Les éditos du Curé

Tout ce 3ème dimanche de l’Avent est marqué par la joie. Une joie annoncée, promise… dans un contexte pourtant difficile. Sophonie s’adresse à un peuple qui subit de lourdes épreuves, conséquences de son infidélité à Dieu. Paul s’adresse à des chrétiens qui subissent la persécution comme dans tout l’empire romain. Avant lui, Jean-Baptiste annonce le sauveur et appelle le peuple à se préparer… alors même que le pays est occupé.

Encore aujourd’hui, la joie du Salut se laisse accueillir au cœur même de nos difficultés, de nos épreuves. Il ne s’agit pas de « les oublier » le temps de Noël… mais bien de célébrer Noël, d’accueillir la grâce de joie et de consolation que porte ce temps, au cœur même de nos épreuves et de nos combats. La foi ne vise pas à nous faire fuir le réel ou à nous le faire oublier. La foi n’est pas « l’opium du peuple » pour reprendre l’expression de Marx. La foi nous donne de vivre ce réel en nous découvrant accompagnés et rejoints par le Seigneur. La foi nous porte même à nous engager au cœur de ce monde réel, pour permettre que la Promesse se réalise pour tous. La foi nous aide à comprendre et à voir ce réel comme Dieu le comprend et le voit, comme le lieu de la réalisation de la Promesse.

Que cette fête de Noël nous apporte la joie de la foi, la joie et la paix intérieure apportées par l’Enfant Roi, la joie et la paix du cœur qui résistent à tous les découragements et demeurent malgré toutes nos faiblesses.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 16 décembre 2018

Ces paroles du prophète Baruc annoncent le retour à Jérusalem du peuple emmené en exil. Les fils et les filles d’Israël reviennent, Dieu les ramène. Le Seigneur est intervenu. Jean-Baptiste annonce lui aussi l’intervention du Seigneur, et demande au peuple de s’y préparer. Les détails historiques que donne l’évangile soulignent que Dieu est entré dans l’histoire des hommes, à un moment bien précis… « Le jour du Christ » qu’évoque Saint Paul. L’Avent nous prépare à célébrer cet événement, mais nous fait aussi attendre ce retour du Christ en gloire, dernière et ultime intervention de Dieu dans l’histoire du monde.
Aujourd’hui, Dieu intervient-il encore ? Bien sûr. Dieu ne cesse d’agir. Comment ? Par les sacrements, il visite cette terre encore et toujours.
Il vient habiter les cœurs et nos tabernacles, non pour se tourner les pouces mais pour faire son œuvre de sanctification… pour autant que nous le laissions agir. Dieu intervient en inspirant ceux qui le prient. Leur action trouve une nouvelle fécondité, elle peut réellement transformer le cours de l’histoire. Croyons-nous vraiment à cela ? Les baptisés sont les mains et les pieds du Christ, pour agir et parcourir ce monde encore aujourd’hui ! « Vous êtes le corps du Christ ! » : c’est concret ! Dieu veut intervenir à travers nous. Dieu intervient enfin – même si c’est plus rare – de façon extraordinaire, en suscitant dans notre histoire des saintes comme Jeanne d’Arc par exemple, ou en pesant sur le cours des évènements comme lors de la bataille de Lépante, dont la victoire fut le fruit de la prière du rosaire partout en Europe, ou celle de Tolbiac qui vit la conversion de Clovis.
Rien ne nous interdit de prier et d’intercéder dans les périodes de troubles pour que le Seigneur se manifeste d’une façon ou d’une autre…
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 9 décembre 2018

Nous faisons tous l’expérience dans notre vie de temps d’attente. Certains ne sont pas exaltants… Attendre son tour au guichet de la poste ou de pouvoir avancer au cœur des embouteillages matin et soir est vraiment pénible ! A part nous faire travailler la vertu de patience
(ce qui est déjà pas mal…), ces moments n’ont pas grand intérêt.
Tout autres sont ces temps d’attente qui creusent en nous un beau désir. Le jeune homme qui s’apprête à se déclarer à celle qu’il aime, l’épouse qui attend son époux de retour de mission, le jeune couple qui prépare la naissance de son enfant, les amis qui attendent le retour d’un des leurs, après de longs mois à l’étranger… l’absence de celui qu’on attend, ou du bonheur qu’on espère, est comme déjà apaisée par la joie qui s’annonce. On semble goûter celle-ci un peu, on l’anticipe, on l’imagine. Cette joie nous porte et nous fait espérer. Il y a aussi des attentes plus angoissées, plus inquiètes, plus douloureuses bien sûr. L’avent est une attente bienheureuse, même si elle peut se mêler d’inquiétudes. L’avent nous fait désirer d’un ardent désir la venue de l’aube, au cœur de notre nuit. Il nous fait tendre de tout notre être vers Celui qui vient. L’avent creuse en nous le désir de cette rencontre, et nous fait grandir dans l’attitude du veilleur. Ce temps forme en nous un cœur qui attend, espère, prie et se prépare. C’est la grâce qu’il nous faut demander, pour que le Seigneur se découvre attendu quand Il viendra. Sa Joie sera alors grande, et la nôtre décuplée.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 2 décembre 2018

