Le voient déjà et ceux qui sont appelés à Le voir, le Seigneur permet ainsi qu’il y ait une vraie communion de prière et de charité.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Si tu veux être le premier…

S’il y a bien un gros mot dans l’esprit de nombreux catholiques, c’est celui d’ « ambition ».  D’ailleurs, nous sommes assez choqués par l’attitude de Jean et Jacques : se « répartir les postes » alors que le Seigneur vient d’annoncer sa Passion, c’est au mieux indélicat, au pire le signe d’une ambition démesurée… qui ternit les motivations de leur suite du Christ !

Jésus pourtant ne s’offusque pas. Au contraire, il les amène à approfondir et à purifier leur désir. Devant les autres qui se scandalisent (sans doute plus par jalousie que par vertu !) Jésus explique: « Celui qui veut devenir grand, qu’il se fasse serviteur » « Celui qui veut être le premier, il sera l’esclave de tous ».

Jésus ne vient pas casser nos grands désirs, notre envie d’entreprendre, de gagner, d’exercer des responsabilités, de développer nos talents…  Jésus n’encourage aucun misérabilisme et n’aime pas la fausse humilité. Mais il nous révèle ce que peut être l’ambition d’un chrétien : une ambition que la foi ne vient pas brider mais purifier en lui donnant son vrai sens, sa profondeur et sa force. Une ambition qui, parce qu’elle est chrétienne, ne peut être individuelle mais bien collective, pensée comme un service,  un don de soi pour faire grandir ceux qui nous sont confiés. Une ambition qui se transforme en exigence : grandir pour que ceux qui me sont confiés grandissent. M’accomplir en leur donnant les moyens de s’accomplir. Faire de leur réussite ma vraie réussite. Etre un saint « pour qu’il y ait plus de saints »…

Père Pierre-Hervé Grosjean +