Les éditos du Curé

Le chrétien peut-il être patriote ?

Ce lundi 11 novembre, notre pays honore la mémoire de ses fils, morts en le servant. Il est bon que les chrétiens fassent leur ce devoir de mémoire. Tout simplement parce que nous sommes aussi filles et fils de France. L’Eglise nous invite à une certaine piété filiale vis-à-vis de notre pays : « l’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité » dit le Catéchisme au n°2239. Mais le chrétien n’est-il pas d’abord « citoyen des Cieux » ? Ne doit-il pas avoir un amour « universel », au-delà des frontières ? L’un n’exclut pas l’autre : « L’universalité, dimension essentielle dans le peuple de Dieu, ne s’oppose pas au patriotisme et n’entre pas en conflit avec lui, ce qui veut dire qu’aimer tous les hommes n’empêche ni ne crée de conflits de quelque façon que ce soit avec l’amour que nous devons à la patrie elle-même. Au contraire, il l’intègre en le renforçant par les valeurs qu’il possède, et particulièrement l’amour à sa propre patrie, si nécessaire jusqu’au sacrifice » C’est « la double condition du chrétien, non pas opposée mais complémentaire. En effet, il est membre de l’Eglise, laquelle est reflet et annonce de la Cité de Dieu, et il est à la fois citoyen d’une patrie terrestre, concrète, de laquelle il reçoit tout des richesses de langue et de culture, de tradition et d’histoire, de caractère et de façon de voir l’existence, les hommes et le monde. La paix vraiment durable doit être le fruit mûr de l’intégration réussie de patriotisme et d’universalité ». (Jean-Paul II)

Père Pierre-Hervé Grosjean +

TOUS SAINTS !

Au cœur des vacances, nous allons célébrer la fête de la Toussaint. Bien loin d’être la « fête des morts », la Toussaint est l’occasion pour toute l’Eglise de s’unir à la joie des saints, connus ou inconnus, qui sont désormais auprès de Dieu dans un bonheur parfait. Leur joie fait notre joie. Parmi ces bienheureux du Ciel, sans aucun doute se trouvent certains de nos proches, défunts déjà entrés dans la joie du Paradis. Quelle consolation de les espérer auprès de Dieu !

Cette fête de la Toussaint est aussi l’occasion de nous rappeler cette grande vérité : nous sommes faits pour voir Dieu, un jour, nous aussi. Nous sommes faits pour cette joie du face à face ! Un jour, nous Le verrons, et nous comprendrons… Cette vocation éclaire le sens de notre vie terrestre, et en fait un pèlerinage vers le Ciel.

Le 2 novembre, puis tout au long du mois de novembre, nous prions pour ceux de nos défunts qui ont encore besoin d’être purifiés pour goûter pleinement cette joie des sauvés. Les âmes du purgatoire vivent dans la paix cette ultime étape de leur pèlerinage, car elles savent qu’un grand amour les attend. Prions pour nos défunts ! Notre prière hâte leur entrée dans la Jérusalem Céleste ! N’est-ce pas la plus belle des charités que nous puissions leur offrir ?

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Dire merci

Vous le voyez et l’entendez, la prière de louange est au cœur de la messe. Eucharistie veut dire « action de grâce » en grec : nous reconnaissons tout ce que nous devons à Dieu, nous le reconnaissons comme notre Dieu, le seul et vrai Dieu, le Créateur sans lequel nous ne sommes rien. Nos chants et nos prières l’attestent.

Cette prière de louange, il faudrait aussi qu’elle devienne quotidienne. Or si nous avons souvent des choses à demander au Seigneur, nous prenons peut-être moins souvent le temps de lui dire tout simplement merci, de le louer pour ses merveilles, pour tout ce que nous lui devons. La prière de louange est pourtant très précieuse, non seulement parce qu’elle fait plaisir au Seigneur, qui souffre sinon de notre ingratitude ; mais aussi parce qu’elle est un bon rempart contre l’orgueil : nous reconnaissons que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes, en remerciant Dieu pour ce qu’Il a fait pour nous. Elle nous décentre aussi de nous-mêmes et de nos éventuels soucis, en nous unissant à la joie de Dieu. Elle nourrit notre espérance et notre foi, en nous aidant à reprendre conscience que Dieu agit réellement dans notre vie. Enfin, elle est un vaccin contre la jalousie, en nous aidant à nous réjouir de ce que nous avons reçu et de ce que nous sommes, plutôt que d’envier les autres. Cinq minutes de louange quotidienne : voilà la prescription idéale pour garder notre joie intérieure !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Serviteurs quelconques »

« Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : « Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir. » La phrase est rude, reconnaissons-le. Elle vient bousculer notre besoin de reconnaissance, et notre sentiment de justice. Après tout, ils ne sont pas nombreux ceux qui font « tout ce que Dieu vous a commandé ».

