Eloge de la fidélité
Nous aimerions – moi le premier – pouvoir nous présenter devant le Seigneur riche de nos mérites, de nos bonnes actions, de nos élans mystiques ou encore de notre ferveur magnifique… Nous aimerions bien au fond que le Seigneur ne puisse s’empêcher de laisser échapper un petit sifflement d’admiration devant la vie qui aura été la nôtre !
Et puis notre faiblesse se rappelle à nous. Nos péchés si ordinaires et si médiocres. Notre difficulté à prier. Nos résolutions sans cesse lâchées. Notre réticence à aimer vraiment, à tout donner, à faire confiance, à pardonner. Nos blessures qui ralentissent notre marche…
On peut alors se laisser décourager. Comme elle est grande cette tentation du découragement ! Y compris et surtout chez celles et ceux qui voudraient justement viser les sommets, qui cultivent à raison un grand désir de sainteté. On souffre d’autant plus de ne pas y arriver d’un coup, tout de suite, pour toujours. On se plaint. On se révolte. On se résigne.
Les textes viennent nous éclairer sur ce qui compte aux yeux de Dieu : « le juste vivra par sa fidélité » dit le Seigneur au prophète Habacuc. Saint Paul encourage lui aussi Timothée à la fidélité : « ravive en toi le Don de Dieu que tu as reçu », « tiens-toi au modèle donné par les paroles solides, que tu m’as entendu prononcer », « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté ». En résumé, au-delà des hauts et des bas, sois fidèle à croire, à aimer et à servir.
Voilà ce que nous aurons à offrir au soir de notre vie, voilà ce qui fait déjà la joie de Dieu : notre fidélité. Non que ne tombions jamais. Mais notre fidélité à croire en Dieu, malgré et au-delà des tempêtes. Notre fidélité à nous relever, pour nous remettre à Le servir. Cette fidélité du « simple serviteur » que Jésus évoque. Une fidélité qui ne brille pas, mais qui ne ment pas non plus : jusqu’au bout, nous aurons accompli notre devoir, avec amour et par amour.
Père Pierre-Hervé Grosjean +
Edito du 02 octobre 2016