Edito du 8 février 2015
Face à la maladie
C’est si difficile de parler de la maladie, quand on n’est pas malade. Justement parce qu’on a peur d’avoir un discours « trop facile ». On sent bien qu’on risque d’être maladroit à chaque mot. On ne se sent pas légitime.
L’évangile de ce dimanche, la prière pour les malades d’aujourd’hui, le cri de détresse de Job … on ne peut pas fuir tout cela. Jésus guérit des malades. Il n’a pas guéri tous les malades. Il n’a pas supprimé la maladie. Le mystère reste là. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Depuis la nuit des temps, ce cri résonne face au mystère du mal de l’innocent. Jésus n’a pas répondu. Car il ne peut y avoir de réponse supportable. Cela voudrait dire qu’il y a une logique. Jésus a guéri certains malades, toujours pour mieux faire apparaître qu’un autre mal, plus caché, ronge le cœur de l’homme : le péché. Il doit nous inquiéter, plus que ce qui ne touche que le corps. Pour le reste, Jésus garde le silence. Et monte sur la Croix. Là, il prend toutes nos maladies sur lui. Il assume tout. Pour qu’elles n’aient pas le dernier mot. Pour que le Seigneur puisse tirer de nos épreuves une certaine fécondité. Pour que notre espérance soit plus forte. A sa suite, nous passons alors du « Pourquoi » qui rend fou, au « Comment » qui fait avancer. Jésus est là pour nous aider à traverser ce que nous avons à vivre, en continuant d’aimer, d’espérer, de croire. C’est d’abord cela notre prière pour nos frères et sœurs malades : qu’aucune de leurs épreuves ne soit stérile… c’est au fond la seule consolation véritable : la fécondité de notre vie, même quand elle est éprouvée.
Père Pierre-Hervé Grosjean +