En cette solennité du Christ Roi, qui vient clôturer l’année liturgique, nous célébrons Jésus-Christ en le reconnaissant comme notre Roi. « Cette royauté n’est pas de ce monde », comme Jésus lui-même le précisera. Il nous évite ainsi d’attendre de Lui ce qu’on doit attendre « des princes de la terre », ou de Lui reprocher ce qui est la conséquence de l’infidélité ou du péché de ces mêmes princes.
Mais cette royauté est réelle et éternelle. Elle est établie par Dieu le Père, comme l’évoque dans une vision le prophète Daniel. Il nous revient de la reconnaître. Très concrètement, dans notre vie, tout de notre vie doit lui être soumis. Tout lui appartient. Rien dans la vie d’un chrétien n’est indifférent à Jésus, ou ne peut être vécu sans Lui.
« Dieu premier servi » rappelait Jeanne d’Arc. Cette soumission, cette obéissance est appelée à être librement choisie. Surtout, il nous faut découvrir qu’elle est source de joie et de bonheur véritable. Jésus n’exerce pas une domination écrasante, infantilisante, humiliante sur ses sujets. « Il a fait de nous un royaume » : le servir nous donne une dignité magnifique. Nous associant à Lui, il fait de nous ses frères. Nous devenons fils de Roi avec Lui, cohéritiers du Père, enfants du même Dieu. Jésus nous revêt de sa sainteté. En nous reconnaissant de son Royaume, en le laissant régner dans notre vie, nous sommes appelés à passer de « serviteurs » à « amis » du Roi. Par son sang versé et sa vie offerte pour ces sujets, ce Roi nous appelle à cette immense dignité, celle de fils d’un même Père, de son Père.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 25 novembre 2018

Toutes les lectures de ce dimanche nous font lever les yeux au Ciel, nous font porter notre regard au loin… vers la réalisation de la Promesse : l’avènement de notre Sauveur, son retour dans la Gloire, son règne dans les cœurs et sur tout l’univers.
Cela n’ira pas sans combats ni troubles. La bête qui se sait condamnée donne les derniers coups de griffe, elle est dangereuse. Ces épreuves et ce mal qui se déchaînent le prouvent. Mais les ennemis de Dieu seront un jour définitivement vaincus et sans plus aucun pouvoir. La mort elle-même ne sera plus.
Quand ?! Nul ne le sait, mais ces temps sont les derniers. Depuis l’Ascension, nous sommes entrés dans la dernière étape de l’histoire de l’humanité. Cet entre-deux mystérieux, entre le vendredi Saint et le matin de Pâques – la victoire du Christ est assurée – et son retour en Gloire – la victoire du Christ sera manifestée à tous. C’est fait, mais ce n’est pas encore manifesté. La promesse est donnée, elle a été signée par Jésus de son sang. Mais doit encore venir le jour où tout sera réalisé visiblement. Nous sommes en ce sens dans les derniers temps, depuis 2000 ans. Temps de l’attente, temps des veilleurs. Temps de l’Espérance, qui nous fait tenir debout et confiants au cœur de ce monde troublé. Chaque messe célébrée « en attendant qu’Il revienne » nous rappelle cette vérité-là, et en fait de nous les témoins pour ce monde.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 18 novembre 2018

