Les éditos du Curé

Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur la vocation conjugale. On peut parler de vocation naturelle quand on évoque le mariage. Il y a bien en effet un appel à l’amour conjugal inscrit dans notre nature humaine, comme le Livre de la Genèse nous aide à le découvrir. Remarquons que dans ce récit se révèle l’égale dignité de l’homme et de la femme, à travers l’émerveillement d’Adam découvrant Ève, « la chair de sa chair ». Cet amour conjugal amène les époux à s’attacher fidèlement l’un à l’autre, et à ne faire plus qu’un.

On comprend mieux pourquoi Jésus renvoie à ce projet initial de Dieu, quand on l’interroge sur la possibilité de répudier sa femme. Cette possibilité n’est pas ajustée à ce que Dieu a voulu pour le couple : la fidélité, l’unité, l’égale dignité aussi. Jésus veut nous rendre capables de ce que Dieu a voulu à l’origine. Il va même aller plus loin, faisant du mariage une vocation à la sainteté, un chemin de sainteté, un sacrement qui rend saint.

Le célibat consacré n’est donc pas « naturel » en soi, il est surnaturel, c’est à dire une réponse à un appel du Seigneur. Il y a un réel manque, parfois douloureux, mais auquel le ou la consacré(e) consent librement, pour aimer autrement. Sa mission donne un sens à ce célibat.

Le célibat non choisi ou la solitude que beaucoup vivent sans l’avoir voulue est bien souvent une épreuve. L’enjeu est alors de vivre l’expérience du don de soi autrement, laissant ce « creux » se remplir par une autre présence, celle du Sauveur.

Bien sûr, ici-bas nous essayons – chacun avec ce que nous portons – de correspondre de mieux en mieux à ce projet de Dieu. Lui-même se plaît à y travailler, en nous transformant peu à peu, en réparant aussi les blessures que ce projet a pu subir. Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés à une vie donnée ! Et c’est bien aussi en cela que nous sommes créés à l’image de Dieu, appelés à aimer.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 7 octobre 2018

Les textes de ce dimanche sont d’une radicalité impressionnante, excessive presque. Même les curés les plus exigeants n’oseraient pas dire cela en chaire… Du coup, on se dit qu’il faut « interpréter »… et on a raison ! La Parole de Dieu s’écoute toujours à l’école de l’Église, qui nous aide à comprendre de façon juste ce que Dieu veut nous dire. Mais il ne faudrait pas pour autant édulcorer et trop vite neutraliser ces paroles de l’Écriture, en les vidant de tout leur sens, de toute leur force : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes ». (He 4, 12-13) Derrière les mots passionnés de Jésus ou de Saint Jacques, il faut entendre l’angoisse du Salut et le souci des âmes. La Parole nous réveille et nous bouscule, elle nous empêche de nous installer dans le péché et nous encourage dans nos combats. Mais cette radicalité ne s’entend pas seulement dans la condamnation du mal et la lutte contre le péché. Elle se retrouve aussi et d’abord dans l’Amour dont nous avons été aimés. Dieu ne nous a pas aimés à moitié ! Elle se retrouve aussi dans la valeur que donne le Seigneur même au plus petit des actes de charité…  Cette radicalité s’entend dans la soif que soit annoncé le nom de Jésus, le seul nom qui sauve et guérit, malgré les limites de ceux qui le prononcent. Jésus ne nous a pas aimés à moitié. N’aimons pas à notre tour à moitié. Ne le suivons pas à moitié. Ne l’annonçons pas à moitié : « Seigneur Jésus apprenez nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter… »

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 30 septembre 2018

A la suite de la lecture de l’exhortation apostolique du Pape François « Gaudete et Exultate », nous avons choisi avec le Conseil Pastoral de vous proposer de méditer cette année notre vocation commune à la sainteté. Dès le premier chapitre de son exhortation, le Pape fixe le cap : « Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. »

Beaucoup sont très forts pour analyser les crises que traversent l’Eglise ou notre pays, d’autres passent beaucoup de temps à se plaindre du monde actuel, d’autres encore élaborent des stratégies compliquées pour l’avenir ou rêvent du passé.

