Les éditos du Curé

On a parfois reproché au Pape François de bousculer un peu trop les fidèles ou leurs évêques par ses paroles fortes. Quand on écoute la prédication de St Jacques ou même les paroles de Jésus qui nous sont données à méditer ce dimanche, on se dit qu’il est juste dans la ligne !

Ce n’est jamais évident pour un prêtre de choisir le ton de sa parole. Comment exhorter, reprendre, interpeller, alerter sans en même temps blesser, décourager, condamner ? Surtout que le prêtre sait bien que ses paroles l’engagent. La solution du jus pieux, qui n’empêche personne de dormir et qui ne gêne personne n’est pas évangélique ! Certains sont pourtant très forts pour ça : c’est mignon, c’est consensuel, c’est gentil, c’est prudent. Mais personne ne bouge. Jésus, avec une telle parole, n’aurait jamais été crucifié. Il ne nous aurait pas sauvé non plus.

Bernanos fait parler ainsi un vieux curé dans « Le journal d’un curé de campagne ». Il explique à son jeune confrère :

« Enseigner, mon petit, ça n’est pas drôle ! (…) La vérité, elle délivre d’abord, elle console après… La parole de Dieu ! c’est un fer rouge. Et toi qui l’enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l’empoignerais pas à pleines mains ? Laisse-moi rire. Un prêtre qui descend de la chaire de Vérité, la bouche en machin de poule, un peu échauffé, mais content, il n’a pas prêché, il a ronronné, tout au plus. … Je prétends simplement que lorsque le Seigneur tire de moi, par hasard, une parole utile aux âmes, je la sens au mal qu’elle me fait. »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

édito du 27 septembre 2015

Saint Jacques, dans sa lettre que nous continuons de méditer ce dimanche, aborde la question de la rivalité et celle de la jalousie. Il fait de ces deux sujets la cause de tous les maux, guerres et autres conflits. Il y a là en effet quelque chose de très profond en nous : le besoin de reconnaissance, le désir de réussir, la volonté de posséder ou de gagner. Tout cela n’est pas mauvais quand c’est bien ordonné. Mais quand ce désir devient tout puissant, quand ce besoin devient maître de nous, notre discernement en est altéré. Nous sommes alors capables de tout, et surtout du pire. Surtout, les autres apparaissent désormais comme des concurrents, dont le bonheur m’agresse ou me semble injuste, empiétant sur le mien. Ce sera eux ou moi.

Jésus donne l’antidote à ce poison : Il ne refuse pas l’idée qu’on puisse vouloir être le premier. Mais il explique le sens et le moyen de cette ambition : c’est pour mieux servir, et en servant, que je peux grandir. Je réussirai en faisant réussir les plus petits que moi. Je grandirai en faisant grandir ceux qui me sont confiés. Je régnerai… en servant. Si je mets ma joie à servir mes frères, si je mets mes talents au service de leur accomplissement, si j’ai à cœur d’entreprendre, d’exercer des responsabilités, de réussir pour mieux les servir, alors je serai comblé. L’ambition ne peut être que collective pour un chrétien. Elle est sinon décevante, épuisante, et destructrice.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Édito du 20 septembre 2015

Jésus vient d’annoncer à ses apôtres ce qui l’attend. C’est insupportable à entendre pour Pierre, qui se permet de « vifs reproches »… alors qu’il vient de reconnaître que Jésus est le Christ, le Messie ! Mais il n’est pas le seul à vouloir expliquer à Dieu comment être Dieu ! On passe notre temps à suggérer au Seigneur ce qu’Il devrait faire ou ce qu’Il ne devrait pas permettre… Qui sommes-nous ? Jésus à son tour se fait vif. Le ton monte. Et Jésus fait une mise au point très claire. « Si tu veux marcher à ma suite, renonce à toi-même, prends ta croix, et suis moi. Tu ne sauveras ta vie que si tu acceptes de la perdre pour moi… »

Qu’attends-tu de Dieu ? Qu’espères-tu vraiment de Lui ? La mise en garde vaut pour nous tous. Nous rêvons d’un christianisme sans la croix, qui ne serait plus un signe de contradiction pour le monde, qui serait un « long fleuve tranquille » pour nous. Un christianisme soft, allégé, « acceptable » par tous, car adapté « aux pensées des hommes ». Un christianisme sans larmes, avec des joies faciles et un bonheur simple…

Jésus n’est pas venu pour ça. Il nous aime trop pour nous mentir. Il ne veut pas nous tromper, ni qu’on s’étonne ensuite. Il est venu nous aimer et nous sauver. Cela ne se fera pas sans combat, sans larmes, sans contradictions ni persécutions. Mais demeure une joie profonde, malgré tout : celle d’être aimé et d’aimer. La joie de donner notre vie, pour Dieu, pour les autres. La joie du don, qui passe par la croix forcément à un moment ou à un autre. Nous sommes faits pour cette joie là, jamais facile mais vraie. Et qui porte les promesses de l’Eternité.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Édito du 13 septembre 2015

Quel est ton projet ?

