Si quelqu’un veut marcher à ma suite…
On assiste dans l’évangile de ce dimanche à une violente altercation entre Pierre et Jésus. C’est un événement à la fois assez rare et impressionnant. Qu’est-ce qui suscite ainsi la colère de Jésus et ses mots très durs ? Jésus vient d’annoncer sa Passion. Pierre, qui vient pourtant d’affirmer le premier qu’il était le Christ, se permet de lui faire de vifs reproches : comment imaginer que le Messie se laisse crucifier ? Comment imaginer que cette aventure extraordinaire qui dure depuis trois ans se termine dans un tel abaissement ? Comment supporter l’idée même de la croix ? C’est là une réaction très humaine, qui pourrait être la nôtre. Combien de fois sommes-nous tentés d’imaginer ou de rêver un christianisme sans la croix ? Un christianisme plus facile, qui ne nous demanderait pas de tout donner, de nous donner à ce point ? Une foi sans renoncements ni sacrifices, une foi chrétienne qui ne nous mettrait pas à contre-courant du monde ? Nous sommes tentés de gommer la croix de notre vie, ou de reprocher au Seigneur sa présence dans notre vie. Pierre, chargé d’affermir ses frères dans la foi, ne peut pas succomber à cette tentation. Jésus le reprend durement, et prévient chacun : pour être sauvé, pour Lui permettre d’être victorieux du péché en nous, il faut Le suivre et prendre son chemin. Or le chemin qui débouche sur Pâques, passe nécessairement par le calvaire, le don de sa vie, l’offrande de soi… Il n’est possible qu’avec Jésus. Ce chemin est rude, escarpé mais beau et fécond.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 16 septembre 2018