Comme d’habitude, il ne faut pas isoler cette phrase des autres paroles de Jésus : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître ! » dira-t-il ailleurs. Il faut simplement entendre l’inflexion qui est mise là. Suis-je capable d’aimer Dieu pour Lui-même, gratuitement ? Ai-je conscience que tout le bien que j’ai pu faire, je ne l’aurais pas fait sans Lui ? Puis-je accepter que vis-à-vis de Dieu, je ne serais jamais assez « méritant » pour « avoir droit à ». Le salut sera toujours un don de Dieu, bien au delà de mes mérites. C’est ce qui faisait dire à sainte Thérèse de Lisieux, que nous avons fêtée le 1er octobre :

« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux (…) Je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l’unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La justice de Dieu

Dieu est infiniment miséricordieux. Cela nous rassure. Dieu est infiniment juste. Cela nous rassure moins. Pourquoi avoir peur de la Justice de Dieu ? La façon dont elle s’exprime dans l’évangile de ce dimanche est riche d’enseignements.

La justice de Dieu n’est pas de l’égalitarisme. Nous n’avons pas tous reçu la même chose en terme de talents, d’éducation, de moyens. La justice de Dieu est de dire : « Il sera beaucoup demandé à ceux qui ont beaucoup reçu ». Ce que j’ai reçu m’engage, et me rend responsable vis à vis de ceux qui ont moins. Le Seigneur me le dit pour que j’en sois conscient.

La justice de Dieu ne nie pas ce que nous sommes, et ne nous demande pas l’impossible : « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. Alors, de quoi donc aurais-je peur ? » écrivait Ste Thérèse de Lisieux. Dieu donne à chacun ce dont il a besoin pour choisir le Bien et éviter le mal, et ainsi accomplir sa vocation.

La justice de Dieu n’est pas une menace agitée par un Dieu qui punirait, mais la nécessité de rétablir la vérité sur le bien et le mal commis, de rétablir aussi la dignité de ceux qui auront été ignorés, humiliés, injustement condamnés, ou méprisés sur cette terre.

La justice de Dieu, c’est que le mal n’ait pas le dernier mot, et encore moins la victoire.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Que fais-tu de ton argent ?

Il ne s’agit pas encore une fois de vous demander de l’argent, rassurez-vous ! (Quoique… l’opération +1 € à la quête est prolongée tout le trimestre, merci de votre générosité bien utile !). Il ne s’agit pas non plus de faire culpabiliser ceux qui ont des moyens. L’évangile de ce jour nous invite plutôt à méditer sur :

1-      Ma liberté vis-à-vis du besoin de posséder ou de consommer. Est-ce que l’argent risque de devenir mon maître ? Certains s’épuisent à vouloir gagner encore plus, souvent en raison de blessures intérieures profondes et anciennes (peur de manquer, expérience de la pauvreté, etc. …). L’argent peut être l’ennemi de ma paix intérieure s’il devient mon maître. Un cœur rassasié n’a plus faim de Dieu…

2-      Si l’argent reste bien à la place du serviteur (nécessaire et utile), qu’est-ce que je lui demande ? Comment je l’utilise ? Ce que j’ai permis, construit ou encouragé avec cet argent témoignera pour moi au soir de ma vie. Ce que j’ai m’engage aussi vis-à-vis de ceux qui ont moins. Je suis responsable – et non coupable ! – vis-à-vis de ce que je possède.

3-       Mon rapport à l’argent n’est pas dissocié de ma vie chrétienne. La qualité de ma vie spirituelle m’aidera à ne pas me tromper de maître. Inversement, Dieu n’est pas indifférent aux efforts que je fais pour gérer de façon juste et honnête mon argent. Il se montre en colère contre ceux que l’appât du gain pousse à tricher au détriment de plus petits.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La brebis perdue

Elle s’était pourtant mise dans le pétrin toute seule, cette brebis… Ne pouvait-elle pas rester avec les autres ? N’aurait-on pas compris qu’on se contente de mener les 99 autres à bon port ? C’est sans compter sur la Miséricorde du Bon Pasteur…

Dieu a un cœur de Père. Et tant qu’un seul de ses enfants sera en danger, Il ne voudra pas renoncer. Il a envoyé son Fils unique nous sauver, nous ramener à Lui. Un par un « Je veux que tous soient sauvés ». N’est-ce pas là une des plus émouvantes illustrations de la Miséricorde de Dieu ? Sa persévérance à nous accompagner, à nous relever, à nous aimer est inouïe. Saint Paul lui même ne peut taire son action de grâce : il est bouleversé devant le Christ Jésus qui lui a pardonné, lui le persécuteur. Il n’en revient pas lui-même…

