Les éditos du Curé

Quelques secondes avant la sainte communion, le prêtre tenant Jésus dans ses mains, vous le présente en redisant les mots de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde… »

Ce geste, ces mots disent tout ou beaucoup de la vocation du prêtre. Dans ses mains d’homme pécheur, le prêtre porte le Saint des Saints. Fragilité et sainteté sont mêlées dans le mystère du sacerdoce. Ce pauvre pécheur vous présente Celui qui enlève le péché du monde ! Ce frère choisi parmi vous a reçu le pouvoir de vous donner ce qu’il ne possède pas par lui-même : Jésus.
Il vous donne celui pour qui il a tout donné. Il vous donne Celui qui se donne.
Il vous donne le Don de Dieu par excellence : son Fils, réellement présent, venu pour nous sauver.

Aujourd’hui, il manque des mains pour porter Jésus au monde. Il manque des mains pour désigner Jésus au monde. Il manque des mains pour offrir Jésus au monde. Ces mains de pauvres pécheurs, qu’on embrasse pourtant le jour de l’ordination du jeune prêtre, après avoir reçu de lui sa première bénédiction. Ces mains dont Jésus veut se servir pour bénir, absoudre, oindre, consacrer, baptiser, se donner. Ces mains nous manquent ! Il faut prier. Sans se lasser. Prier et espérer…

Mes amis, prions pour que de nombreux jeunes consacrent leurs mains, leur cœur, toute leur personne, à l’œuvre du Salut. Prions pour la fidélité de ceux qui sont déjà au service. Qu’ils soient les Saint Jean-Baptiste que le monde attend pour lui désigner le sauveur véritable… Les vocations de demain sont … entre vos mains !

Abbé GROSJEAN+

Edito du 15 janvier 2017

Que retenir de cette visite des mages ? Que nous apprend-elle ?

D’une part, que le Seigneur est venu pour tous. Des bergers aux rois mages, des pauvres aux plus riches, des ignorants jusqu’aux savants, tous sont appelés à venir adorer l’enfant Dieu. Il n’y a pas de lutte des classes, ni d’exclusivité, ni de priorité si ce n’est ce que dit Jésus lui-même : « je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades et les pécheurs. » Voilà ce qui nous rassemble chaque dimanche, quand nous venons adorer à notre tour Jésus réellement présent dans son eucharistie : la conscience de notre péché, notre besoin d’être sauvé, notre désir de L’aimer. Le Seigneur Jésus a voulu se révéler à toutes les nations, à toutes les cultures. Son amour n’est pas réservé « aux meilleurs » mais offert à tous.

D’autre part, qu’il nous faut garder un cœur qui cherche ! Dieu donne des signes et conduit une âme qui Le cherche vraiment. Les rois mages avaient tout le confort pour eux, avaient la richesse et le savoir. Mais ils avaient un cœur encore assoiffé. Ils ont été capables de sortir de ce confort pour suivre l’étoile. Ils ne se sont pas contentés de ce qu’ils possédaient. Ils voulaient trouver le sens, l’origine, le but. Ils voulaient rencontrer Dieu.

Enfin, la joie de l’épiphanie s’assombrit déjà avec l’annonce du massacre des innocents. Jésus dès sa naissance gêne les puissants de ce monde. Et cela continue encore aujourd’hui. Jésus aura été un signe de contradiction toute sa vie, dès le départ, car il met l’homme devant la vérité de son cœur. Il convoque chacun à faire un choix : « Qui n’est pas avec moi, est contre moi » dira-t-il. Que ce Dieu manifesté à nous en cet enfant puisse nous entraîner à Le choisir !

