Fraternité et liturgie
Ces deux mots sont liés de manière inexorable puisque la messe est le lieu dans lequel la fraternité s’éprouve le plus. La messe constitue le Corps du Christ. Chaque messe est donc le renouvellement confiant et joyeux de cette fraternité ! C’est extraordinaire de voir que l’Esprit Saint nous a tous rassemblés dans une commune adoration et louange du Père, nous qui sommes incorporés dans le Fils. Pourtant il faut le reconnaître, la fraternité ne sort pas toujours grandie de la messe dans les faits ! Je ne parle même pas des questions très prosaïques de ce que je pense de mon voisin ou autre ! La liturgie est devenue parfois (ou alors l’est encore !) question d’opposition. Tel chant me plaît et me comble, telle attitude au contraire est trop connotée et m’agace ! Voilà que je ressors des querelles qu’on aimerait bien ne plus voir. Pire encore, le besoin d’identification se fait ressentir de manière très forte. Est-ce que je me reconnais dans cette célébration de la messe ? Est-ce que j’y retrouve ma manière de prier ? La liturgie devient alors lieu de confirmation de ma propre attitude ! J’ai raison de prier ainsi et la liturgie doit me le confirmer. Arrivé à ce niveau de lecture, faisons une petite pause ! Je ne vise personne en particulier dans la paroisse !!
C’est tout le contraire qui devrait s’opérer : la liturgie n’est pas le lieu de la confirmation, elle est le lieu de l’édification. Elle me décale et me transporte, elle me constitue Corps du Christ. Et elle me déplace ! La liturgie m’enseigne, elle m’apprend. Puissions-nous retrouver, à l’occasion de la Fête-Dieu, ce décalage salvateur ! Dieu vient m’enseigner comment le prier et comment le connaître ! La liturgie, qui a des normes, vient me faire entrer dans le mystère de la vie divine. Ayons confiance dans l’œuvre que Dieu vient accomplir à travers nos pauvres gestes et chants, nos cœurs troublés pourtant joyeusement offerts. Dieu est à l’œuvre et il fait de nous son peuple.
Père Antoine