Ces quelques jours d’enneigement nous ont donné de vivre une expérience particulière : celle de la vulnérabilité. La première région de la 5ème puissance mondiale qu’est notre pays se retrouve paralysée par 10 cm de neige. Je ne veux pas relativiser les vraies difficultés que cela a pu occasionner à certains. Je mesure simplement pour vous comme pour moi combien nous ne sommes pas habitués à faire face à l’imprévu, à ne pas tout maîtriser, à ne pas tout décider. Nous restons vulnérables. Est-ce une mauvaise nouvelle ? Pas forcément. Cette vulnérabilité nous a forcés à nous entraider. Elle nous oblige à savoir lâcher prise, à consentir à ne pas pouvoir tout réaliser. Nous avons besoin des uns et des autres. L’expérience de la fragilité nous ouvre à l’autre.
Cette question est au cœur des débats autour des révisions des lois de bioéthique. La tentation est forte de vouloir dépasser toutes les limites imposées par la nature, jusque dans les mystères mêmes de la vie comme de la mort. L’homme parfait, un monde parfait, serait-ce vraiment une bonne nouvelle ? Y aurions-nous encore notre place ? Un monde sans fragilités ni limites ? Cette tentation de toute puissance est forte. Elle n’est pas sans rappeler la séduction du démon dans le livre de la Genèse : « si vous prenez de ce fruit, vous serez comme des dieux ! » Consentir à ses limites, à sa vulnérabilité, revient au fond à consentir à son état de créature ne pouvant se passer de son Créateur. Mais c’est aussi se découvrir aimé tel qu’on est, y compris dans sa fragilité. C’est aussi se découvrir invité à aimer son prochain qui a besoin de nous comme nous avons besoin de lui. Bienheureuse fragilité qui nous relie les uns aux autres et nous appelle au service !
Père Pierre-Hervé GROSJEAN+
Edito du 11 février 2018