Abbé GROSJEAN+

Edito du 8 janvier 2017

Cette phrase du Pape François nous donne le sens profond de cette fête de Noël. Nous célébrons la naissance du Christ il y a plus de 2000 ans, à Bethléem en Judée. Nous célébrons la venue du Seigneur dans notre monde, l’entrée de Dieu dans notre histoire. Nous célébrons sa proximité pour toujours avec chacun de nous. « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps » nous a promis Jésus. Le mystère de Noël continue, pour que notre Espérance demeure. Là où Jésus est présent, les ténèbres reculent et le mal sait qu’il n’a pas le dernier mot. Voilà pourquoi notre mission de chrétien est de rendre Jésus présent dans ce monde. Par notre prière, par notre charité, par notre témoignage, par notre parole, par nos actes. Pour qu’au cœur des épreuves, des drames, des difficultés, des peines de ce monde, renaisse l’Espérance. Voilà aussi pourquoi les sacrements nourrissent notre Espérance et nous font avancer debout : ils nous donnent Jésus. Voilà pourquoi nous continuerons à fêter Noël, coûte que coûte, même avec nos soucis, nos peines, nos limites… Voilà pourquoi Noël continuera d’être célébré non seulement dans la joie qui rassemble tant de familles ce soir-là, mais aussi dans l’enfer d’Alep ou des villages martyrs d’Irak, dans les camps de réfugiés, nos prisons ou nos hôpitaux, sur les champs de bataille ou dans la solitude de nos grandes villes, dans nos familles endeuillées ou divisées… là justement où l’on a besoin d’Espérance, il faut nous souvenir de Noël ! Il faut célébrer cette nuit sainte où la Lumière s’est levée, forçant depuis les ténèbres à reculer…

A vous tous, au cœur de vos joies et de vos peines, je souhaite un saint Noël !

Abbé GROSJEAN+

Edito du 18 décembre 2016

C’est le prophète Isaïe qui l’annonce : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »

La revanche de Dieu ! La vengeance de Dieu ! Voilà des expressions étonnantes, qui pourraient nous inquiéter… Quelle est donc cette revanche ? Contre qui ? On ne peut comprendre Noël et le mystère de l’incarnation, sans évoquer la finalité de la venue de Jésus : la rédemption de l’homme. On ne peut comprendre la rédemption si on oublie ce qui la rend nécessaire : la chute d’Adam. Ce premier péché des origines – cette victoire du démon qui parvient à tromper l’homme et la femme, à les faire douter du projet de Dieu et le trahir – a profondément meurtri toute la création. La mort, les maladies, la souffrance, sont entrées dans le monde. Ce monde est devenu tragique. Le cœur de l’homme lui-même a été profondément blessé. C’est une victoire pour le mal. Victoire ponctuelle, mais réelle. Cette victoire appelait une revanche. Dieu ne va pas abandonner son projet ni se décourager de l’homme. Dieu vient en personne affronter et vaincre ce mal, et toutes les conséquences du mal.

La revanche de Dieu ne s’exerce pas contre l’homme pécheur. Au contraire, Dieu veut que le pécheur vive et se convertisse. La revanche de Dieu consiste à venir faire triompher l’amour là où la haine avait le dessus. La revanche de Dieu est de retourner le mal contre lui-même en permettant qu’à travers les épreuves, l’homme grandisse dans la foi, l’espérance et la charité. La revanche de Dieu, c’est la mort de la mort… pour que nous ayons la Vie.

Et déjà Isaïe évoque les premiers cris de victoire :

« Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient. »

Père Pierre-Hervé GROSJEAN +

Edito du 11 décembre 2016

 

Après le silence, la voix… Dans le silence du désert, une voix s’est faite entendre : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

L’Avent est le temps du silence. L’Avent est aussi le temps de l’écoute. Le silence rend nos cœurs disponibles pour recevoir la Parole qui sauve. C’est la priorité : nous laisser nous-mêmes convertir par l’écoute de la Parole de Dieu. Le temps de l’Avent nous est donné pour entendre cet appel à la conversion, porté par Saint Jean-Baptiste, relayé par tant de saints et de saintes tout au long de l’histoire de l’Eglise, par tant de papes, d’évêques, de témoins et de martyrs…

Il nous faut aussi comprendre qu’il nous revient de prendre la suite. Le monde a besoin de nouveaux prophètes, de précurseurs pour préparer les chemins du Seigneur. L’expérience le prouve : Dieu se révèle aux païens par le témoignage de chrétiens rayonnants. Dieu veut se servir de nous pour porter sa parole auprès de ceux qui ne le connaissent pas, ou s’en sont éloignés. Avec la même humilité que Saint Jean-Baptiste, bien conscients d’être au service de plus grand que lui, demandons la grâce d’être dès maintenant les témoins capables de réveiller ce monde endormi ou dispersé. Il n’y a pas de plus beau service que de préparer les chemins du Seigneur qui vient visiter les cœurs.