Pour nous, nous voulons simplement et plus concrètement prendre au sérieux notre vocation de baptisés. Il n’y a pas d’autres solutions ni réponses au mal que d’être des saints. Ce monde n’a besoin que de cela, l’Eglise ne sert qu’à cela, et seule une sainteté en actes, au quotidien, peut toucher les cœurs de nos contemporains. Sur ce chemin, nous trouverons notre bonheur et nous ferons celui de ce monde.

C’est le souhait que je fais pour nous tous, qui viendra éclairer les différentes initiatives de l’année mais aussi notre façon de vivre en paroisse : que notre communauté paroissiale aide chacun à vivre sa vocation, et soit une source, un oasis, auprès duquel se renouvelle et se ravive notre désir d’être saint dans notre vocation… « pour la gloire de Dieu et le salut du monde » !

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 23 septembre 2018

On assiste dans l’évangile de ce dimanche à une violente altercation entre Pierre et Jésus. C’est un événement à la fois assez rare et impressionnant. Qu’est-ce qui suscite ainsi la colère de Jésus et ses mots très durs ? Jésus vient d’annoncer sa Passion. Pierre, qui vient pourtant d’affirmer le premier qu’il était le Christ, se permet de lui faire de vifs reproches : comment imaginer que le Messie se laisse crucifier ? Comment imaginer que cette aventure extraordinaire qui dure depuis trois ans se termine dans un tel abaissement ? Comment supporter l’idée même de la croix ? C’est là une réaction très humaine, qui pourrait être la nôtre. Combien de fois sommes-nous tentés d’imaginer ou de rêver un christianisme sans la croix ? Un christianisme plus facile, qui ne nous demanderait pas de tout donner, de nous donner à ce point ? Une foi sans renoncements ni sacrifices, une foi chrétienne qui ne nous mettrait pas à contre-courant du monde ? Nous sommes tentés de gommer la croix de notre vie, ou de reprocher au Seigneur sa présence dans notre vie. Pierre, chargé d’affermir ses frères dans la foi, ne peut pas succomber à cette tentation. Jésus le reprend durement, et prévient chacun : pour être sauvé, pour Lui permettre d’être victorieux du péché en nous, il faut Le suivre et prendre son chemin. Or le chemin qui débouche sur Pâques, passe nécessairement par le calvaire, le don de sa vie, l’offrande de soi… Il n’est possible qu’avec Jésus. Ce chemin est rude, escarpé mais beau et fécond.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 16 septembre 2018

Le prophète Isaïe annonce « la revanche de Dieu », la « vengeance » qui vient. Ces expressions peuvent nous sembler étonnantes et même effrayantes. Quel serait donc ce Dieu qui se « venge » ? Quelle est donc cette « vengeance » que le prophète promet pour rassurer « ceux qui s’affolent » ? Il s’agit en fait de la revanche de Dieu contre le mal, qui blesse la création et cause tant de souffrances, tant de tourments dans les cœurs. Dieu n’est pas indifférent à nos épreuves. Dieu ne reste pas « tranquille » au Ciel. « Il vient lui-même pour nous sauver ». Voilà la revanche : c’est l’Amour qui s’incarne, c’est Jésus qui vient affronter le mal et le vaincre sur la croix. Dieu descend dans l’arène de ce monde, et livre bataille contre tout ce qui détruit le cœur de l’homme et son bonheur. Cette lutte est victorieuse, nous le savons depuis le vendredi saint et le matin de Pâques. Les effets de cette victoire ne sont pas encore complets ni visibles totalement. Mais la promesse est faite, sa réalisation est actée : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds… La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes.» Retenons ces mots comme un encouragement ardent de Dieu pour chacun de nous. Si le mal peut nous atteindre, Dieu ne le laissera jamais tout puissant. Le combat spirituel qui peut nous traverser, n’aura qu’un seul vainqueur – Jésus – si nous lui permettons d’agir en nous. Et cette victoire de la Miséricorde sera la plus belle des revanches…

