« Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé… »
VIème siècle avant Jésus-Christ… le prophète Zacharie annonce un messie crucifié. Ce Messie parle déjà par la bouche de son prophète. Il avertit : ce peuple auquel il sera envoyé, ce peuple qu’il vient sauver et pardonner, ce peuple va le crucifier. Mais le Seigneur annonce en même temps : ceux-là mêmes un jour se repentiront, se lamenteront et feront pénitence. Ils se tourneront vers leur Sauveur.
Ces quelques mots éclairent ce que nous vivons.
Cela éclaire notre propre vie spirituelle. Nous regardons avec confiance, nous pouvons continuer à regarder Celui que nous avons crucifié par nos péchés. Nous le regardons d’autant plus, nous fixons son visage, parce que nous l’avons crucifié. Notre misère attire sa miséricorde. Ce regard de confiance, d’espérance malgré tout, a sauvé le bon larron.
Cela éclaire aussi la prière pour nos ennemis, bien moins naturelle que celle pour leurs victimes. Ces derniers jours de violence nous font toujours plus approfondir le mystère du mal. Que pouvons-nous espérer ? Que les violents finissent un jour par regarder Celui qu’ils crucifient à travers leurs victimes. « Saül, Saül… pourquoi me persécutes-tu ? »… Saül le persécuteur s’est un jour converti en voyant Jésus. Je pense à un autre exemple, celui de Kapler, le chef de la gestapo à Rome jusqu’en 44. Il a envoyé des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes en camps… En prison, il demandera le baptême, accompagné par le prêtre qu’il avait essayé pourtant de faire assassiner. Demain, ces barbares sanguinaires – au moins certains d’entre eux – pourraient eux aussi lever les yeux vers la Croix et croiser Son regard. Ce regard qui a fait basculer le bon Larron, Saül, Kapler et tant d’autres… Nous les combattrons ces barbares, mais nous prierons aussi pour eux.
Père Pierre-Hervé Grosjean +
Edito du 19 juin 2016