Pas de rentrée réussie sans résolution ni projets ! C’est vrai aussi dans notre vie spirituelle et personnelle. On a besoin de projets – aussi simples soient-ils – pour avancer et grandir. Découvrir la spiritualité franciscaine, bénédictine ou de l’Opus Dei, se plonger dans les œuvres de St Augustin, approfondir l’encyclique du Pape ‘Laudato Si’, ré-installer une prière quotidienne dans son emploi du temps, lire la vie de tel saint, faire une retraite, se confesser régulièrement, se réconcilier avec untel, découvrir l’oraison… Voilà des exemples de « petits » projets pour la vie spirituelle.

Pour la vie paroissiale, au delà de la fidélité aux activités régulières, et en particulier à la liturgie – cœur et source de la vie de notre communauté – il nous faut aussi des projets. Il y en aura deux cette année :

– La rénovation des salles paroissiales et leurs extensions, pour répondre aux besoins de la paroisse, du catéchisme, des conférences, etc …

– La mise en place d’un groupe de prière paroissial. Tous les mercredis soir, une heure de louange, d’enseignement et d’adoration vous sera proposée. L’occasion de se retrouver de façon plus libre, au cœur de la semaine, pour prier ensemble, toutes générations confondues. C’est un vrai pari, qui peut transformer notre vie de communauté et qui va demander un gros investissement en terme de temps et de services. Mais je sens que cela peut porter du fruit. Nous débuterons dès que possible, quand nous serons prêts.

Pour ce projet, nous avons besoin de vous, quel que soit votre âge :

-Je lance un appel pour trouver un nom pour ce groupe ! Priez, réfléchissez et envoyez-moi – via le secrétariat – votre proposition. Nous déciderons ensuite avec le Conseil de la Paroisse.

-Si vous voulez vous investir dans les multiples services autour de ce groupe (musiciens, chanteurs, logistique, accueil, priants, communication, liturgie…) n’hésitez pas à vous proposer auprès du secrétariat.

Bonne rentrée ! Que Dieu nous bénisse et bénisse nos projets !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Joie de la rentrée

Ces mots « joie » et « rentrée » mis ensemble pourront étonner certains, peut-être parmi les écoliers en particulier ? Mais j’espère pourtant que cette rentrée est une joie pour vous comme elle l’est pour moi. Pour 3 raisons (on ne perd pas ses habitudes… !!!) :

Joie avant tout de nous retrouver : on a beau être heureux de découvrir d’autres communautés pendant l’été, on se rend aussi compte qu’on reste attaché à sa paroisse, à sa famille paroissiale. Ces messes du dimanche vécues les unes après les autres pendant l’année, ces joies et ces peines portées ensemble, tissent un lien qui n’est pas anodin.

Joie du nouveau départ. Chaque rentrée peut être l’occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec des résolutions et des objectifs audacieux ! C’est vrai dans notre travail, dans la vie de famille, dans nos engagements associatifs mais aussi dans la vie spirituelle. Il y a une grâce de renouveau attachée à chaque rentrée.

Joie d’être au seuil d’une année importante pour l’Eglise avec l’année de la Miséricorde, le Synode de la Famille, sans parler des JMJ. Mais aussi pour notre paroisse, avec le projet de travaux de rénovation des salles paroissiales, et surtout la mise en place d’un groupe de prière intergénérationnel qui se réunira tous les mercredis soir !

Que nous soyons tous là dimanche 13 septembre pour la messe de rentrée et notre fête paroissiale, qui seront aussi l’occasion d’accueillir les nouveaux arrivants. Bonne rentrée !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Résolutions d’Été

Permettez à votre curé, au seuil de ces deux mois d’été, de vous laisser quelques idées de résolutions estivales. Je vous promets d’essayer d’appliquer vraiment celles qui me concernent !