Notre pays honore aujourd’hui ses fils qui sont morts lors de la grande guerre. A ce devoir de mémoire s’ajoute, pour nous chrétiens, le soin de prier pour ces défunts. La guerre est terrible, elle est toujours un drame. Elle est aussi le lieu où se révèlent les uns et les autres. L’évangile de ce dimanche éclaire d’une certaine façon cette réalité. Cette veuve que loue Jésus a donné non pas son superflu, mais tout ce qu’elle avait. Beaucoup de riches eux se sont contentés de leur superflu. Cette femme a donné « tout ce qu’elle possédait ». En faisant cela, elle se révèle et Jésus la donne en exemple.
Combien de jeunes ont donné pour notre pays « tout ce qu’ils avaient » ? Ils étaient pauvres eux aussi. Pauvres comme chacun de nous, de leurs faiblesses, de leurs limites, de leurs péchés. Loin d’être des saints, comme pour beaucoup d’entre nous ! Ils ne possédaient, dans les tranchées, plus que leur vie. Quand il fallut monter à l’assaut, aller secourir le camarade blessé sous les balles ennemies, se proposer pour la mission si risquée, défendre mètre par mètre la tranchée, ils n’ont pas compté. Ils ont tout donné. Je suis certain que Dieu – au cœur de cet enfer créé par l’orgueil des hommes – s’est laissé toucher par le sacrifice de ces jeunes, donnant leur vie pour le camarade d’à côté ou pour que restent français et libres une mère, un père, des enfants, une fiancée ou une épouse qu’ils avaient laissés…
L’homme est capable de révéler le meilleur de lui-même quand il consent à tout donner, à se donner lui-même au service de ce qui est vrai et juste, de ce qui est grand et bon. Dans cette offrande, Dieu reconnaît quelque chose de celle de son Fils. Aussi permet-il que ce sacrifice – qu’il soit sanglant ou non, immédiat ou dans la durée – ne reste pas sans porter du fruit.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 11 novembre 2018

Nous allons au cœur de ces vacances scolaires célébrer la fête de la Toussaint. Nous allons célébrer l’œuvre de sainteté réalisée par Dieu dans la vie de celles et ceux qui sont auprès de Lui. Chaque vie de saint est un chef d’œuvre de la grâce. Avec l’argile de notre humanité blessée, le Seigneur est capable de réaliser de vrais chefs-d’œuvre de sainteté. C’est ce que nous admirons dans la vie des saints : le travail patient et inlassable de Dieu. C’est ce que nous demandons aussi pour nous : la grâce de savoir nous rendre disponibles à ce que Dieu veut réaliser en nous.

« Celui qui veut être grand »… c’était l’ambition de St Jean et de St Jacques. Ambition légitime ! Bienheureux ceux qui ont de grands désirs, surtout à 20 ans ! Bienheureux encore plus ceux qui ne se trompent pas sur ce qui est réellement « grand » ! Jésus ne bride pas les grands désirs de ces deux jeunes apôtres, mais les questionne. Quelle finalité ? Quels moyens ? Pour qui et pour quoi veux-tu être « grand » ? Comment le seras-tu ?

Un saint, c’est celui qui a compris cela : à la suite du Christ, il a compris qu’il serait « grand » en se faisant serviteur de tous, dans la vie qui est la sienne. Ce qui est « grand », c’est de mettre sa vie au service de tous. La preuve, le Fils de Dieu lui-même « n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie »… Voilà ce que Jésus veut nous aider à faire, en travaillant peu à peu notre cœur : il nous rend capable d’offrir notre vie, de nous donner et de tout donner, « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Un grand saint est toujours un grand serviteur.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 21 octobre 2018

« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » Une fois de plus, Jésus ne fait pas dans la nuance. Les disciples sont « de plus en plus déconcertés » et finissent par penser que ce que le Maître propose semble être un chemin inaccessible.

Jésus vient de voir un jeune homme riche refuser de répondre à l’appel « parce qu’il avait de grands biens ». Il proposait à ce jeune pourtant désireux d’une vie sainte d’être un apôtre de plus. Il aurait été un deuxième saint Jean ! Et ce jeune est passé à côté, il n’a pas saisi la main tendue ni la proposition magnifique d’entrer dans le royaume de Dieu en participant à sa venue, simplement parce qu’il a été incapable de tout lâcher. Son cœur n’était pas libre. Le problème n’est pas ce qu’on possède ni même le fait même de posséder quelque chose. La question est celle de notre liberté intérieure vis-à-vis de ce qu’on possède. Evidement, plus on est riche (quel que soit le type de richesses : matérielles, intellectuelles, relationnelles, culturelles, etc…) plus on peut avoir du mal à cultiver cette liberté intérieure. On y tient « plus que tout ». Alors qu’un seul peut réclamer le tout de notre cœur : Dieu.

