Les éditos du Curé

Etre saint au boulot ?

En ces jours de rentrée, il n’est pas inutile de méditer à nouveau sur notre « devoir d’état ». L’expression n’est peut-être pas très motivante, mais ce qu’elle veut dire l’est beaucoup plus !
Saint Josémaría expliquait : « la sainteté, c’est faire ce que je dois, et être à ce que je fais ». Nous ne plaisons pas à Dieu seulement quand nous prions ou quand nous sommes à l’église. Nous faisons la joie de Dieu quand nous faisons ce qu’Il attend de nous dans l’heure qui vient. Travail, études, détente, temps entre amis, services à la maison, prière, sport, œuvres de charité… au fond qu’importe ! Tout peut plaire à Dieu, si nous faisons ce que nous avons à faire, et si nous nous donnons vraiment dans ce que nous faisons. Etre là où Dieu nous attend – à notre bureau, à la maison, à l’église… –  mais y être vraiment, en faisant de notre mieux. La fidélité au « devoir d’état » est le chemin le plus simple, le plus quotidien pour être un saint ! Ainsi même les tâches les plus ordinaires ont du prix aux yeux de Dieu, si elles sont accomplies par fidélité, c’est-à-dire au fond par amour.  Bonne rentrée !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une fidélité qui nous interpelle.

Nos frères chrétiens d’Irak ont été au cœur de l’actualité cet été, en particulier grâce au voyage effectué sur place par le Cardinal Barbarin. Depuis leur situation s’est dramatiquement aggravée, mais désormais plus personne n’ignore le drame qui se joue là-bas. Nous n’oublions pas non plus nos frères de Corée du Nord, de Chine, d’Egypte, du Nigéria, des pays du Golfe Persique… persécutés derrière un mur de silence.

Que cela peut-il nous inspirer, au seuil de cette rentrée scolaire ?

Bien sûr, nous savons l’importance de la prière. Nous croyons que nos prières peuvent les porter. Nous savons aussi leurs besoins matériels, pour ceux qui sont sur les routes de l’exode. Mais allons plus loin…

Le Cardinal Barbarin disait son émotion de voir que pas un seul chrétien de Mossoul n’avait renié sa foi. Pas un seul n’avait accepté de se convertir pour sauver ses biens, face à l’ultimatum imposé par les djihadistes. Leur fidélité nous impressionne. Elle doit aussi nourrir, entraîner, provoquer la nôtre, et nous aider à reprendre conscience de la grâce qui nous est faite de pouvoir vivre notre foi librement. Choisissons du coup de ne pas la vivre à moitié cette année. Ce sera la plus belle consolation à offrir à tous nos martyrs : « votre sacrifice n’a pas été vain. Il a porté du fruit, en réveillant l’occident attiédi, en éveillant nos cœurs endormis »

Pour eux, entrons avec courage et ferveur dans cette nouvelle année scolaire, en choisissant de vivre avec générosité nos engagements et notre vie spirituelle. Bonne reprise !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Je vous procurerai le repos »

Voilà une bonne résolution pour votre curé et ceux qui auront la chance d’avoir quelques vacances cet été : se reposer ! Ça peut sembler paradoxal. Après tout, il ne devrait pas être bien difficile de se reposer. Pourquoi en faire une résolution ? Tout simplement parce qu’on peut passer des vacances… épuisantes ! A force d’activités de détente qui se succèdent les unes aux autres, par peur de s’ennuyer, ou de couchers tardifs, ou d’abandon complet ou partiel de toute vie spirituelle !

La première des charités est pourtant de prendre soin de soi. Non par égoïsme, mais pour rester capable de servir et de se donner. On a besoin de se reposer, de prendre le temps de relire son année, de méditer ses projets, de se renouveler intérieurement dans la prière. Ceux qui comptent sur nous seront les premiers à se réjouir de nous voir revenir « en forme » !

C’est aussi une question d’humilité. Ne pas se croire au-dessus de ça. Accepter d’avoir besoin de se poser. Nul n’est indispensable. La terre continuera de tourner pendant nos siestes, notre temps de retraite ou votre WE de couple en amoureux !

C’est enfin un désir de Jésus. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. ». Il attend avec impatience ces temps d’intimité que nous prendrons dans le silence avec Lui. Il saura nous restaurer, nous renouveler, nous préparer à repartir de plus belle, pour servir et aimer. Bonnes vacances reposantes à chacun, en communion de prière.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Que notre joie demeure

Ce dimanche, en la fête des saints Pierre et Paul, notre diocèse aura
la joie de compter 7 nouveaux prêtres, dont l’abbé Jean-Baptiste Bellet, qui nous fait l’honneur de célébrer une première messe mardi dans notre paroisse.

D’une génération à l’autre, la joie demeure.

