Un péché impardonnable ?
Cette simple question devrait nous faire sursauter. Nous avons tous appris que la Miséricorde de Dieu pouvait tout pardonner. Existerait-il pourtant un péché plus grand que cette Miséricorde ? Jésus semble l’affirmer quand il prévient les pharisiens : « Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Comment le comprendre ? Les scribes viennent d’assister à un miracle qui atteste de la divinité de Jésus. Mais au lieu de s’émerveiller, ils persistent dans leur projet de « coincer » Jésus. Ils en viennent alors en toute conscience à l’accuser d’être possédé, c’est-à-dire à attribuer au démon l’action de Dieu. Ils refusent en toute conscience, en toute connaissance, en toute liberté, que Dieu puisse agir. Ils refusent le bien, et vont jusqu’à le désigner comme le mal. Ils interdisent du coup eux-mêmes au Seigneur de pouvoir agir dans leur vie, de pouvoir même les pardonner. Ils n’y verraient à nouveau qu’une intention maléfique. La Miséricorde divine n’a qu’une limite : notre liberté. Le pardon ne s’impose pas.
Le pardon se propose. Et Dieu le proposera toujours. Mais si je lui nie cette possibilité de me pardonner, alors je deviens « impardonnable » : Dieu ne peut me forcer. Bien souvent, il est vrai que cette liberté est comme diminuée soit par l’ignorance, soit par la souffrance, soit par nos blessures. Dieu seul saura juger… Mais que cet avertissement de Jésus soit pris au sérieux, comme Dieu prend au sérieux notre liberté. La seule limite à l’action de Dieu dans nos vies, c’est notre consentement auquel humblement Il se plie. Notre « oui » est d’autant plus précieux à renouveler chaque jour, au-delà de nos pauvretés. Dieu a besoin de ce « oui » !
Père Pierre-Hervé GROSJEAN+
Edito du 10 juin 2018