Le jeune homme riche et le trou d’aiguille.

« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » Une fois de plus, Jésus ne fait pas dans la nuance. Les disciples sont « de plus en plus déconcertés » et finissent par penser que ce que le Maître propose semble être un chemin inaccessible.

Jésus vient de voir un jeune homme riche refuser de répondre à l’appel « parce qu’il avait de grands biens ». Il proposait à ce jeune pourtant désireux d’une vie sainte d’être un apôtre de plus. Il aurait été un deuxième saint Jean ! Et ce jeune est passé à côté, il n’a pas saisi la main tendue ni la proposition magnifique d’entrer dans le royaume de Dieu en participant à sa venue, simplement parce qu’il a été incapable de tout lâcher. Son cœur n’était pas libre. Le problème n’est pas ce qu’on possède ni même le fait même de posséder quelque chose. La question est celle de notre liberté intérieure vis-à-vis de ce qu’on possède. Evidement, plus on est riche (quel que soit le type de richesses : matérielles, intellectuelles, relationnelles, culturelles, etc…) plus on peut avoir du mal à cultiver cette liberté intérieure. On y tient « plus que tout ». Alors qu’un seul peut réclamer le tout de notre cœur : Dieu.

Cette liberté intérieure qui nous rend capable de suivre les appels du Christ dans notre vie n’est pas d’abord le fruit de notre ascèse. Ce n’est pas à coup de « régime forcé » qu’on passera la porte. C’est avant tout un don de Dieu à recevoir, en le laissant nous libérer de nos peurs. Si nous sommes agrippés à nos sécurités humaines, c’est bien parce que nous avons peur de beaucoup de choses : peur de manquer, peur de l’échec, peur de l’avenir, peur de ne pas être à la hauteur, peur de Dieu même, et de ce qu’Il pourrait nous demander. Si le jeune homme avait regardé Jésus plus longuement, s’il avait pris le temps de vivre à ses côtés, nul doute que ses craintes se seraient apaisées. Il aurait compris la joie et la mission à laquelle il était appelé. Il aurait découvert à quel point il était aimé. Il aurait compris que Dieu seul suffit. Et que ce Dieu avait confiance en lui…

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 14 octobre 2018