Les éditos du Curé

C’est le cri du Pape François, c’est la prière de toute l’Eglise, c’est la réponse bouleversante du Seigneur Jésus : Miséricorde ! Face au pécheur qui se repent, face aux larmes de la femme adultère ou à celles de Pierre qui a renié, face au fils qui revient ou à la samaritaine qui avoue, face aux blessures déposées dans le secret du confessionnal, un seul mot, une seule attitude, un seul jugement de Jésus : Miséricorde !

Mes amis, Pâques approche. L’Eglise nous presse de faire l’expérience de cette miséricorde d’ici là. Que chacun puisse vivre ce mystère de mort et de résurrection : avec Jésus, nos péchés sont crucifiés, pour que nous puissions avec Lui revivre.

Que chacun de nous prenne le temps, ici ou ailleurs, de venir déposer ses péchés, avec franchise, simplicité et foi. Aveu décapant mais libérant, qui nous fait passer de la culpabilité à l’humilité. Aveu qui permet surtout à Jésus de prendre sur lui nos fautes, et de nous pardonner. Ce pardon n’est pas un vain mot. Il a le prix du sang de Jésus. Il accomplit en nous l’œuvre de la rédemption. Il nous sauve. Rien de moins.

Miséricorde ! Jésus a donné sa vie pour cela… Que tous puissent en redécouvrir la joie !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 13 mars 2015

L’épisode de la Transfiguration que l’Eglise nous donne de méditer ce dimanche est riche d’enseignements. Jésus choisit trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, et les entraîne vers les sommets. Là, au cœur d’un temps de prière, Il se révèle à eux dans sa divinité. Ils font l’expérience bouleversante de voir son visage rayonnant, le visage de Dieu. « Ils virent la gloire de Jésus… » Pourquoi eux ? Ce sont les mêmes à qui Jésus demandera plus tard de l’accompagner dans son agonie à Gethsémani. Là, ils entreront avec lui dans la grande épreuve. Ils n’en sortiront pas indemnes… Sans doute Jésus a-t-il voulu les préparer. Notre vie nous donne de faire la même expérience. Les grâces que Dieu peut nous donner nous fortifient dans la foi, et nous permettent de tenir dans l’épreuve. Le souvenir des consolations reçues de Dieu est précieux au temps de l’épreuve et des combats intérieurs. Le Psaume nous fait prier : « Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole : «Cherchez ma face». C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. » Voilà ce qu’il ne faut pas oublier pendant notre carême : si nous apprenons à nous détourner de nos péchés, ou de ce qui nous encombre, c’est toujours pour mieux regarder Jésus. Et c’est en tenant le regard fixé sur Jésus, sur son visage rayonnant de bonté et de miséricorde, que nous pourrons trouver la force et la joie d’avancer, de nous relever, de servir et d’aimer… en attendant ce jour où nous pourrons voir enfin à notre tour la gloire de Jésus de nos yeux, « joie sans fin des bienheureux » !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 21 février 2016

Reconnaissons que nous aimons parfois rêver d’une vie qui serait « tranquille ». On aimerait vivre un bonheur qui se traduise surtout par l’absence de combats, d’épreuves, de difficultés. Une sorte d’équilibre de vie… sans bourrasque ni tempête intérieure. Ce qui est assez vicieux, c’est que cela nous fait certes éviter les excès ou les péchés les plus graves ou les plus visibles en tout cas (ce ne sont pas forcément les mêmes !), mais ça risque aussi de nous faire repousser les résolutions les plus fermes, les plus généreuses, les plus audacieuses. En fait, on peut même hésiter tout simplement sur la nécessité de vivre une réelle conversion. Pourquoi ? Parce qu’on sait que cela justement nous apportera des combats. Celui qui désire le sommet sait que ça veut dire emprunter le chemin qui monte.
On peut du coup ne plus désirer le sommet, ou se contenter d’un entre-deux, en se justifiant assez facilement. Ce n’est déjà pas si mal !

Je sais que notre conversion ne se fait pas dans le fracas ni l’immédiateté. Je sais que nous avons besoin de temps. Mais je sais aussi que nous avons de temps en temps à « marquer le coup ». Il nous faut prendre résolument – comme Jésus – la route du désert, sans trembler devant les combats qui nous y attendent. Il nous faut aller affronter « nos démons », nos tentations, nos renoncements… pour les regarder en face, et appuyés sur la grâce de Dieu, parvenir à les vaincre. Je ne nous souhaite pas un carême « tranquille ». Je nous souhaite un carême « généreux ».
Courage ! N’aimons pas à moitié…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 14 février 2016

L’évangile nous fait découvrir le métier de Pierre : il était pêcheur sur le lac de Tibériade. Il nous fait découvrir aussi que Pierre était pécheur … au sens spirituel. C’est même lui qui en fait l’aveu, face au miracle que Jésus réalise. Prenant conscience d’être devant Dieu, il tombe à genoux et se reconnaît pauvre pécheur.