  • Au cœur du tourbillon des rencontres ou des retrouvailles familiales, prendre chaque jour un temps pour Dieu. Temps de silence, de recul, de respiration qui peut être bref, mais doit être régulier. Occasion de relire son année, de rendre grâce et de préparer déjà, dans son cœur, sous le regard de Jésus, l’année qui vient.
  • Sur ces deux mois, prendre, au moins une fois, quelques heures seul à seul avec son conjoint. Si on le peut, prendre même 24h, sans les enfants. Pour se retrouver, se ressourcer, se redire l’essentiel que la fatigue du quotidien nous fait souvent oublier. Pour sortir de l’habitude. Pour redonner du sens à l’ordinaire ! Pour s’aimer…
  • Sur ces deux mois, prendre au moins une fois un temps personnel avec chacun de ses enfants (et pour les enfants, avec son père et sa mère). Parce que chacun est unique. Parce qu’on veut les voir grandir. Parce qu’on a besoin d’apprendre à se parler. Parce que pour une fois, il ne sera pas question de bulletin scolaire. Là aussi, parce qu’on a besoin de se redire l’essentiel, que notre pudeur nous fait trop souvent garder pour nous.
  • Prendre du temps pour se reposer et se faire plaisir. Il y a des plaisirs sains !  On s’en prive souvent pendant l’année. On s’épuise et on se bride. On finit par se sentir frustré… Retrouver le temps de plaisirs simples et sains. Ne serait-ce que s’offrir du temps pour lire, pour se promener, pour se poser devant un beau paysage, pour peindre ou pour écrire, pour dormir…  Pour aimer les autres, il faut aussi s’aimer un peu soi-même. Et savoir prendre soin de soi. Sans scrupule : ce n’est pas de l’égoïsme. Vos proches vous diront merci !

Je vous souhaite de belles vacances, en vous gardant dans ma prière et comptant sur la vôtre !  Que Dieu vous bénisse.                                                                                                  Abbé GROSJEAN

La joie du don.

Pierre, Alban, Louis, Arthur. Ils seront 4 ce dimanche, en la cathédrale Saint Louis, à donner leur vie, à la consacrer au service de Dieu et du monde, à l’offrir pour œuvrer à notre salut.

La radicalité de ce don peut faire peur. Elle est pourtant à la mesure et du don de Dieu, et de la soif d’absolu présente dans le cœur de tout jeune. Offrir sa vie, donner sa vie : n’est-ce pas pour cela que nous sommes faits ? N’est-ce pas cette perspective qui peut nous aider à dépasser toutes nos faiblesses, nos craintes et nos doutes ? Henri d’Hellencourt, un jeune chef scout parti trop tôt, écrivait ceci dans son carnet, retrouvé après sa mort : « J’ai rêvé d’une grande vie, Seigneur. Mon erreur était de la vouloir grande pour moi. Elle sera grande si je la donne, si je vous la donne, pour que vous en fassiez ce qu’elle doit être… »

Quelque soit notre vocation, nous sommes appelés à la joie du don. Et tout ce qui apprend cette joie à un jeune, tout ce qui le prépare à se donner – comment ne pas penser ici au scoutisme, véritable école du don de soi et du service dans la joie – doit être encouragé. Au fond, c’est sans doute même le cœur d’une éducation : apprendre à son enfant que sa vie sera belle non si elle dure longtemps, mais si elle est d’une façon ou d’une autre donnée. Quand on a acquis cette certitude dès le plus jeune âge, alors on a moins peur quand l’heure arrive de dire « oui ». La perspective de tout donner ne nous paraît plus folle. On est même capable d’entendre le « Viens, suis-moi » que Jésus pourrait murmurer à notre cœur…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Catho donc Ecolo !

Le Pape François vient de publier son Encyclique consacrée à l’écologie : « Laudato Si ».  Ce texte marquera la pensée chrétienne, comme Rerum Novarum l’avait fait pour la condition des ouvriers et Evangelium Vitae pour le respect de la vie. Une fois encore, le Pape se place du côté de la fragilité : celle de la terre, « notre maison commune » et celle des pauvres, premières victimes de la crise écologique.

Il nous faut lire cette encyclique. En prendre le temps et en faire l’effort. Un catholique ne peut se désintéresser de ce que dit le Pape. Et celui-ci ne publie pas une telle encyclique tous les ans ! Elle n’est pas plus difficile d’accès que les livres qu’on donne à lire aux lycéens en cours de français. Ce Pape parle simplement, avec son cœur et avec « ses tripes » si vous me permettez l’expression.

Le Pape a deux objectifs. Il veut nous réveiller sur la gravité de la situation : « quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? ». Il veut nous faire aussi comprendre que seule une « écologie intégrale » peut répondre à cette question, car tout est lié : « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié ».

