Un carême tranquille ?
Reconnaissons que nous aimons parfois rêver d’une vie qui serait « tranquille ». On aimerait vivre un bonheur qui se traduise surtout par l’absence de combats, d’épreuves, de difficultés. Une sorte d’équilibre de vie… sans bourrasque ni tempête intérieure. Ce qui est assez vicieux, c’est que cela nous fait certes éviter les excès ou les péchés les plus graves ou les plus visibles en tout cas (ce ne sont pas forcément les mêmes !), mais ça risque aussi de nous faire repousser les résolutions les plus fermes, les plus généreuses, les plus audacieuses. En fait, on peut même hésiter tout simplement sur la nécessité de vivre une réelle conversion. Pourquoi ? Parce qu’on sait que cela justement nous apportera des combats. Celui qui désire le sommet sait que ça veut dire emprunter le chemin qui monte.
On peut du coup ne plus désirer le sommet, ou se contenter d’un entre-deux, en se justifiant assez facilement. Ce n’est déjà pas si mal !
Je sais que notre conversion ne se fait pas dans le fracas ni l’immédiateté. Je sais que nous avons besoin de temps. Mais je sais aussi que nous avons de temps en temps à « marquer le coup ». Il nous faut prendre résolument – comme Jésus – la route du désert, sans trembler devant les combats qui nous y attendent. Il nous faut aller affronter « nos démons », nos tentations, nos renoncements… pour les regarder en face, et appuyés sur la grâce de Dieu, parvenir à les vaincre. Je ne nous souhaite pas un carême « tranquille ». Je nous souhaite un carême « généreux ».
Courage ! N’aimons pas à moitié…
Père Pierre-Hervé Grosjean +
Edito du 14 février 2016