Jésus répond en invitant Pierre à la confiance, et … en l’appelant à donner sa vie pour l’aider à sauver les âmes ! Au moment même où Pierre se sent si pauvre, Jésus l’appelle au plus haut service et lui révèle sa vocation ! Logique déconcertante du Seigneur, qui met sa joie à vouloir compter sur nous, tels que nous sommes, pour travailler à sa vigne ou aller « pêcher les âmes ».

Toute vocation en ce sens est un signe de la miséricorde de Dieu. C’est sans doute cela qui permet à Pierre de « tout laisser » et de suivre Jésus.
Il se sait appelé par un Dieu qui n’ignore rien de ses faiblesses, mais qui veut justement révéler sa puissance au cœur des faiblesses de ses serviteurs. Le bien que font depuis 2000 ans les prêtres, les consacrés, les baptisés vient de Dieu et amène à Dieu. A nous simplement d’être des instruments appliqués et confiants entre les mains du Seigneur.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 7 février 2016

« Nul n’est prophète dans son pays »… Jésus lui-même en a fait l’expérience.
A Nazareth, ils ont essayé de le tuer. Ceux-là mêmes qui avaient grandi avec lui ! Jésus a forcément été profondément attristé. Vrai homme, Il devait être attaché affectivement à son village et ses habitants. Il y avait passé pas moins de 30 ans ! Il devait connaître chacun… quelle douleur d’être confronté à leur colère et à la dureté de leur cœur. « Et les siens ne l’ont pas reçu… » écrit St Jean dans le prologue de son évangile. Ces quelques mots sont lourds de souffrance.

Nous pouvons faire la même expérience. Nous nous rendons compte qu’il est paradoxalement souvent plus difficile de partager notre joie de croire avec nos plus proches. Au sein d’une famille, d’un couple, d’un groupe d’amis… c’est une véritable épreuve de ne pas être compris. On voudrait transmettre, témoigner, partager ce qui fonde notre vie. On se confronte parfois à l’indifférence, l’hostilité, l’incompréhension, le dénigrement… mais aussi à nos propres limites, nous qui ne sommes pas Dieu ! Il nous arrive d’être maladroits, de manquer de discernement, ou de nous décourager.

« Jésus, passant au milieu d’eux, allait son chemin »… Le Seigneur n’a pas insisté. Le témoignage n’est jamais un combat qu’il faudrait remporter contre l’autre.
Il reste gratuit et offert, avec abnégation. « L’amour prend patience, espère tout, endure tout, fait confiance en tout » assure Saint Paul. Nous sommes au service d’un message qui nous dépasse. N’en faisons pas une affaire personnelle. Notre joie sera d’être simplement des serviteurs, d’avoir été choisis pour cela comme Dieu le dit à Jérémie : « avant que tu viennes au jour je t’ai consacré ! »… Que rien ne nous décourage. Dieu permettra que notre vie porte du fruit.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 31 janvier 2016

Le peuple est revenu de son exil à Babylone. Il reconstruit Jérusalem. Il retrouve ses marques, ses fondations : on lui lit solennellement la loi reçue de Dieu. Le peuple se met à pleurer : émotion mais aussi affliction. Cette loi lui révèle le chemin à parcourir avant d’être saint ! Mais Néhémie et Esdras l’invitent à se réjouir, avec cette belle affirmation : « Que la joie du Seigneur soit votre rempart ! ».

Nous sommes nous aussi dans ces deux attitudes : crainte et honte devant nos faiblesses, désir de construire et de faire le bien. C’est un peu le résumé de notre vie. Qu’en tout cela, « la joie du Seigneur soit notre rempart ». Que ce soit en Dieu que nous trouvions notre sécurité. Que sa joie puisse fonder et soutenir la nôtre. Que la joie de Dieu nous protège de tout découragement.

L’histoire est entre les mains de Dieu. Nous-mêmes prenons part à cette histoire. N’oublions jamais que Dieu est à l’œuvre. Il met sa joie à prendre soin de nous. Il se réjouit de nos efforts, de nos progrès, de notre amour. Cela nous réconforte dans nos combats. Dieu voit et Dieu sait ce que nous essayons de faire par amour pour lui et pour notre prochain. Et si nous pouvons faire sa joie, alors que nous manque-t-il ? La joie du Seigneur nous suffit. C’est pour lui que nous sommes fidèles.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 24 janvier 2016

Dans ce beau récit que nous connaissons bien, nous pouvons nous attarder sur le rôle de Marie, pour mieux se mettre à son école.

Marie est attentive, comme peut l’être une mère, aux soucis de ses enfants. Pleine d’attention aux uns et aux autres, même dans les petites choses, elle a remarqué qu’il manquait du vin. Les noces, à l’époque de Jésus, duraient plusieurs jours. La fête risquait de s’interrompre, provoquant la déception de tous et la honte des jeunes époux.

Marie n’adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement : « Ils n’ont pas de vin ». Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Marie remet tout au jugement du Seigneur, et invite les serviteurs à la même docilité : « Faites tout ce qu’Il vous dira ».