En aucun cas cette miséricorde relativise la gravité du péché. Elle refuse simplement d’enfermer le pécheur dans son péché. Elle renonce à réduire le pécheur à son péché. Elle ne s’impose pas non plus, mais se propose. Prions pour que nous ayons l’humilité et la simplicité de nous laisser aimer, de nous laisser ramener, de nous laisser relever. C’est la plus belle consolation que nous pouvons offrir à Dieu : à chaque fois que nous accueillons le pardon de Dieu, c’est en effet, nous apprend l’évangile, une joie immense au Ciel !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Demander la Sagesse

La Sagesse n’est pas d’abord la qualité d’un enfant qui ne fait pas de bêtises, se tient bien à table, et fait ses devoirs… La Sagesse dont il est question dans les textes de l’Ecriture est un don de Dieu, un des sept dons du Saint Esprit. La Sagesse nous est donnée pour comprendre toute chose avec le regard de Dieu. Il s’agit non seulement de le découvrir à travers la Création, en comprenant qu’elle nous parle de Dieu, mais aussi à travers les évènements de notre vie. Dieu agit dans nos vies, Il nous laisse des signes de sa présence. La Sagesse nous aide à considérer notre vie dans cette perspective du plan de Dieu, à en comprendre le sens profond, la direction : je suis fait pour aimer et voir Dieu. Parce que j’ai été aimé et sauvé par Lui. Et cet amour m’entraîne à aimer et servir mon prochain. Demander la Sagesse nous permet de construire notre vie en fonction de cette vérité essentielle. Au seuil d’une nouvelle année scolaire, c’est le don par excellence à demander.

A la suite du Pape François, nous demandons aussi cette Sagesse pour tous ceux qui sont impliqués dans le conflit syrien, et pour nos gouvernants : Qu’ils entendent cet avertissement du Saint Père : « Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! » et trouvent la force de rechercher la Paix.                          
Père Pierre-Hervé Grosjean +

REPARTIR DU CHRIST

Ces deux mois d’été ont pu être l’occasion pour beaucoup d’entre vous, je l’espère, de se reposer et de prendre un peu de temps pour Dieu, pour les autres, pour soi… Nous voilà en tout cas au seuil d’une nouvelle année scolaire. C’est un moment fort, y compris au niveau spirituel : arriver dans une nouvelle ville, une nouvelle paroisse ou un nouvel établissement scolaire, commencer un nouveau travail… il n’est pas rare que tel ou tel dans la famille, voire que toute la famille, ait à franchir de nouvelles étapes en ce mois de septembre. Quoiqu’il en soit, la rentrée est une bonne occasion pour prendre quelques résolutions. Simples et concrètes. Pas trop nombreuses ! Et accessibles… En se promettant de persévérer. L’une d’elle – la première – concernera notre relation à Jésus. Commençons par Lui. S’il est à la bonne place dans notre vie, tout le reste sera dans le bon ordre. Par Lui, avec Lui, en Lui… voilà une belle façon de vivre la rentrée !

Bienvenue aux nouveaux paroissiens ! Chacun de nous aura à cœur de les accueillir fraternellement : qu’ils puissent sans tarder se sentir membres de la famille paroissiale à part entière !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Des vacances pour prendre le temps !

Beaucoup d’entre nous vont avoir la chance de vivre quelques jours, quelques semaines de vacances. Qu’on parte de chez soi ou qu’on y reste, ce temps est particulier. Pour le vivre chrétiennement, je vous propose de réfléchir à la façon dont ces vacances seront l’occasion de :

–          prendre du temps pour soi : il n’est pas toujours évident d’accepter de se poser réellement. Et de reconnaître qu’on a besoin de prendre soin de soi. Ce n’est pas de l’égoïsme. Même et surtout quand on est père ou mère de famille. Les premiers bénéficiaires en effet seront ceux qui vous sont confiés.

–          prendre du temps pour les autres : en particulier, pour avoir des temps personnels avec chaque membre de la famille, chaque enfant, avec son conjoint aussi. Le rythme du quotidien pendant l’année ne permet pas toujours cette gratuité.

–          prendre du temps pour Dieu : alors qu’on a plus de temps, Dieu est souvent le premier « mis en vacances » ! Changement de lieu, de rythme de vie… il faut se recréer des repères. Là aussi, profitez des vacances pour prendre des temps de gratuité avec le Seigneur. Redécouvrez le silence, la méditation, la lecture qui nourrit l’âme et le cœur !

Bonnes vacances à chacun. Restons unis dans la prière, au delà des kilomètres !

Père Pierre-Hervé Grosjean +