Cette liberté intérieure qui nous rend capable de suivre les appels du Christ dans notre vie n’est pas d’abord le fruit de notre ascèse. Ce n’est pas à coup de « régime forcé » qu’on passera la porte. C’est avant tout un don de Dieu à recevoir, en le laissant nous libérer de nos peurs. Si nous sommes agrippés à nos sécurités humaines, c’est bien parce que nous avons peur de beaucoup de choses : peur de manquer, peur de l’échec, peur de l’avenir, peur de ne pas être à la hauteur, peur de Dieu même, et de ce qu’Il pourrait nous demander. Si le jeune homme avait regardé Jésus plus longuement, s’il avait pris le temps de vivre à ses côtés, nul doute que ses craintes se seraient apaisées. Il aurait compris la joie et la mission à laquelle il était appelé. Il aurait découvert à quel point il était aimé. Il aurait compris que Dieu seul suffit. Et que ce Dieu avait confiance en lui…

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 14 octobre 2018

Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur la vocation conjugale. On peut parler de vocation naturelle quand on évoque le mariage. Il y a bien en effet un appel à l’amour conjugal inscrit dans notre nature humaine, comme le Livre de la Genèse nous aide à le découvrir. Remarquons que dans ce récit se révèle l’égale dignité de l’homme et de la femme, à travers l’émerveillement d’Adam découvrant Ève, « la chair de sa chair ». Cet amour conjugal amène les époux à s’attacher fidèlement l’un à l’autre, et à ne faire plus qu’un.

On comprend mieux pourquoi Jésus renvoie à ce projet initial de Dieu, quand on l’interroge sur la possibilité de répudier sa femme. Cette possibilité n’est pas ajustée à ce que Dieu a voulu pour le couple : la fidélité, l’unité, l’égale dignité aussi. Jésus veut nous rendre capables de ce que Dieu a voulu à l’origine. Il va même aller plus loin, faisant du mariage une vocation à la sainteté, un chemin de sainteté, un sacrement qui rend saint.

Le célibat consacré n’est donc pas « naturel » en soi, il est surnaturel, c’est à dire une réponse à un appel du Seigneur. Il y a un réel manque, parfois douloureux, mais auquel le ou la consacré(e) consent librement, pour aimer autrement. Sa mission donne un sens à ce célibat.

Le célibat non choisi ou la solitude que beaucoup vivent sans l’avoir voulue est bien souvent une épreuve. L’enjeu est alors de vivre l’expérience du don de soi autrement, laissant ce « creux » se remplir par une autre présence, celle du Sauveur.

Bien sûr, ici-bas nous essayons – chacun avec ce que nous portons – de correspondre de mieux en mieux à ce projet de Dieu. Lui-même se plaît à y travailler, en nous transformant peu à peu, en réparant aussi les blessures que ce projet a pu subir. Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés à une vie donnée ! Et c’est bien aussi en cela que nous sommes créés à l’image de Dieu, appelés à aimer.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 7 octobre 2018

Les textes de ce dimanche sont d’une radicalité impressionnante, excessive presque. Même les curés les plus exigeants n’oseraient pas dire cela en chaire… Du coup, on se dit qu’il faut « interpréter »… et on a raison ! La Parole de Dieu s’écoute toujours à l’école de l’Église, qui nous aide à comprendre de façon juste ce que Dieu veut nous dire. Mais il ne faudrait pas pour autant édulcorer et trop vite neutraliser ces paroles de l’Écriture, en les vidant de tout leur sens, de toute leur force : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes ». (He 4, 12-13) Derrière les mots passionnés de Jésus ou de Saint Jacques, il faut entendre l’angoisse du Salut et le souci des âmes. La Parole nous réveille et nous bouscule, elle nous empêche de nous installer dans le péché et nous encourage dans nos combats. Mais cette radicalité ne s’entend pas seulement dans la condamnation du mal et la lutte contre le péché. Elle se retrouve aussi et d’abord dans l’Amour dont nous avons été aimés. Dieu ne nous a pas aimés à moitié ! Elle se retrouve aussi dans la valeur que donne le Seigneur même au plus petit des actes de charité…  Cette radicalité s’entend dans la soif que soit annoncé le nom de Jésus, le seul nom qui sauve et guérit, malgré les limites de ceux qui le prononcent. Jésus ne nous a pas aimés à moitié. N’aimons pas à notre tour à moitié. Ne le suivons pas à moitié. Ne l’annonçons pas à moitié : « Seigneur Jésus apprenez nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter… »

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 30 septembre 2018