Les chrétiens sont appelés à être aux avant-postes de cette « conversion écologique » que le Pape appelle de ses vœux. Cette conversion s’incarnera au quotidien, aussi bien dans le style de vie – « une sobriété libératrice » face au « consumérisme compulsif » –  que dans nos relations aux autres –  le refus de la « culture du déchet » qui touche d’abord la nature puis les personnes –  que dans notre vie spirituelle, en nous invitant à renouveler notre regard de foi  sur cette terre qui n’est pas notre propriété, mais un don de Dieu dont nous sommes les gardiens.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une ambition qui rend libre.

Saint Paul a cette belle expression que nous pouvons méditer : quoiqu’il se passe, qu’il ait à vivre encore un peu, ou qu’il meurt bientôt comme il l’espère, pour demeurer près de Dieu, « notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. »

Faire la joie de Dieu. Voilà une belle ambition, libératrice.

Elle me libère du regard des autres. Dieu seul est mon juge. Dieu seul sait tout. Et Dieu est infiniment juste. Chercher à plaire aux autres est épuisant : nous ne serons jamais satisfaits pleinement, et nous risquons de ne pas être nous-mêmes. Attention : faire la joie de ses amis est une chose. Chercher à plaire à tous en est une autre. Le Christ lui-même a vu les foules se détourner, sans que cela ne le fasse renoncer à ce qu’Il avait à proclamer.

Elle me libère de moi-même. Vivre ma foi, centré sur mon nombril, mes humeurs, mes ressentis, etc… ne va pas m’offrir une grande stabilité, tant tout cela est bien fluctuant. Me centrer sur la joie de Dieu m’offre un cap qui ne bouge pas. En toute circonstance, c’est un critère qui fonctionne : Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Comment puis-je faire sa joie ? Même si à ce moment-là, je suis – moi – plutôt dans la peine. Ce sera même une consolation possible : être resté généreux à travers l’épreuve que je traverse, en m’occupant de la joie de DIEU.

Elle me libère de toute inquiétude. Quoiqu’il arrive, je peux encore faire la joie de Dieu. Si c’est mon ambition, alors je ne serai jamais frustré. Que je vive ou que je meure demain, au fond, cela ne modifie pas vraiment ce qui importe pour l’instant présent : faire sa joie, aujourd’hui et maintenant. Découvrir que je peux être une joie pour Dieu, tel que je suis. Même le plus grand pécheur peut l’être, en se laissant pardonner et aimer. Là encore, c’est une consolation : j’ai du prix à ses yeux, puisque je peux être une joie pour Lui. Faire la joie de Dieu fera notre joie.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Présence réelle

C’est un des mystères les plus profonds de notre foi catholique. Jésus se rend réellement présent, entre les mains du prêtre, au cours de la consécration. Si les apparences du pain et du vin demeurent, la substance est transformée. Ce n’est plus du pain ni du vin. C’est Jésus, son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité. L’enfant de la crèche, le jeune apprenti de Nazareth, le prédicateur des routes de Galilée, le crucifié du Golgotha, le ressuscité… Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est là. Il se rend présent dans cette église de Saint-Cyr l’Ecole. Une parcelle d’hostie, quelques gouttes de vin suffisent. La voix et les mains d’un prêtre, aussi faible soit-il. Au cœur d’un camp de concentration, ou sous les ors d’une cathédrale. Jésus vient. Pas symboliquement. Pas uniquement spirituellement. Il vient réellement. Pour toi.

On n’aura de cesse de contempler ce mystère. Notre intelligence ne peut que se mettre à genoux. Elle se débat : comment est-ce possible ? Adore en silence ! Apprends à contempler, laisse-toi enseigner, accueille cette vérité que l’Eglise te confie, comme un trésor. Laisse Jésus lui-même te faire comprendre qu’Il est là. Qu’Il t’attend au tabernacle. Qu’Il vient pour se donner, pour que tu ne fasses plus qu’un avec Lui. Et surtout, n’oublie pas. Ne t’habitue pas. Que tes gestes d’adoration, que ta tenue, disent ta foi, soutiennent ta foi, et ne soient jamais vides ou qu’extérieurs. « Que les gestes de ton corps soient le langage de ton cœur » disait Jean-Paul II aux amoureux. Qu’ils soient aussi le langage de ta foi, et de cet amour que tu veux avoir pour Jésus. Il est là…

Père Pierre-Hervé Grosjean +