Les éditos du Curé

Il y a des « moyens » départs, comme celui d’un curé : dernière messe, dernier édito… l’émotion est grande, je ne vous le cache pas. J’ai été si heureux avec vous ! Je pense aussi à ceux d’entre nous qui déménagent, après parfois de longues années vécues dans la paroisse. Ce n’est pas facile de consentir à quitter, à laisser la place, à repartir ailleurs. Mais Dieu nous fait grandir à travers ces heures. Il nous rappelle que nous sommes de passage, serviteurs et non propriétaires. Nos attachements terrestres ne peuvent être un obstacle à la mission : Dieu premier servi ! Ainsi « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme »… Tout comme la jeune fille qui rentre au monastère, ou le garçon au séminaire : il leur faut consentir à partir pour accomplir leur vocation.

Il y a des « petits » départs : le jeune qui part en camp scout, la famille qui part en vacances, le couple qui part en amoureux pour un WE sans enfants, le chrétien qui part faire une courte retraite, l’étudiant qui part en stage à l’étranger pour quelques mois, ou celle qui part servir les pauvres pendant un an, au loin…  Départs qui sont toujours une occasion de grandir, de prendre le large, de la hauteur, du temps. Pour mieux revenir ! Faire retraite… pour se donner à nouveau.

Tout cela nous prépare au « grand » départ, quand nous quitterons cette vie pour aller à la rencontre du Seigneur. Il nous faudra avoir le cœur libre et les mains ouvertes.  Il nous faudra avoir l’âme prête pour la rencontre. Apprendre à partir, c’est apprendre en quelque sorte à vivre et se préparer à mourir… pour vivre avec Lui. C’est se souvenir de notre état de pèlerin ici-bas. C’est se rappeler qu’aucun attachement terrestre, si légitime soit-il, ne doit nous empêcher d’avancer au large, de marcher vers les hauteurs, d’accomplir notre vocation. Bien sûr, ce sera toujours une joie de vous recroiser dans les Yvelines. Mais l’essentiel est qu’au Ciel, nous puissions nous retrouver ! C’est ma prière de prêtre et de curé : que nul ne se perde !  Chacun est attendu ! Chacun est aimé infiniment !

En rendant grâce une dernière fois pour cette belle paroisse de St Cyr l’École et pour chacun de vous, en vous redisant ma joie de vous avoir servis comme curé pendant ces 7 années, je me confie à votre prière et vous garde précieusement dans la mienne.

A toujours !

Abbé Pierre-Hervé Grosjean +

Saint Paul écrit ainsi aux Galates : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. »
Il nous aide à découvrir le vrai sens de notre liberté. Celle-ci ne consiste pas à faire « tout ce qu’on veut », en étant finalement esclave de nos désirs, de nos envies, ou de nos manques d’envie. La vraie liberté est un don de Dieu, pour nous rendre capables de choisir librement de nous donner, de dire « oui ». Celui qui donne sa confiance au Seigneur, et choisit librement de le suivre devient libre ! Celui qui choisit librement d’aimer pour toujours devient libre en s’attachant à sa femme, à son mari… Étonnant paradoxe mais vérité bienheureuse ! Celui qui se met au service de ses frères se libère de son égoïsme, et trouve sa joie à se donner. Les 9 prêtres qui vont être ordonnés ce dimanche pour notre diocèse posent un acte de liberté magnifique, en offrant librement leur vie « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». La liberté est faite pour dire « oui » au vrai bien, au bonheur véritable pour lequel nous sommes faits et que le Christ est venu nous proposer. Il va même jusqu’à nous rendre libres réellement, en restaurant notre liberté souvent blessée ou fragilisée, pour nous aider à choisir le vrai, le beau, le bien. La liberté grandit quand elle est mise au service de l’amour vrai !
Abbé GROSJEAN, curé +

