C’est sans doute une des blessures les plus douloureuses que nous puissions connaître : le manque de reconnaissance, l’ingratitude de ceux que nous avons servis, pour lesquels nous donnons souvent beaucoup de nous-mêmes. On apprend ainsi très tôt aux enfants à dire « merci », et aux fiancés l’importance des compliments et des paroles de reconnaissance. L’amour d’un époux, d’une épouse, de parents n’est jamais un dû, il reste un don pour lequel on s’émerveille et on rend grâce. Il faut sans cesse prendre soin de ce besoin de reconnaissance de nos proches, tout en apprenant pour soi-même une certaine abnégation. Elle nous rendra moins dur le fait de ne jamais être assez reconnu !
L’Ecriture nous révèle que Jésus-Christ a éprouvé les mêmes sentiments. Bien sûr, Jésus dans sa perfection divine n’a nul besoin en tant que tel de la reconnaissance des hommes. Il se donne dans une parfaite abnégation. Mais dans son humanité, il n’est pas insensible à l’ingratitude de ceux qu’il vient de guérir. Surtout, il est offensé qu’on ne rende pas grâce à Dieu le Père : l’attitude naturelle de la créature vis à vis de son créateur devrait d’abord être la louange, la reconnaissance des bienfaits reçus. Cette reconnaissance ne s’exprime pas seulement d’ailleurs par des paroles. Naaman le Syrien nous montre qu’elle implique aussi un changement de comportement, pour que la grâce reçue de Dieu porte du fruit. C’est au fond le plus beau des mercis qu’on puisse donner au Seigneur, après notre louange : accueillir son amour et y répondre, en se mettant en route à sa suite !
Père Pierre-Hervé Grosjean +
Edito du 9 octobre 2016