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 9 septembre 2018

« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »
Ces quelques mots de Saint Jacques dans la 2ème lecture de ce dimanche, viennent éclairer notre rentrée et nous donner un axe pour les prochaines semaines. Ces derniers jours, l’Eglise a de nouveau traversé de sérieuses tempêtes. Je ne sous-estime pas le trouble que ces tourmentes peuvent causer dans le cœur des fidèles, et même au-delà. Ce trouble est légitime. Mais que faut-il faire ? S’associer aux commentateurs et autres spécialistes, si sûrs de savoir ce que l’Eglise devrait dire et faire ? Laisser l’agitation nous gagner et le doute s’installer ? Non. Il nous faut au contraire revenir au cœur de notre foi : ce que Dieu a dit, ce que Dieu nous donne, ce que Dieu nous appelle à vivre. Voilà ce qui dépend de nous, simples fidèles et curé : écouter la Parole de Dieu, essayer de la vivre. Nous sommes attendus là. Je crois au fond que c’est surtout cela dont le monde a besoin : des chrétiens qui vivent en chrétiens. A chaque fois que nous ne vivons pas selon l’Evangile, nous risquons de blesser nos frères, de nous blesser, de blesser le visage de l’Eglise. La sainteté et le rayonnement de l’Eglise ne dépendront pas d’abord de nouvelles structures ou d’une meilleure communication (même si c’est important !), mais de notre conversion, de notre désir de sainteté, de notre persévérance à aimer, servir et prier. Je vous souhaite à tous une belle rentrée, en comptant sur chacun pour bien accueillir les nouveaux arrivants. Qu’ils puissent découvrir l’esprit de famille que nous essayons de cultiver ici !

Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 2 septembre 2018

La communauté paroissiale va sans doute un peu se disperser dans les semaines qui viennent. Beaucoup d’entre nous auront la chance de partir un peu, plus ou moins loin, pour vivre un temps de vacances. D’autres resteront ici, avec un rythme souvent un peu allégé pendant ces deux mois d’été. Je me permets de vous partager trois souhaits :
 Essayons de continuer à prier les uns pour les autres. Cette communion de prière est précieuse, elle nous permet de rester unis autour du Seigneur. Que notre éloignement géographique ne devienne pas une indifférence. Nous appartenons à une paroisse, et par là à l’Église qui est une famille. N’oublions pas cette appartenance, même et surtout quand nous sommes séparés. Priez pour votre curé aussi, qui prie pour vous.

 Prenons du temps gratuit avec chacun de nos proches : conjoint, enfants, petits-enfants, frères et sœurs, parents, filleuls, neveux et nièces… les vacances sont un temps propice à la transmission. On a le temps de partager, d’éduquer, d’expliquer, de raconter… C’est aussi un temps pour resserrer les liens et les cultiver.

 Reprenons le temps de lire. L’envahissement des écrans rend de plus en plus difficile pour beaucoup d’entre nous cet effort de la lecture. Il nous faut pourtant nourrir notre âme et notre intelligence par de belles lectures, qui élèvent et stimulent.
Que le Seigneur veille sur chacun de nous, en attendant la joie de nous retrouver à la rentrée pour une nouvelle année, pleine de projets ! Je vous garde bien fidèlement dans ma prière…
Père Pierre-Hervé GROSJEAN+
Edito du 1er juillet 2018

L’Église célèbre ce dimanche la solennité de St Jean-Baptiste, le dernier prophète donné à Israël pour préparer les cœurs à accueillir le Seigneur. Sa vocation éclaire la nôtre. Jean-Baptiste est connu pour être celui qui a désigné « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Il a encouragé les uns et les autres à se préparer à la venue du Sauveur, puis à le reconnaître et le suivre.

C’est le cœur de notre mission d’apôtre et de prophète dans ce monde. Jésus encore aujourd’hui a besoin de précurseurs. Pour qu’Il soit connu, accueilli et aimé, pour qu’Il puisse sauver, il faut des serviteurs qui préparent ses chemins, qui aplanissent toutes les réticences ou les peurs qui empêchent les cœurs de s’ouvrir, qui annoncent Celui qui seul peut sauver. Il faut des Jean-Baptiste dans nos classes, nos entreprises, nos quartiers, nos groupes d’amis, des chrétiens qui sachent amener au Christ puis s’effacer ensuite.