C’est la mission que donne Jésus à ses apôtres, en considérant la foule venue l’écouter, et la faim qui commence à se faire sentir. Jésus sait bien que lui seul peut réaliser le miracle… mais s’il peut tout faire, il ne veut en même temps rien faire sans nous, sans notre coopération. C’est à partir du peu que pourront lui apporter les apôtres, qu’il va réaliser ce miracle qui annonce un autre pain, une autre nourriture : la Sainte Eucharistie que nous célébrons ce dimanche.
C’est aussi ce que j’ai essayé de faire pendant ces sept années passées à vous servir comme curé ici à Saint Cyr l’Ecole. Mettre ce que je suis, avec mes talents et mes limites, avec mes grands désirs et ma pauvreté, entre les mains du Seigneur, pour qu’Il puisse vous nourrir. J’ai voulu de tout mon cœur faire de mon mieux pour vous donner Dieu, sa présence et son pardon. Joie immense pour moi, prêtre, de voir que Dieu s’est donné par l’intermédiaire de mon ministère, joie de servir cette rencontre entre chacun de vous et Dieu lui-même. Tristesse de voir que j’ai pu être parfois un obstacle à cette rencontre. Merci, pardon… s’il vous plaît ! S’il vous plaît, restez cette belle communauté que vous êtes, qui aime ses prêtres et les rend heureux ! S’il vous plaît, priez pour moi et ma nouvelle mission. Que je sois fidèle à l’appel du Seigneur, et grandisse encore en générosité pour le servir. S’il vous plaît, soyez toujours plus missionnaires : que Jésus soit connu et aimé, pour que tous soient sauvés ! Et surtout, s’il vous plaît, n’oubliez jamais que vous avez chacun un prix immense aux yeux de Dieu, tels que vous êtes. Qu’il a donné sa vie pour chacun de nous. Pour que dans notre vie, ni le mal, ni notre péché ni la mort n’aient le dernier mot… Que rien ne nous décourage ! Que notre joie demeure…

Abbé Grosjean – qui aura été avec vous et pour vous un curé heureux !

… puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » C’est ainsi que Saint Paul encourage les premiers chrétiens de Rome dans son épître. Il écrit à des chrétiens courageux : se convertir au christianisme à cette époque, cela veut dire risquer sa vie. Ils ont besoin d’une espérance qui les tienne. Une espérance qui ne déçoit pas… C’est l’espérance chrétienne. Elle est fondée sur l’amour de Dieu qui nous a été donné. Nous sommes chacun assuré d’être aimé personnellement par Dieu lui-même. Nous sommes certains qu’Il prend soin de nous. Nous savons qu’Il tient ses promesses. Promesse d’une vie non pas facile ou épargnée, mais d’une vie fructueuse, sur laquelle ni le péché ni la mort n’auront le dessus. Promesse de vie éternelle, déjà commencée. Cet amour de Dieu, cette amitié divine est notre plus grand trésor. Il nous faut en prendre soin ! C’est cette amitié qui nous ouvrira les portes du Ciel. Demandons à l’Esprit Saint de la raviver sans cesse, de la renouveler, de la rendre toujours plus jeune, plus ardente… et de nous en faire souvenir ! Rien de plus triste qu’un chrétien qui a oublié le don de Dieu. Rien de plus beau qu’un pauvre – comme chacun de nous – qui malgré ses limites et ses faiblesses, garde précieusement comme son plus grand trésor cette amitié de Dieu, la cultive de son mieux et s’en réjouit chaque jour !

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 16 juin 2019

En cette fête de la Pentecôte, nous est donnée à chacun la grâce de renouveler notre confirmation, cet accueil de l’Esprit Saint dans notre vie. C’est la puissance de Dieu qui vient réaliser en nous cette œuvre de sainteté, qui est bien le projet de Dieu pour chacun de nous. Tel l’artisan qui travaille la matière brute pour en faire un chef d’œuvre, l’Esprit Saint vient œuvrer en nous dans le silence, pour faire de nous les saints et les témoins que le monde attend et que Dieu veut. Pour évoquer cette action de l’Esprit Saint, et nous éclairer sur ce que nous pouvons lui demander, rien de mieux que de reprendre la Séquence de Pentecôte :

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière
Ô lumière bienheureuse,

viens remplir jusqu’à l’intime

le cœur de tous tes fidèles.

À tous ceux qui ont la foi

et qui en toi se confient

donne tes sept dons sacrés.

Viens en nous, père des pauvres,

viens, dispensateur des dons,

viens, lumière de nos cœurs.

Sans ta puissance divine,

il n’est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti.

Donne mérite et vertu,

donne le salut final,

donne la joie éternelle. Amen

Consolateur souverain,

hôte très doux de nos âmes,

adoucissante fraîcheur.

Lave ce qui est souillé,

baigne ce qui est aride,

guéris ce qui est blessé.