Père Pierre-Hervé GROSJEAN +

Edito du 4 décembre 2016

Avez-vous déjà fait cette expérience ? Se lever très tôt, alors que tout le monde dort encore. La nuit touche à sa fin. L’aube s’annonce. Le silence règne encore. La nature s’éveille peu à peu. C’est un beau moment, propice à la méditation, à la lecture, à la prière… On comprend un peu ce que veut dire « veiller ». Seul, quand les autres se reposent encore, on est debout pour s’éveiller au jour qui vient, pour l’offrir déjà et se préparer… pour l’annoncer aussi aux autres, telle la sentinelle qui regarde au loin.

L’Avent est le temps des veilleurs. L’Avent est pour cela aussi le temps du silence.

C’est dans le silence que se préparent les grands évènements. C’est dans le silence des cœurs que Dieu travaille, agit et réalise son œuvre jour après jour. C’est dans le silence qu’on apprend à prier, à goûter la présence de Dieu, à l’aimer. C’est dans le silence qu’on trouve Dieu.

« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. » écrivait Bernanos. Le silence est une forme de résistance à tout ce qui m’éloigne de Dieu ou ce qui me disperse de l’essentiel.

Voilà une belle résolution pour l’Avent : redécouvrir la grâce du silence. Surtout quand la vie professionnelle ou familiale est bruyante, fatigante, stressante… raison de plus pour sauvegarder chaque jour, ou une ou deux fois par semaine, une plage de vrai silence. Pour se retrouver. Pour retrouver Dieu. On n’y arrive pas d’un coup. Il faut apprivoiser le silence. Apprendre à l’habiter, pour ne plus en avoir peur. Mais dans la nuit qui couvre ce monde, une vie intérieure solide, forgée dans le silence, est nécessaire pour voir que le « jour du Seigneur » vient… et tenir ainsi dans l’Espérance.

Père Pierre-Hervé GROSJEAN +

Edito du 27 novembre 2016

PS : une belle lecture de l’Avent > la Force du Silence, du Cardinal Sarah aux éditions Fayard.

Quel paradoxe… un homme crucifié et martyrisé, et au-dessus de sa tête, un seul titre : « Roi ». Cela semble insupportable à la foule. Comment ce roi, s’il l’était vraiment, peut-il se laisser ainsi humilier et clouer sur une croix ? Quel est donc ce roi qui semble impuissant ? On réclame des preuves. On veut même une preuve éclatante : qu’il descende de la croix, si vraiment il est ce qu’il prétend être.

Tentation ultime pour Jésus. Il pourrait le faire. Il pourrait renoncer à se donner jusqu’au bout pour se reprendre maintenant, et faire éclater aux yeux du monde sa puissance. Il pourrait faire tomber le feu du ciel sur ces pharisiens et ces soldats qui ont son sang sur leurs mains. Une armée d’anges pourrait venir à son secours, comme Il le rappelait à St Pierre. Mais non. Jésus se tait. « Père, pardonne-leur… ils ne savent pas… ». Jésus continue d’aimer.

La puissance de Dieu va se manifester dans le don total, dans cet Amour offert jusqu’au bout. Jésus est Roi car Il terrasse le mal, non pas en le supprimant, mais en l’affrontant jusqu’à en être victorieux dans notre vie. Cette victoire s’aperçoit déjà pour le « bon larron ». Jésus par la puissance de sa miséricorde fait de ce criminel le premier saint de l’histoire. Voilà comment se manifeste réellement la puissance du Seigneur. Non dans le fracas ou la vengeance, mais dans notre vie, dans l’intime de notre âme, quand elle se laisse aimer et sauver. La puissance de Dieu, c’est sa miséricorde…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 20 novembre 2016

Il y a un an ce dimanche, notre pays subissait une attaque sans précédent. Les attentats de Paris – les plus meurtriers depuis la 2ème guerre mondiale – faisaient 130 morts et plus de 400 blessés. Paris, « la capitale qui porte la bannière de la Croix » selon les mots de l’Etat Islamique, était frappée en plein cœur. La France, dans sa diversité et son identité, était visée. Depuis, la guerre n’a pas cessé.

Des policiers à Magnanville, des familles et des enfants à Nice, un prêtre à Saint Etienne du Rouvray ont été assassinés par les barbares. Des soldats français sont morts au loin en luttant contre les foyers de ce terrorisme qui nous frappe ici.