Ainsi, elle nous enseigne à prier : ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs, ni exiger qu’ils se réalisent, aussi importants et raisonnables qu’ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu’il veut faire. De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l’humilité et la générosité d’accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu’elle soit, servira notre bien véritable.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 17 janvier 2016

Nous célébrons ce dimanche le baptême du Christ. Mais attention, il y a baptême et baptême ! Celui du Christ n’est pas identique au nôtre, même s’il l’annonce. Jésus n’a pas besoin d’être sanctifié. Il vient recevoir le baptême de Jean, qui était une démarche de conversion proposée aux juifs, non pour être purifié de péchés – Il est saint – mais pour s’associer à son peuple, aux pécheurs que nous sommes. Il se fait l’un des nôtres, il a pris sur Lui nos péchés. Mais l’eau ne signifie pas seulement la purification. Dans l’Ancien Testament, elle est aussi liée à la Pâque, au passage par la mort vers la vie : la libération des Hébreux par le passage de la mer Rouge (Exode 14) en est un bon exemple. Le baptême reçu par Jésus fait alors sens : il préfigure l’heure de la croix où, par amour pour nous et dans la confiance en son Père, Jésus sera plongé dans les eaux de la mort pour s’en relever et nous appeler à la vie. Enfin, Jésus ne devient pas Fils du Père au jour de ce baptême (comme c’est le cas pour chacun de nous). Mais c’est ce jour-là qu’est manifestée à tous cette filiation éternelle : « Tu es mon Fils bien aimé ».

Grâce à sa passion et sa résurrection, déjà préfigurées par ce baptême reçu des mains de Jean-Baptiste, Jésus nous a donné de devenir à notre tour enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus-Christ. Ce don est en même temps une vocation, puisqu’il oriente notre vie, notre conduite, et nous donne une mission. Que la fête d’aujourd’hui nous aide à en reprendre conscience, dans l’action de grâce et la confiance !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 10 janvier 2016

Ces mots, ils sont ceux du Fils à son Père, comme le rapporte la Lettre aux Hébreux : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes, ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté ! ». Jésus n’a pas reculé devant la mission inouïe donnée par son Père. Il a accepté de s’abaisser, de venir jusqu’à nous, de revêtir notre humanité pour la réconcilier avec son Père. Cet enfant de la Crèche, n’oublions jamais qu’Il est là pour donner sa vie 33 ans plus tard. Il vient pour cela. Pour nous aimer jusqu’au bout. Il n’a pas hésité. Quelle plus grande preuve d’amour Dieu pourrait-Il nous donner ?

Me voici, ce sont aussi les mots de la Vierge Marie. Elle aussi, en réponse à ce projet de Dieu, accepte sa mission. Elle participe à ce projet, elle se met au service de ce projet de réconciliation. Me voici, ce sont les mots des bergers venus adorer l’Enfant-Roi. Ils ont quitté la nuit pour venir à la lumière. Me voici, ce sont les mots des Rois Mages, à genoux devant ce petit qu’ils reconnaissent plus grand qu’eux ! Ils sont venus de loin pour rencontrer Dieu.

Me voici ! Ce sont les mots que nous sommes tous invités à prononcer, en priant devant la crèche. En contemplant le Fils de Dieu venir jusqu’à nous, en le voyant nous ouvrir les bras, nous comprenons qu’Il nous appelle à le suivre. Voulons-nous le rejoindre ? Lui faire confiance ? L’accueillir dans notre vie ? Nous laisser pardonner, réconcilier, sauver ? L’aider à sauver ce monde ? « Me voici »… dimanche après dimanche, jour après jour, ce sont les mots que Jésus espère de chacun de nous. Ce sont aussi les mots qui feront notre joie.

Saint et Joyeux Noël à chacun !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 20 décembre 2015

La question posée à St Jean-Baptiste résonne à nos oreilles… Quelle doit être notre attitude dans ce temps d’attente du Seigneur, au cœur des tempêtes de ce monde ?

La réponse du prophète est riche en enseignements. Sa première recommandation est d’aimer et de partager. Le don, en ouvrant notre cœur, le rend disponible à recevoir et donc à accueillir Jésus. La générosité rend le cœur large et grand. Quand le mal semble peser si lourd sur la marche du monde, il faut essayer d’y répondre en aimant davantage. Comme pour rétablir l’équilibre, et même prendre le dessus.

Sa deuxième recommandation est d’accomplir loyalement et fidèlement son devoir d’état. Il dit cela pourtant à un collecteur d’impôts, et à un soldat qui devait servir l’Empereur ou Hérode, ce qui n’est guère mieux… La venue du Sauveur n’est pas le soulèvement qu’espéraient certains. On n’est pas dans ce registre. La vraie révolution va se jouer dans les cœurs. L’attendre ne dispense du coup personne d’assurer son devoir, avec compétence et droiture. Cette fidélité dans les « petites » choses est la meilleure façon de se préparer à l’être dans les grandes. Cette fidélité du quotidien, au service du bien commun, est la plus juste pour se tenir prêts. Les chrétiens ne doivent pas déserter ce monde, ni désespérer de lui. Ils ne peuvent s’en désengager. Au cœur de ce monde en train de s’effondrer, fidèles à leur poste, ils annoncent la venue d’un Autre. Ils veillent, sentinelles dans la nuit, pour annoncer l’aurore du Salut, l’aube nouvelle…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 13 décembre 2015