 
Dans le labeur, le repos ;

dans la fièvre, la fraîcheur ;

dans les pleurs, le réconfort.

 

Assouplis ce qui est raide,

réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé.

 

 

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 9 juin 2019

 

Alors que les apôtres sont effrayés par ce qui se profile, Jésus leur fait cette promesse au soir du Jeudi Saint.  C’est une promesse que nous retrouvons comme en écho dans la liturgie, et à plusieurs reprises dans l’Écriture.

La paix dont parle Jésus n’est pas la promesse d’une vie tranquille, sans conflit ni difficulté. Ce n’est pas non plus une paix artificielle, reposant sur un consensus mou qui ne respecterait pas la vérité. Ce n’est pas enfin la paix du plus fort, qui impose le silence au plus faible. « Ce n’est pas à la manière du monde » que Jésus nous donne la paix. Cette paix, elle est d’abord le fruit de la réconciliation de l’homme avec Dieu : « Vous qui étiez devenus des ennemis (de Dieu), Il vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort» écrit Saint Paul, avant de préciser : « Il a fait la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres.» (Col 1, 20). Cette paix intérieure est un don de Dieu qui vient de sa présence à nos côtés, dans les joies comme dans les peines : « Je m’en vais, mais je reviens vers vous ». Nous trouverons la paix auprès de Lui, au Ciel mais dès maintenant dans la prière, en accueillant sa présence dans les sacrements, par lesquels Il nous promet de venir « faire sa demeure » en nous. Cette paix de Dieu consiste enfin comme l’enseigne St Augustin dans la « tranquillité de l’ordre ». Quand notre vie est ordonnée, quand Dieu y garde la première place… Mais c’est vrai aussi pour notre monde : la paix sera « le fruit d’un ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur, et qui doit être mené à la réalisation par des hommes aspirant sans cesse à une justice plus parfaite » (Vatican II). La paix durable et véritable sera ainsi le fruit d’une coopération entre Dieu et l’homme. Bienheureux les artisans de cette paix !

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 26 mai 2019

« Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » Jn 13

C’est le grand commandement que Jésus nous laisse au soir du Jeudi Saint. Tout est bien sûr dans ce mot « comme ». Les chrétiens n’ont pas le monopole de l’amour. Mais ils sont appelés – eux – à aimer comme Jésus aime. Pas seulement aimer. Aimer comme Jésus. A la façon de Jésus. Aimer aussi parce que Jésus nous a aimés. Nous n’aurons jamais terminé d’apprendre à aimer ainsi. Nos propres forces ou notre bonne volonté ne suffiront pas pour y parvenir. Ce sera l’œuvre de Jésus en nous. La charité est une vertu théologale : un don de Dieu, qu’il faut demander dans la prière et exercer pour qu’il fructifie.

Ce qui est intéressant, c’est que Jésus en fait le « marqueur » pour authentifier notre appartenance à la famille de ses disciples, et le fondement du rayonnement missionnaire de toute communauté. Il y a là quelque chose de très profond à méditer : notre crédibilité vis-à-vis du monde se jouera d’abord sur notre capacité à aimer notre prochain. Cette charité authentiquement chrétienne – qui ne cache pas cette dimension chrétienne – reste sans doute ce qui peut toucher les cœurs et les intelligences de nos contemporains. Elle les rend disponibles à l’annonce explicite du message chrétien. Que cette certitude s’inscrive dans nos esprits, et nous accompagne dans toutes nos rencontres. Qu’elle puisse aussi éclairer notre vie en paroisse ! L’enjeu est immense…

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 19 mai 2019

La liturgie de ce dimanche nous fait contempler Jésus à travers la figure du Bon Berger. Ce même dimanche, l’Église nous invite à prier tout spécialement pour les vocations sacerdotales. L’évangile peut éclairer notre prière et notre compréhension de ce qu’est le prêtre. Il n’est pas le Bon Pasteur. Le Bon Pasteur, c’est Jésus. Le prêtre n’est pas un « sauveur », seul Jésus sauve. Le prêtre est un disciple du Bon Pasteur. Il se met à l’école de Jésus pour prendre soin de ceux qui lui sont confiés par Jésus. Il n’est en rien propriétaire de son troupeau. Il en est le berger, c’est-à-dire le serviteur. Il n’amène pas à lui-même, mais au Christ. Il n’est pas là pour rassembler autour de lui, mais pour entraîner avec lui vers le Christ. Il n’est pas au service d’une opinion ou d’une idéologie, mais de ce don de la vie éternelle. Selon ses propres mots cités par l’évangile, Jésus veut en effet donner la vie éternelle à ses brebis, et chaque prêtre se met au service de ce désir de Jésus. Le prêtre offre sa vie pour que ce « don de Dieu » soit offert à tous et accueilli par tous. Il se met au service du « oui » de chacun, de l’accomplissement de la vocation de chacun. C’est là la joie du prêtre, c’est là le sens profond de son « oui » à lui.