Bien sûr, nous pourrions redire combien les chiffres ne sont pas bons
(82 prêtres diocésains ordonnés cette année en France), et nous remettre en cause : les vocations naîtront et grandiront là où la foi est vivante, là où l’on prie pour avoir des prêtres, là où l’on se sert du prêtre pour ce qu’il est.

Mais avant cela, il nous faut surtout et toujours témoigner, en particulier auprès des plus jeunes, de notre joie d’être prêtre. De l’ancien qui vaillamment use ses dernières forces pour célébrer la messe, car il sait qu’il ne sera pas remplacé, au jeune ordonné plein d’idéal et de générosité, en passant par le prêtre dont la joie s’est mêlée d’un peu de gravité, car quelques années de service lui ont suffi pour côtoyer les épreuves, les joies et les malheurs de son peuple, une chose demeure : la joie d’avoir tout donné, pour un Autre, pour les autres. La joie d’être prêtre pour vous et avec vous. Que cette joie soit contagieuse, qu’elle résonne comme un appel dans les cœurs de nos jeunes !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Comment communies-tu ?

« Lex orandi, lex credendi » : la loi de la prière, c’est la loi de la foi : dis-moi comment tu pries, je te dirai ce que tu crois. S’il y a bien un sujet sur lequel cet adage est juste, c’est dans notre façon d’adorer et de recevoir Jésus-Eucharistie.

La Fête-Dieu est l’occasion pour nous tous de retrouver la ferveur et l’attention du jour de notre première communion, pour nous approcher de l’autel et recevoir Jésus. Rien de plus triste que l’habitude en ce domaine. Bien sûr, Jésus ne se réserve pas aux gens parfaits. « Seigneur, je ne suis pas digne ! … ». Mais justement, parce que nous savons que Dieu se donne bien au-delà de nos mérites, nous avons à cœur de le recevoir de notre mieux. La beauté des gestes, des attitudes, du recueillement : tout cela porte notre foi. Notre façon de communier révèle-t-elle notre foi profonde en la présence réelle de Jésus ? Notre désir de communier, et le sérieux pour nous y préparer, révèlent-ils notre amour pour le Seigneur ?

Nous le devons au Seigneur en premier lieu. Mais aussi à tous nos frères qui ne peuvent communier. Les malades, les personnes isolées, le chrétien persécuté obligé de se cacher, celui qui humblement ne se sent pas prêt, ou en est empêché… Vis-à-vis d’eux, nous ne pouvons communier avec légèreté, habitude, insouciance. Soignons en particulier ce temps de procession pour aller communier, et ce temps d’action de grâce juste après. Temps de silence profond, d’ultime préparation, puis de joie intérieure, de gratitude que nous prenons le temps d’exprimer.

Un vieux prêtre me disait : « célèbre ta messe comme si c’était la première, comme si c’était la dernière ». A sa suite, je « nous » dis à tous : « communie, comme si c’était ta première communion, comme si c’était la dernière… »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Avons-nous tous le « même » Dieu ?

Le désir d’établir des relations fraternelles entre les différentes religions, la résistance commune aux assauts d’un athéisme militant, la faible connaissance réciproque, le peu de formation dans sa propre foi, peuvent nous amener assez facilement à affirmer que nous avons tous le même Dieu, mais que chaque religion offre un chemin différent.

Cette affirmation est équivoque, car tout repose sur le sens que nous donnons au mot « même ». Il peut avoir deux sens : unicité et identité. Dans le premier sens, nous pouvons dire qu’effectivement nous croyons en un Dieu unique numériquement. Dans le deuxième sens, il est absolument impossible de dire que nous avons le même Dieu que les autres.

Pourquoi ? La fête d’aujourd’hui et les lectures l’illustrent bien : nous croyons en un Dieu-Trinité. Trois personnes distinctes mais possédant la même nature divine. Nous croyons que l’une d’elles est venue dans ce monde mourir sur une croix pour nous sauver. Nous croyons que le Très Haut s’est fait le tout proche. Nous croyons en Dieu tel qu’Il s’est révélé de façon unique en Jésus-Christ « LE Chemin, LA Vérité et LA Vie », et non un des chemins, ou une vérité parmi d’autres.

Voilà pourquoi nous ne pouvons pas prier ensemble ni partager nos lieux de culte. Mais nous pouvons être ensemble, et prier chacun selon sa foi, comme l’ont fait le Pape et les présidents israéliens et palestiniens. Croire en l’unicité de la Révélation divine, qui affirme que Dieu a parlé par l’Ecriture et la Tradition, et non par les textes des autres religions, ne nous empêchera pas de respecter la démarche des croyants de ces autres religions. Le relativisme ne sert pas le dialogue, il le rend impossible, en empêchant chacun d’être pleinement en vérité avec sa foi.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Séquence de la Pentecôte

Viens, Esprit-Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos cœurs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.


Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut  final
donne la joie éternelle.

Amen.

Les premiers pas de l’Eglise

Jésus est monté au Ciel, désormais à la droite du Père.  Commence alors le temps de l’Eglise, comme le disait Bossuet : « l’Eglise, c’est Jésus-Christ continué et communiqué ». Qu’est-ce qui va marquer ses premier pas ?

D’abord la Pentecôte. Dans la première lecture, nous voyons les apôtres se rassembler autour de la Vierge, et se préparer à cette venue du Saint Esprit. Jésus l’a promis : l’Eglise pourra compter sur cette assistance divine pour son pèlerinage sur la terre. L’Eglise n’est pas qu’une organisation humaine. Elle est l’hôte du Saint Esprit, sa demeure. Elle est aussi divine, et nul ne peut comprendre l’Eglise s’il la sépare du Christ.

Ensuite le martyre. En grec, cela veut dire « témoignage ». L’Eglise est missionnaire en elle-même, c’est sa raison d’être. Elle témoigne de ce qu’elle a reçu : la bonne nouvelle du Salut pour tous. Ce témoignage, chacun en est responsable, comme le dit St Pierre dans la deuxième lecture. Notre vie personnelle est le premier témoignage offert. Ce témoignage peut aussi nous amener à donner notre vie. Les premiers chrétiens, et tant d’autres après eux, vont en faire l’expérience. L’Eglise est sainte de tous ces témoins fidèles jusqu’au martyre.

Enfin, l’amour de Jésus. Déjà, juste après la Cène, comme le rapporte l’Evangile, Jésus priait pour l’Eglise naissante. Il ne l’abandonne jamais, la porte littéralement : « Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés ». L’Eglise, épouse du Christ, rassemble ceux qui veulent vivre à sa suite en enfant de Dieu, dès maintenant et dans l’éternité : « la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu…»

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Notre Pèlerinage

Ce dimanche, la paroisse part en pèlerinage jubilaire. Dans cette belle collégiale de Poissy, nous irons nous recueillir auprès du baptistère ; là même où Saint Louis est devenu enfant de Dieu, il y a 800 ans.

Quel est le sens de cette démarche ? Nous rappeler que nous sommes sur cette terre des pèlerins en marche vers le Ciel, vers la Jérusalem céleste. Notre pèlerinage terrestre a commencé réellement avec notre baptême. Ce jour-là, nous avons reçu notre vocation : le Bonheur de voir Dieu, de demeurer pour toujours avec Lui. Voilà le but vers lequel nous marchons. Voilà l’espérance qui nous soutient dans les joies et les peines du chemin.  Comment avancer ? En aimant. Chaque fois que nous aimons, chaque fois que nous nous donnons, nous grandissons. Nous progressons. « Celui qui donne sa vie, la gagnera »  prévenait Jésus. Sommes-nous livrés à nous-mêmes sur cette route ? Non. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous promet : « Le Père vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. (…) Je ne vous laisserai pas orphelins. » Voilà la boussole sûre, dont nous avions besoin, pour nous orienter. Voilà aussi la force venue d’en haut qui nous soutiendra pour avancer.

Le baptême fait de nous des pèlerins, promis à la joie immense d’être accueillis au terme de notre marche par le Seigneur lui-même.
Cet « état » éclaire vraiment notre attitude dans ce monde, nous engage à aimer, et nous rend profondément libres intérieurement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jésus, pierre angulaire du couple

Voici comment le dictionnaire définit ce qu’est une « pierre angulaire » : « située comme son nom l’indique, à l’angle de deux murs d’un bâtiment, cette pierre est cruciale pour la solidité dudit bâtiment. »

Dans sa lettre, Saint Pierre parle de Jésus ainsi : « il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte. »

Cette pierre angulaire, c’est donc le Christ. Pierre angulaire de l’Eglise, bien sûr. Mais aussi de nos vies. Et bien sûr de nos engagements. Puisqu’après avoir prié pour les vocations sacerdotales, nous prions ce dimanche pour les couples, que les époux se posent la question : sur qui repose leur couple ? Avons-nous « éliminé » nous aussi cette pierre angulaire, ne comptant que sur nos propres forces pour que l’édifice tienne ? Ou essayons-nous de vivre concrètement nos joies et nos peines avec le Seigneur ? Quelle place pour la prière conjugale et familiale qui – plus que tout discours –  montre l’importance que nous accordons au Seigneur dans ce que nous essayons de construire ? Qu’Il nous aide à le rechoisir, pour que nous puissions « annoncer les merveilles de Dieu » par nos vies !

Père Pierre-Hervé Grosjean +