Edito du 30 mars 2014
Qui sont les aveugles ?
Dans l’évangile de ce dimanche, les véritables aveugles ne sont pas ceux auxquels on pense spontanément. Les pharisiens d’ailleurs ne s’y trompent pas et finissent par demander eux-mêmes à Jésus : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Ils sont en effet victimes (consentantes) d’une triple cécité. L’aveuglement de l’intelligence : ils sont prisonniers de leur erreur, de leur vision faussée d’un Dieu qui punirait le pécheur en le rendant aveugle. Trop sûrs de leur raisonnement, ils vont se tromper lourdement. L’aveuglement du cœur : face à cette guérison de l’aveugle de naissance, ils sont incapables de se réjouir du bien qui est fait, du bonheur de cet homme guéri, qui devient suspect à leurs yeux. Seul compte pour eux de ne pas se voir remis en cause dans leur autorité. L’aveuglement de l’âme : prisonniers d’une conception juridique et rigide de la religion, ils n’aiment pas et n’accueillent pas l’action de la grâce. Paradoxe étonnant : les gardiens de la promesse vont passer à côté de la réalisation de cette promesse !
Sommes-nous indemnes de ces aveuglements ? Sans doute pas complètement. Mais si Jésus a pu guérir l’aveugle-né, Il saura aussi nous guérir de notre cécité spirituelle. Que ce carême soit pour nous un temps de guérison, pour passer des ténèbres à la lumière.
Père Pierre-Hervé Grosjean +