Prions pour les jeunes que Jésus appelle dans notre paroisse, pour leur discernement, et pour ceux qui se préparent à s’engager à la suite du Christ. Qu’ils se sentent portés par la prière de toute la communauté, pour avancer avec confiance et humilité vers le don total de leur vie !

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 12 mai 2019

C’est le cri du cœur de tous les français, bouleversés par les images de Notre-Dame de Paris défigurée par l’incendie du lundi saint. Il faut rebâtir Notre-Dame de Paris, car nous en avons besoin. Paris mais aussi notre pays ont besoin de ce lieu de paix et de prière, de ce refuge aux heures douloureuses de notre histoire, de ce témoignage de la foi de nos anciens et des générations d’aujourd’hui qui continueront de s’y recueillir et d’y célébrer le Seigneur.

Rebâtir, c’est aussi le souhait du Pape François, en désirant offrir au monde une Église qui soit une famille accueillante pour tous, crédible et sûre, renouvelée profondément dans sa vocation. Nous sommes les pierres vivantes de cette Église, et son rayonnement dépend de la fidélité de chacun à la foi de son baptême.

Rebâtir, c’est aussi l’œuvre de Jésus à travers sa mort et sa résurrection. Il vient restaurer en nous la beauté et la sainteté que Dieu souhaitait pour chacun. Il vient reconstruire le lien entre l’homme et Dieu, lien d’amitié brisé par le péché. Il vient guérir les blessures, remettre l’homme debout. Il nous relève et nous rend capables de notre vocation. Ce que le péché avait détruit en nous, Jésus le reconstruit. Le mal n’a pas le dernier mot. Il ne l’aura jamais. Il peut abîmer, blesser, faire tomber, tourmenter… mais rien ne pourra lasser Jésus de reconstruire en nous cette sainteté reçue à notre baptême. Voilà la joie de Pâques. C’est la joie d’une reconstruction !

A tous, je souhaite de belles et saintes fêtes de Pâques, dans la joie du Christ ressuscité !

Abbé GROSJEAN, curé +

Edito du 21 avril 2019

C’est par ces mots que Jésus entraîne ses apôtres dans la dernière ligne droite de sa vie publique, les derniers jours de sa mission. Il aurait pu s’y soustraire, il aurait pu éviter cette issue… mais « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Aussi est-Il résolu à nous aimer jusqu’au bout.

Comme chaque année, l’Église nous donne de revivre ces évènements qui ont bouleversé l’histoire du monde. Ces heures douloureuses et magnifiques à la fois, qui ont vu Dieu s’abaisser jusqu’à mourir sur une croix pour que nous ayons la vie. On a vu Jésus aimer jusqu’à donner sa vie, pardonner jusqu’à prier pour ses tortionnaires, tout donner jusqu’à se donner Lui-même. Ces heures de la Passion nous révèlent mieux que toutes les homélies à quel point nous avons été aimés. Nous comprenons la réalité du combat spirituel, l’enjeu du salut de nos âmes, la gravité de nos péchés en redécouvrant ce que Jésus a dû vivre pour nous sauver. Cette semaine sainte, qui nous fait cheminer des larmes du calvaire à la joie du matin de Pâques, en passant par l’émotion du lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie, ancre en nous la certitude que le mal est vaincu, et que l’Amour est vainqueur.

Vivons ces célébrations de tout cœur, comme un ultime pèlerinage vers la joie de Pâques. Osons encourager et inviter nos amis à y participer avec nous. Ils ne seront pas indifférents à la beauté saisissante des rites et au récit des dernières heures du Christ. Entrons dans cette grande semaine sainte avec ferveur et générosité, montons avec Lui à Jérusalem…

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 14 avril 2019