C’est en faisant mémoire de ces évènements, de toutes ces victimes, que nous entendons l’évangile d’aujourd’hui. Comment ne pas l’entendre avec une émotion particulière ? Pourtant l’annonce des persécutions et des guerres ne doit pas nous faire perdre la paix du cœur : « ne soyez pas terrifiés » dit Jésus. Le Seigneur veille, et compte sur notre persévérance. Voilà la plus belle réponse que Jésus nous indique au déchaînement du mal : notre fidélité à croire et à rendre témoignage. Voilà même la fécondité sans doute que Dieu donnera à ces épreuves : « Cela vous amènera à rendre témoignage » explique Jésus.

Le démon se déchaîne, mais se trompe et se prend à son propre piège. Nous sortirons plus fervents de ces temps troublés, et des vrais témoins se lèveront. Beaucoup de nos compatriotes éprouvés, troublés, touchés auront besoin de trouver auprès de nous cette espérance et cette force d’âme qui nous font tenir debout. C’est le service urgent que nous avons à rendre à notre pays aujourd’hui.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 13 novembre 2016

La première lecture de ce dimanche nous raconte le martyre de sept frères, préférant mourir que renier les commandements de Dieu. En écoutant leurs dernières paroles, nous sommes frappés de discerner, et leur attachement à la vie, et leur volonté de la sacrifier par fidélité au Seigneur. Ils savent que leur vie vient de Dieu, et qu’en la lui offrant, ils recevront de Lui la Vie. Leur espérance en la vie éternelle et en la résurrection – des années déjà avant Jésus-Christ – les rend libres intérieurement et prêts à tout donner.

Quel est notre regard sur notre vie ?

Avons-nous conscience qu’elle est avant tout un don de Dieu ? Quelles que soient les difficultés ou les blessures de cette vie, elle reste un don de Dieu. Toute vie en ce sens est infiniment précieuse. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Si j’ai reçu cette vie, cela veut dire que je n’en suis ni l’origine, ni le maître absolu, ni même la finalité. Pour qui et pour quoi l’ai-je reçue ?  Que vais-je en faire ? Dans la vie spirituelle, on reçoit toujours pour donner. Chaque jour nouveau m’est donné pour que je me donne. Je ne peux choisir combien de jours me seront donnés. Je ne peux non plus décider de refuser ce nouveau jour. Il me faut accueillir et consentir pour mieux offrir. Il y a différentes façons d’offrir sa vie : le martyr offre sa vie d’un coup pour plus grand que lui. L’époux, l’épouse, le consacré offre sa vie le jour du grand « oui ». On peut aussi offrir sa vie chaque jour en servant, aimant, priant, s’engageant. Le choix profond qu’il nous faut refaire chaque matin est bien celui-ci : cette journée, vais-je la vivre pour moi, ou pour Dieu et mes frères ? Suis-je prêt à me donner, à tout donner, à donner cet aujourd’hui ?

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 9 novembre 2016

Il y a de multiples raisons de s’inquiéter de l’avenir, ou de se lamenter de la situation présente de notre pays, de nos familles, de nous-mêmes peut-être. Beaucoup d’entre nous sont éprouvés. Beaucoup autour de nous perdent pied, connaissent des échecs, sont en difficulté. L’état de notre âme n’est pas toujours réjouissant, nous tombons souvent, nous traversons des temps d’aridité spirituelle, l’ennui ou la paresse pèsent lourd…

Tout cela est vrai.

Mais levons les yeux ! La fête de la Toussaint nous rappelle que nous sommes en pèlerinage. Tout ce que nous pouvons constater ou éprouver, nous le traversons. Tout passera, seul Dieu est absolu. Nous marchons – souvent péniblement, parfois allégrement – vers un Bonheur véritable et éternel pour lequel nous sommes faits. L’Eglise veut nous aider à ne pas perdre de vue ce bonheur des saints auquel nous sommes appelés. Nous sommes faits pour voir Dieu, pour vivre avec Dieu, libérés de toute épreuve et de tout mal.

Cela ne doit pas nous désengager de la terre. C’est au contraire notre fidélité à servir, aimer, nous donner au cours de ce pèlerinage, qui nous prépare au Ciel et nous en ouvrira les portes. Mais le chrétien, s’il garde les pieds sur terre, a déjà son âme tournée vers le but : ce Ciel qui est sa Patrie céleste, la terre promise véritable pour laquelle il continuera avec joie et courage sa marche. Qu’à la prière de tous les Saints qui nous ont précédés, le Seigneur nous donne un cœur de pèlerin, qui a soif du Ciel et qui apprend à aimer le chemin qui y mène.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 16 octobre 2016