C’est aussi de façon encore plus explicite le cœur de la vocation du prêtre. Le prêtre ne sauve personne lui-même, mais montre le Sauveur à ceux qui le cherchent. Le prêtre est au service de cette rencontre de chacun de nous avec le Christ. Le prêtre nous offre de vivre cette rencontre dans les sacrements et l’écoute de la Parole de Dieu. On peut même dire que le prêtre va plus loin que Jean le Baptiste. Non seulement le prêtre montre Jésus, mais il peut nous donner Jésus. Non seulement il annonce la rémission des péchés, mais il peut nous donner ce pardon promis…

Prions pour nos 5 prêtres ordonnés ce dimanche. Qu’ils aient l’ardeur et l’humilité du Précurseur. Qu’ils se sentent attendus, accueillis et portés dans la prière par tout un peuple. Nous avons besoin d’eux pour nous aider chacun à vivre notre mission.

Père Pierre-Hervé GROSJEAN+

Edito du 24 juin 2018

 

 

Saint Paul exprime bien les deux sentiments qu’éprouve le chrétien.
A la fois, il aimerait être déjà avec le Seigneur, dans la « claire vision », mais pour l’instant il met son cœur à accomplir sa mission ici-bas, avec ce corps qui est le sien, sa pauvre et belle humanité qui lui a été donnée. Il doit aimer, en faisant le bien. Il sait d’ailleurs qu’il lui faudra au soir de sa vie rendre compte de ce bien qu’il a fait ou non…  Il ne voit pas le but, mais il fait confiance, et « chemine dans la foi ». Son ambition, c’est tout simplement « de plaire au Seigneur ».

Il nous faut cultiver ce regard à la fois simple et plein de foi sur notre existence. Nous sommes des pèlerins. Comme tout pèlerin, nous désirons parvenir au but. Mais nous connaissons aussi l’importance de ce « cheminement » pour y arriver. Ceux qui ont marché vers Rocamadour, St Jacques de Compostelle ou Vézelay savent bien qu’au fond, le chemin nous prépare à accueillir la joie de toucher au but du pèlerinage. Nous avons besoin de ce chemin. Il nous forme, nous convertit, nous façonne et nous rend prêts à entrer dans le sanctuaire longtemps attendu. Qu’il soit encore le temps de marcher, ou que l’heure vienne pour ce pèlerinage de toucher à sa fin, notre seul désir est de plaire au Seigneur. Nous savons que Lui prend soin de nous, et nous accompagne. Il est à l’œuvre et comme le dit l’évangile, sa vie est semée, sa vie grandit en nous, dans le silence de notre âme, jusqu’au jour de la moisson. Voilà pourquoi « nous gardons toujours confiance ».

Père Pierre-Hervé GROSJEAN+

Edito du 17 juin 2018

Cette simple question devrait nous faire sursauter. Nous avons tous appris que la Miséricorde de Dieu pouvait tout pardonner. Existerait-il pourtant un péché plus grand que cette Miséricorde ? Jésus semble l’affirmer quand il prévient les pharisiens : « Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Comment le comprendre ? Les scribes viennent d’assister à un miracle qui atteste de la divinité de Jésus. Mais au lieu de s’émerveiller, ils persistent dans leur projet de « coincer » Jésus. Ils en viennent alors en toute conscience à l’accuser d’être possédé, c’est-à-dire à attribuer au démon l’action de Dieu. Ils refusent en toute conscience, en toute connaissance, en toute liberté, que Dieu puisse agir. Ils refusent le bien, et vont jusqu’à le désigner comme le mal. Ils interdisent du coup eux-mêmes au Seigneur de pouvoir agir dans leur vie, de pouvoir même les pardonner. Ils n’y verraient à nouveau qu’une intention maléfique. La Miséricorde divine n’a qu’une limite : notre liberté. Le pardon ne s’impose pas.
Le pardon se propose. Et Dieu le proposera toujours. Mais si je lui nie cette possibilité de me pardonner, alors je deviens « impardonnable » : Dieu ne peut me forcer. Bien souvent, il est vrai que cette liberté est comme diminuée soit par l’ignorance, soit par la souffrance, soit par nos blessures. Dieu seul saura juger… Mais que cet avertissement de Jésus soit pris au sérieux, comme Dieu prend au sérieux notre liberté. La seule limite à l’action de Dieu dans nos vies, c’est notre consentement auquel humblement Il se plie. Notre « oui » est d’autant plus précieux à renouveler chaque jour, au-delà de nos pauvretés. Dieu a besoin de ce « oui » !

Père Pierre-Hervé GROSJEAN+

Edito du 10 juin 2018